En séjour en France, dans le cadre d’une recherche de fonds pour le financement du Plan National de Développement Economique et Social (Pndes), le Président de la République a accordé une interview à des médias internationaux. Interpellé sur la question d’un éventuel troisième mandat, Alpha Condé a lissé entendre que c’est le peuple qui décidera.
Suffisant pour que la classe politique guinéenne s’élève à nouveau contre les velléités d’un mandat supplémentaire pour celui qui est trois ans de la fin de son dernier mandat constitutionnel. Nestor Kagbadouno, Secrétaire Général de l’UGDD, interrogé par notre rédaction, s’est largement prononcé sur cette actualité.
Lisez !
Depuis un certain temps, le Président de la République, M. Alpha CONDE entretient un discours de confusion, de doute, d’incertitude ou encore d’équivoque sur une possible révision de la constitution pour déverrouiller la limitation du nombre de mandats. Sur cette question, l’UGDD a, et continue toujours à adopter une position de principe au sujet de laquelle elle demeure intransigeante.
Cette position concerne autant la légalité que la légitimité d’une éventuelle révision constitutionnelle portant atteinte à l’intangibilité
- De la question de constitutionalité de la révision du nombre du mandat présidentiel
La constitution est la norme juridique suprême d’un Etat. Elle détermine non seulement les principes fondamentaux relatifs à l’organisation politico-sociale et économique de l’Etat mais aussi les règles gouvernant sa modification par les pouvoirs publics (notamment l’exécutif et le pouvoir législatif). De ce fait, toute tentative de révision doit être conforme aux normes qu’elle établit à cet effet.
Pour le cas de la Guinée, si la possibilité de la révision constitutionnelle est posée par la constitution elle-même en son titre XVIII, convient –il de signaler elle n’est tout de même pas sans limites. Les restrictions qui sont posées à la possibilité de la révision de notre constitution sont diverses. Au nombre de ces restrictions figurent : la durée et le nombre du mandat du Président de la République.
C’est autant dire que le nombre et la durée des mandats du Président de la République sont une intangibilité constitutionnelle (art 154). Pour l’UGDD, M. Alpha CONDE, ne doit point ignorer que le peuple a, à travers les dispositions constitutionnelles, déjà décidé du sort qui lui est réservé quant à la durée et le nombre de ses mandats. Il s’agit du verrouillage ! C’est autant dire que tout projet de révision constitutionnelle incluant la durée ou le nombre du mandat présidentiel est inconstitutionnel. Toute violation de la constitution par le Président de la République constitue une violation de son serment.
Donc un parjure. Tout parjure est une haute trahison (art. 119 de la constitution). Tout acte constitutif de haute trahison peut entrainer la destitution du Président de la République. D’où nous interpellons M. Alpha CONDE à abandonner son projet illusoire de révision de la Constitution qu’il continue à entretenir encore dans un discours confus. En prenant ce chemin, il s’aventure sur un terrain dépourvu de base légale susceptible de le conduire à son suicide politique.
- De la question de légitimité
L’élection de M. Alpha CONDE a suscité une lueur d’espoir au niveau de la majeure partie du peuple guinéen. Elle était perçue comme une occasion par laquelle le peuple de Guinée vivrait dans une véritable unité nationale, connaitrait la fin de l’impunité, la gabegie financière, les discriminations ainsi que la politisation de l’administration publique et l’amateurisme des autorités publiques choisies sur la base du copinage politique. Après quelques années de règne, le beau rêve du peuple de Guinée s’est transformé en un grossier et affreux cauchemar.
De nos jours, nous constatons amèrement que l’ethno-stratégie constitue l’arme principale mise en œuvre par M. Alpha CONDE afin de pousser le peuple à occulter les véritables maux que le sapent dans ses entrailles : le chômage, la cherté de la vie, la quasi inexistence des services sociaux, …..
Au regard de tous ces maux dont souffre le peuple de Guinée, on comprend que M. Alpha CONDE ne peut, en aucun cas, compter sur une légitimité quelconque pour demander au peuple de réviser la constitution en sa faveur c’est-à-dire proroger ou le nombre ou la durée de son mandat.
En vérité, il compte essentiellement sur des fraudes électorales pour organiser un référendum de façade afin de voler au peuple de Guinée des valeurs démocratiques qu’il a acquises au prix d’inlassables labeurs. Pour défendre ces valeurs, le peuple de Guinée fera usage de tout ce qui est de son pouvoir pour empêcher les ambitions despotiques de M. Alpha CONDE qui, ayant pris goût pour les privilèges liés à la fonction présidentielle, n’a plus envie de s’en débarrasser.
Donc si M. Alpha CONDE tente de modifier les dispositions constitutionnelles relatives au nombre et à la durée des mandats présidentiels, nous demanderons au peuple de Guinée d’exercer son droit à la résistance à l’oppression. Ainsi, de par la rue, nous ferons partir M. Alpha CONDE.
Entretien réalisé par Thierno Amadou M’Bonet Camara