Après un temps de pause politique, le président du parti Union Démocratique de Guinée (UDG) prend la parole au lendemain de son retour au pays de la Téranga. D’entrée, Mamadou Sylla s’est d’abord prononcé sur le décret relatif à la nomination des chefs de quartiers et de districts. Le leader politique estime qu’on devrait passer par le CNT pour abroger, selon ses termes, la loi électorale. En ce qui concerne les inondations, l’homme d’affaires se dit prêt à apporter sa contribution, comme il l’a toujours fait, aux victimes. Enfin sur la situation au Niger, le leader Sylla fait remarquer qu’il n’est pas étonné du soutien de la junte guinéenne aux putschistes de Niamey et note toute la difficulté d’intervenir militairement dans ce pays pour rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions.
Interview
Mosaiqueguinee.com : Quelle analyse faites-vous du décret du président de la transition relatif à la nomination des chefs de quartiers et districts par les Gouverneurs des régions administratives du pays ?
Mamadou Sylla : Vous savez en Guinée, beaucoup de choses se passent ici, c’est difficile parce qu’on n’a pas là où se plaindre. Moi je pense que c’est la façon de le faire qui a fait beaucoup de bruits. Sinon, il y en a qui étaient contre hier. Il vous souviendra qu’à l’époque, même Sidya a beaucoup fait pour que ça ne soit pas ainsi. Quand tu prends dans ce sens, d’autres qui étaient contre hier, seront contents parce qu’ils ont trouvé que carrément, leurs partis étaient éliminés. Et pis, c’est vrai que c’était une loi, mais ça n’avait jamais été appliquée. L’UFDG a plusieurs fois demandé son application, elle a même porté plainte contre le parti au pouvoir de l’époque auprès de la cour suprême. On devrait passer par le CNT aujourd’hui, pour encore abroger cette loi. C’est le fait de l’abroger par décret qui cause problème. Ça aurait été plus joli et plus cohérent.
Quelle est la position du parti UDG ?
La position de l’UDG ? Vous savez, on est en politique. Il y a un moment donné, on a même été victimes de cette histoire de prorata des voix obtenues par rapport à d’autres. Vous vous rappelé que même les représentants à la CENI à l’époque, j’ai été victime. Il y avait 14 places, la mouvance a pris 7 et les autres partis politiques se sont partagés la part de lion. Je me rappelle que c’est le président Cellou qui m’avait calmé à l’époque. C’est tout ce qui m’a d’ailleurs poussé à aller aux législatives de 2020 quand les autres ont refusé. Quand tu prends comme ça, je dirais qu’en réalité, ce n’est pas mal. Si on ne peut pas partager ce qu’on nous donne, alors qu’on donne la chance à tout le monde de prendre un peu surtout qu’ils ont dit que c’est provisoire.
Des inondations ont causé la mort d’au moins quatre personnes la semaine dernière, quelle est la réaction du président du parti UDG ?
On est dépassé par ces inondations. Nous profitons de cette interview pour présenter les condoléances aux familles qui ont perdu leurs parents et également compatir à leur douleur puisqu’il y a aussi d’autres dégâts matériels. Une contribution en faveur des victimes, il faut que ça aille au bon endroit. L’UDG va bien sûr contribuer, on a d’ailleurs l’habitude de le faire.
Mamadou Sylla, que pensez-vous du soutien de la junte de Conakry aux putschistes de Niamey ?
Au sujet de la positon de la Guinée sur la situation du Niger, je pense que c’est logique que les autorités guinéennes se comportent ainsi parce qu’à partir du moment où vous êtes dans les mêmes situations, le principe voudrait que vous vous soutenez. S’il y a coup d’État en Guinée et que l’autre aussi le fait au Niger, il faut qu’ils se soutiennent. S’ils ne le font pas, je pense qu’il faut rendre le pouvoir. C’est donc logique qu’ils se soutiennent.
Êtes-vous favorable à une intervention militaire de la CEDEAO ?
C’est un peu compliqué d’intervenir militairement. Vous savez, quand il y a une opération militaire telle qu’annoncée, ce sont des innocents qui seront les plus touchés. Sinon, au Niger là-bas, je pensais que le coup d’État était de la blague à cause de la forme et tout. Si le coup d’État est justifié dans certains pays, d’autres ce ne l’est pas. C’est le cas au Niger, le Monsieur n’a même pas fait 2 ans d’abord. Quand on vient le déposer comme ça, c’est compliqué. Je me souviens d’un autre coup d’État au cours duquel on a carrément tué le président. Il y a beaucoup de coups d’États dans ce pays, je ne sais pas si c’est la pauvreté qui fait ça, mais il y en a trop quand même. Ça ne fait pas avancer le pays surtout qu’il y a une présence terroriste. C’est difficile de faire déposer quelqu’un avec qui on est habitué, on monte et on descend ensemble. Il est important qu’on respecte la démocratie, sinon ça ne sert à rien de faire maintenant les votes et au-delà, créer des partis politiques. Si on est plus en mesure de faire son mandat alors qu’on est démocratiquement élu, je pense qu’il faut se reposer. Ça ressemble un peu aux années 80 au cours desquelles il y a eu beaucoup de coup d’État aussi. Il faut qu’on puisse s’entendre et qu’on arrête tout ça, sinon il n’y a aura pas de développement.
Interview réalisée par Mohamed Bangoura