Après la confirmation de sa victoire au premier tour de la présidentielle du 18 octobre, Alpha Condé a laissé transparaître dans ses discours à l’allure triomphaliste, que ceux qui se sont saignés pour faire passer les projets de changement de la constitution et de troisième mandat seraient les mieux servis à l’heure de la redistribution. Cela sonnait comme une mise en garde à l’endroit de ceux qui ont fait preuve de retenue et de peu d’implication, sinon de moindre engagement dans le combat pour le maintien au pouvoir d’Alpha Condé.
Mouctar Diallo était très loin de cette caricature. Il s’est saigné en prenant d’énormes risques au prix de sa vie. Son engagement politique en faveur du Président de la République était insoupçonné, au point d’être répugné, voué aux gémonies et totalement ostracisé par les siens qui demeuraient, dans leur majorité écrasante, opposés en particulier au projet de réforme constitutionnelle.
Difficile donc, après qu’il ait fait preuve d’un tel don de soi pour sauver un projet qui n’était pas évident à faire passer, difficile, disais-je, de se résoudre à voir Mouctar Diallo subir ce qui lui est ainsi servi. C’est sans doute, conviennent tous, une très mauvaise récompense et un mauvais précédent. Et c’est un mauvais signal à destination de tous les autres collaborateurs du chef de l’État.
Mouctar sera l’agneau de sacrifice pour faire valoir l’autorité du patron de l’Exécutif. Patron qui s’est pourtant refusé à renvoyer des cadres qui méritaient plus amplement de quitter le navire. Tant ils sont condamnés par l’opinion publique.
Mouctar, lui, n’aura donc pas bénéficié du prétexte qui a maintenu ces personnes à leurs postes respectifs. Celui de leur éviter d’être couverts de honte.
Difficile et incompréhensible, donc. Et rien ne peut justifier cette fin brutale de la collaboration avec quelqu’un qui a aura fait valoir de la conviction et du soutien sans faille. Et à coup sûr, cela ne restera pas sans conséquences, quand d’autres collaborateurs du chef qui a encore d’autres défis sur sa route, en auront tiré toutes les leçons qui s’imposent.
Mognouma