Quelques mois après la prise du pouvoir par l’armée le 05 septembre 2021, la Guinée s’est enfoncée dans une crise politique, qui ne cesse de s’enliser. Le CNRD et les acteurs n’arrivent toujours pas à s’entendre sur la conduite de la transition en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.
Même après la fixation de la durée de la transition en commun accord avec la CEDEAO, il y a encore des difficultés à rapprocher les positions. Certains acteurs qui n’avaient pas pris part au cadre de dialogue précédent tiennent mordicus à ce qu’il y ait un autre dialogue. Mais à peine que les concertations ont été entamées pour la tenue de ce nouveau dialogue, l’arrestation d’Abdoul Sacko et Ismaël Diallo vient mettre les efforts à l’eau.
Dans une interview accordée à la rédaction de mosaiqueguinee.com ce lundi 13 mars 2023, Dr Ben Youssouf keïta homme politique s’est prononcé sur toutes ses questions.
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Après avoir rencontré les religieux, les forces vives ont décidé de reporter leur manifestation. Pensez-vous que ce report est un acquis ou un problème reporté ?
Je commencerais par me réjouir de ce report, que je souhaite de tout mon cœur définitif, car rien ne vaut que la paix, la stabilité, la quiétude et l’entente entre toutes les filles et fils de Guinée. Les manifestations dans notre pays, si elles ne sont pas autorisées finissent toujours par des regrets car émaillées de dégâts matériels et malheureusement de pertes en vies humaines. J’en ai une longue expérience et j’en ai payé un lourd tribut, tant physique que psychique.
Est-ce un acquis, je dis bien Oui. Est-ce un problème reporté à l’orée du Ramadan, ça serait insidieux et un mauvais calcul en termes de stratégie politique.
Mais pendant que le premier ministre convie les forces vives à une rencontre ce lundi 13 mars 2023, Abdoul Sacko est convoqué à la DCIJ-GN. Est-ce que cette attitude de la part des autorités peut résoudre la crise dans laquelle le pays est enfoncé ?
L’arrestation d’Abdoul Sacko et Ismaël Diallo, acteurs importants de la société civile en cette période, risque d’apparaître comme un cheveu dans la soupe sur la table de rencontre entre les forces vives et le premier ministre aujourd’hui. Pour moi ce n’était ni le moment ni la manière. Espérons que l’acte posé par le ministre en charge des droits de l’homme, qui demande des comptes à propos de cette interpellation non réglementaire, vienne apporter de l’eau au moulin de la décrispation, pourvu que cela aboutisse. En tout cas, chaque camp doit savoir raison garder et agir avec sang-froid afin de trouver une issue favorable à la paix en cette période de transition fragile, dans l’intérêt supérieur de la Guinée.
Que pensez-vous de l’évolution de la transition, surtout le rôle que joue le CNT au cours de ce processus ?
Pour moi, une transition est une situation qui n’est ni souhaitable, ni normale pour un pays démocratique. C’est un accident de parcours dans la vie sociopolitique d’une nation. Elle résulte toujours de situations difficiles et de conflits politiques, bref de problèmes. Ceci explique que la transition ne saurait être un fleuve tranquille. Voilà pourquoi d’entrée de jeu je prie Dieu que la 3ème transition que nous vivons là soit la dernière dans notre chère Guinée. Ceci dit, je constate que l’actuelle transition en Guinée est entrain de poser des jalons sur le plan de la moralisation de la vie socioéconomique et administrative de notre pays. Le manque de vertus dans l’exercice de ses devoirs, constituait le grand fléau qui a gangrené l’économie de notre nation et plombé le développement du pays. La poursuite des chantiers routiers, électrification et nettoyage du secteur minier sont des jalons appréciables également. Le bémol est et reste la lenteur de la justice et la prise hâtive de certaines décisions sans la conclusion du délibéré. Un autre bémol c’est le difficile consensus pour un véritable dialogue inclusif où toutes les parties sans exception se rencontreraient. C’est le défi à relever par le gouvernement. En me basant sur ce que je viens de relater, et sachant que seul l’œuvre de Dieu est parfaite, je peux bien dire que le CNRD est sur la bonne trajectoire. Il faut continuer tout en restant à l’écoute du peuple.
Quant au CNT, il est parfaitement en train de remplir son contrat envers les citoyens au cours de cette transition. Il a mon satisfecit parce qu’à la hauteur de mes attentes et celles de mon parti ACP (Alliance pour le Changement et le Progrès) de Guinée.
La Patrie au-dessus de tout. Vive la Guinée.
Interview réalisée par Hadjiratou Bah