Invité à exposer sur le processus d’élaboration des Constitutions (1958-2020) et les grands choix constitutionnels à l’occasion du symposium sur le constitutionnalisme à l’initiative du CNT, le professeur Salifou Sylla est aussi revenu sur le problème fondamental des Constitutions en République de Guinée.
Selon lui, les changements de régime ou d’autres problèmes politiques que la Guinée a connus n’ont rien à voir avec l’échec des Constitutions.
« Quand vous analysez les choses, ce n’est pas, en réalité, l’échec de la Constitution qui a conduit à ces choses. La réalité est aussi que les Constitutions n’ont jamais été respectées dans notre pays. Ce n’est pas l’échec de l’institution constitutionnelle. Il y a des paramètres dans ce pays, non seulement les partis politiques à un moment donné mais aussi notre conception même de l’Etat. Cette velléité d’accorder le maximum de pouvoir à celui qui est à la tête de ce pays ; une sorte d’allégeance. Et quand vous avez de telles réalités, il n’y a pas de raison que les structures ne suivent pas. Donc je n’impute pas l’échec des régimes en la constitutionnalité, parce que les Constitutions n’ont jamais été véritablement respectées »,a-t-il lancé.
Poursuivant, ce constitutionnaliste a soutenu que pour permettre à la Guinée d’avoir des Constitutions qui s’inscrivent dans le temps, il faut respecter les Constitutions établies et permettre qu’elles s’imposent à tout le monde.
« On va faire une Constitution, c’est sûr ; une Constitution qui va s’inscrire dans la longévité. Je dois dire que toutes les règles juridiques s’établissent en fonction de certaines situations. Et comme les situations sont nécessairement évolutives, nous ne pouvons pas, le temps qu’on fait une loi, dire qu’elle va s’imposer indéfiniment ; tout s’adapte au niveau de la Constitution. Dans la Constitution de mai 2010, nous avions mis des garanties qui devraient faire respect de la Constitution. Il faut que nous apprenions à respecter les lois. Mais si celui qui est là, veut changer et mettre quelque chose d’autre, est-ce que notre garantie va servir à quelque chose ? Non. La meilleure garantie des Constitutions, c’est dans l’esprit de loi. Si nous ne respectons pas les Constitutions, il est évident que, quelle que soit la Constitution, même si elle est écrite en lettre d’or, si vous ne la respecter pas, ça ne sert à rien. C’est le problème fondamental dans notre pays. Quand les règles sont écrites, elles doivent être respectées et par tout le monde »,estime-t-il.
Ce symposium donne l’occasion à plus de 200 participants d’échanger autour des thématiques comme droits et libertés fondamentaux, l’inclusions des personnes marginalisées, l’organisation et équilibre des pouvoirs, organisation administrative et système juridictionnel, système électoral et référendum, etc.
Le colloque prendra fin ce mercredi 22 février, à Conakry.
MohamedNana Bangoura