Dans le cadre de la préservation du patrimoine routier guinéen, Balla Moussa Konaté, chef d’entreprise en BTP, ingénieur en ponts et chaussées, a invité les populations à bien exploiter les routes du pays.
C’était lors d’un entretien qu’il a accordé au quotidien numérique mosaiqueguinee.com, ce vendredi 19 juin 2020.
D’entrée , l’ingénieur Konaté s’est d’abord réjoui de l’attention de plus en plus accordée au patrimoine routier guinéen par les autorités depuis plusieurs années.
« Avant 2013 , l’intensité avec laquelle on critiquait l’état de nos routes à cause de leurs dégradations très prononcées et généralisées a relativement baissé d’année en année. Cependant, on est encore loin de la santé totale de ces routes», a-t-il fait remarquer.
Poursuivant son analyse, il dira : «l’Etat guinéen, partant du principe de continuité, au regard de son passif, se rend compte de plus en plus aujourd’hui de la place très sensible et incontournable du secteur des transports dans le développement de la Guinée à travers le déplacement des hommes et de leurs biens, lequel est quasiment dépendant de nos jours des seules infrastructures routières que possède notre pays. En entendant de faire un pignon dans l’intermodalité, le domaine des routes reste un véritable défi à relever en Guinée. Nous sommes à un moment où, partout d’ailleurs, la réalisation des routes est soumise à plusieurs contraintes qui sont d’ordre financier, social et environnemental. En Guinée, ces derniers temps, beaucoup d’efforts ont été faits dans le cadre du financement des travaux routiers. Tout n’est pas forcément visible dans un premier temps, mais les lignes bougent quand même progressivement vers la sortie de nos routes de leur tourmente. Parmi les grands travaux réalisés ou en cours ces dernières années, on peut citer : la 2×2 voies dépuis Matoto à Conakry jusqu’à la sortie de Coyah vers Mamou; l’aménagement de la route Kissidougou – PK 63 vers Gueckédou; la route Beyla-Nzérékoré; la route en cours Dabola- Kouroussa;; la route en cours Kankan – Mandiana;…… La reconstruction de la nationale n⁰1 Coyah-Dabola en cours de réalisation ces derniers temps est la plus frappante à cause de son historique et de sa place dans le réseau routier guinéen. Mais pour que notre patrimoine routier s’inscrive résolument dans la dynamique du développement et du bien-être de nos populations, irréversiblement et dans la durée, il faudrait de la détermination de plus en plus maintenue de l’État et de nous autres gouvernés. Je résume cette stratégie en 4B+R. C’est à dire: B comme bien concevoir ou bien adapté le projet aux attentes; B comme bien construire avec tout ce que cela implique; B comme bien exploiter nos routes. C’est surtout à se niveau que les usagers ont leur rôle majeur et déterminant pour l’avenir de nos routes, notamment en rompant avec les surcharges dans les gros porteurs et les nombreuses pannes de ceux-ci qui sont fortement remarquables le long de nos routes en rase campagne); B comme bien entretenir nos routes, qui en principe s’appelle prévention contre les dégradations des routes et non une opération de réparation de celles-ci). Enfin R comme repenser non seulement sur les mesures d’optimisation des coûts des travaux et surtout réfléchir sur des possibilités d’intégrer ces routes dans un système d’intermodalité au niveau des infrastructures de transport dans notre pays».
Pour y arriver, l’ingénieur Balla Moussa Konaté, chef d’entreprise ajoutera : «également, il faut sensibiliser nos populations par rapport aux comportements de certains envers nos routes et dans la circulation, qui ne riment pas avec la destination rationnelle de ces routes. Beaucoup d’investissement pourtant évitables sont donc souvent effectués pour freiner des cas d’incivisme au niveau de nos routes. On peut citer à titre d’exemple l’envahissement de la chaussée au niveau de nos grands marchés qui oblige l’État de construire des murets entre ces marchés et la chaussée. L’utilisation de nos caniveaux comme dépotoirs de déchets solides à la place du drainage des eaux pluviales, qui fait appel à beaucoup d’argent pour le curage de ces caniveaux, etc… Personnellement, je souhaite la compréhension et l’engagement de chacun et de tous pour faire de la Guinée un pays prospère, profitable à nous tous » a-t-il conclu..
Saidou Barry