Les rues se sont calmées à Dakar. Les citoyens vaquent désormais à leurs occupations, dans une certaine sérénité.
Ce climat de quiétude, ni trouble, contraste aujourd’hui avec les manifestations qui ont failli, il y a peu, faire basculer le pays dans une spirale de violences.
Pendant ce temps, l’opposant Ousmane Sonko continue de croupir en prison et aucune perspective meilleure pour son parti dissous, en attendant le verdict de la justice, pour savoir si les graves charges qui pèsent sur le parti et son leader, seront confirmées ou pas.
On soupçonne une attitude de vengeance de la part du Président Macky contre ce jeune leader qui l’a empêché, par la force d’une contestation populaire bien coordonnée, de se représenter pour un troisième mandat. Une punition qui paraît sévère, de l’avis de moult observateurs.
Le leader du bloc du centriste Gaindé, quoique membre influent de la coalition présidentielle, n’en disconvient pas.
«Je trouve que c’est excessif par rapport à ce qu’on peut lui reprocher (NDLR : Parlant de Sonko). La dissolution du parti Pastef est excessive. C’est la dernière limite, parce qu’on pouvait passer par certaines étapes que d’aller directement à la dissolution» a réagi le doyen Jean Paul Dias dans l’émission «le grand Jury» sur Imédias.
Cette réaction de la raison, jusque dans le camp de Macky Sall, résume parfaitement bien l’état d’âme d’une très grande partie de l’opinion sénégalaise.
En dépit de cette réalité, ça semble être de la résignation. Les autres cadors de l’opposition qui peuvent coordonner la révolte, sont occupés à préparer l’élection présidentielle qui aura lieu courant février 2024.
Macky Sall a réussi à tuer la contestation par la stratégie de l’usure. L’annonce du retrait de sa candidature et sa clémence en faveur de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall et Karim Wade, ont douché des ardeurs bellicistes.
Le chef de l’Etat ne se prive pas de son bâton afin de canaliser l’effet amplificateur de ses actions qui donnent la sensation d’un abus d’autorité, et d’une manipulation de la justice à des fins politiques. Il fait peser une chape de plomb sur les médias déjà avertis.
«Les médias critiques se sont résignés. La preuve, lors des dernières manifestations, il n’y a eu aucune image qui est passée. Les journalistes en parlaient à peine. Ils le faisaient avec beaucoup de prudence. A défaut, ton média sera fermé et toi, on te jette en prison», a regretté un confrère qui justifie ainsi le blackout en leur sein. Le cas de Walf TV, fermée trois fois et celui de Sen TV, une fois, en sont la preuve.
Le seul relais qu’il y a dans le pays, sont les organisations de défense des droits de l’homme. La semaine dernière, ces activistes des droits de l’homme étaient face à la presse pour dire leur ras-le-bol à propos de la violation au Sénégal des libertés individuelles et collectives.
Elles ont annoncé, qu’il y a dans les geôles au Sénégal, plus de 800 prisonniers politiques, plaçant ainsi le Sénégal à la tête des pays où on compte autant d’opposants en prison.
Peu importe les reproches qu’on peut faire au sujet de cette tentative tendancieuse l’embastillement des opposants, par le régime qui n’a cure des critiques, Dakar a repris avec sa quiétude habituelle. Reste à savoir jusqu’à quand cela va durer ?
Depuis DaKar
Mognouma Cissé