L’Organisation guinéenne des droits de l’homme et du citoyen (OGDH), a réagi ce mardi 21 mars 2023 sur le récent rapport des États-Unis d’Amérique accablant la Guinée en matière des droits de l’homme.
D’entrée, Alseny Sall, précise d’abord que la promotion et la protection des droits de l’homme est un indicateur de bonne gouvernance dans un Etat démocratique car, dit-il, avant tout, ce sont les Etats qui ont « l’obligation de protéger, promouvoir et réaliser les droits de l’homme. Cela résulte des engagements qu’ils ont souscrits librement dans ce domaine. Ainsi, les rapports des droits humains sont faits dans la logique d’évaluer le niveau du respect de ses engagements », entame Alseny Sall avant de se pencher sur le sujet proprement dit.
« Ce rapport annuel des droits de l’homme des Etats Unis vient corroborer plusieurs préoccupations que nous ne cessons de dénoncer et déplorer depuis un certain temps. Comme vous le savez, la prise du pouvoir le 05 septembre 2021, s’est faite dans un contexte de crispation du climat politique et de confiscation des libertés fondamentales. Ce qui explique l’adhésion d’une marge importante des guinéens au discours du 05 septembre du Colonel Mamadi DOUMBOUYA. Et comme vous le savez ce discours a été suivi de la libération de plus de 300 détenus politiques et des messages d’apaisement à l’endroit des victimes de violations des droits humains. Tout ceci a contribué à améliorer le climat socio-politique. Mais l’absence d’un cadre de dialogue consensuel entre le CNRD et une marge importante des acteurs socio-politiques, a vite ravivé les tensions socio-politiques », assène le responsable communication de l’OGDH tout en accusant les nouvelles autorités de restreindre aujourd’hui l’exercice des libertés publiques
« Aujourd’hui comme vous le savez nous avons des prisonniers d’opinions qui ont fait plusieurs mois de détention sans jugement. Je parle notamment d’Oumar SYLLA, Foniké Mangué, Ibrahima DIALLO ou encore Billo BAH. Il y a également le cas Abdourahmane SANO ou encore Abdoul SACKO et Ismaël DIALLO, très récemment qui sont illustratifs de la logique de faire taire les voix dissonantes. Et tout ça frise l’instrumentalisation de la justice pourtant dénoncée le 05 septembre », fulmine Alseny Sall.
Dans sa dénonciation, le responsable de la communication de l’OGDH, est aussi revenu sur le cas des crimes de sang et les cas de corruption.
« L’absence d’enquête sur les crimes de sang pointés du doigt par le rapport est quelque chose que nous n’avons cessé de rappeler et dénoncer. Nous l’avons dit, l’ouverture du procès dans l’affaire des massacres du stade est une très bonne chose. Mais à côté de ce procès, nous pensons que les autres cas de violations du droit à la vie notamment dont les dossiers sont pendants devant les juridictions guinéennes doivent également connaître un meilleur traitement à notre avis. C’est le seul moyen pour mettre un terme à ce cycle infernal qui malheureusement continue jusque-là ! Concernant la corruption évoquée par ce rapport, nous avons salué la mise en place de la CRIEF pour lutter contre la corruption et la moralisation de la vie publique. Toutefois nous déplorons le retard qui caractérise la plupart des dossiers pendant devant cette juridiction car pour nous, les personnes poursuivies devant cette juridiction bénéficient non seulement du principe de la présomption d’innocence mais aussi doivent bénéficier du respect du principe d’être jugé dans un délai raisonnable », dira-t-il.
« A notre avis les autorités au lieu de rejeter les manquements contenus dans ce rapport doivent plutôt les examiner en toute objectivité et les prendre en compte pour une meilleure protection des droits humains en Guinée », conclu Alseny SALL.
Al Hassan Djigué