L’état d’urgence sanitaire en lui même ne cause pas de problème chez bon nombre de citoyens de la région de N’zérékoré. Cependant, sa prorogation suscite des interrogations « puisque la question de son efficacitécontre le Coronavirus suscite des interrogations et des langues commencent à se délier».
La décision du chef l’Etat vendredi soir prorogeant de nouveau l’état d’urgence sanitaire est très mal perçu par de nombreux guinéens interrogés quelques heures après l’adresse à la nation du président.
« C‘est toujours la même chose. Il prend des décisions qui ne changent rien. Il va prendre les mêmes décisions jusqu’aux jours des élections pendant que les gens ont faim. L’état d’urgence sanitaire est un moyen d’empêcher les manifestants, c’est tout»a dénonce Alphonse Sylo Doré.
La prorogation de l’état d’urgence sanitaire a pour seul but d’interdire les manifestations anti-troisième mandat, alerte pour sa part Georges Loua, professeur de mathématiques.
« Notre Président est tellement fort en politique qu’on est parvenu à le connaître maintenant. Il ne lèvera pas l’état d’urgence sanitaire tant que les gens attendent son dernier mot. Celui de dire oui ou non je ne serai pas candidat».
Elizé Kamano nourrit les mêmes idées. Pour lui, la Guinée peine à endiguer définitivement la pandémie du Coronavirus pendant que l’extension de l’état d’urgence a un impact négatif sur les activités économiques pour dit-il, des fins politiques.
Boubacar Barry, lui pense que cette prorogation est souvent en contradiction avec le plan de riposte qui ne donne presque pas assez de résultats probants.
« On a un plan économique de riposte contre la maladie qui prend en compte certains facteurs. Mais on a l’impression que ce plan n’a été qu’une mesure de façade parceque ça n’a rien changé dans la vie du Guinéen. S’il faut continuer avec l’état d’urgence pour empêcher les gens de sortir dans la rue à l’approche des élections, ce n’est que peine perdue. Les autorités auraient dû améliorer la gestion de la pandémie depuis les quatre derniers mois»,croit savoir ce jeune.
Certaines mesures de restriction comme le couvre-feu et la fermeture des lieux de culte ne concernent pas N’zérékoré et d’autres villes de l’intérieur du pays. Cependant, les mesures barrières sont loin d’être respectées. Partout a N’zérékoré, les vieilles habitudes ont repris de plus belle car des citoyens ne croient plus en l’existence de la maladie. Pour beaucoup, l’état d’urgence a accentué les travers d’une politisation à outrance de la pandémie.
Alexis Kolié