Ces derniers jours, l’actualité en Guinée a été marquée par les nouvelles sanctions prises par la CEDEAO contre la junte militaire, mais aussi le symposium sur le constitutionnalisme organisé par le Conseil National de la Transition.
Concernant les sanctions de la CEDEAO, le premier ministre a confié que des consultations ont commencé en vue de trouver une solution. Pour ce qui est de la nouvelle constitution, le président de transition a laissé entendre qu’il ne s’agira pas de faire du copier-coller cette fois-ci. Deux sorties qui ont suscité des réactions au sein de la classe politique guinéenne.
Dans un entretien accordé à la rédaction de Mosaiqueguinee.com, ce mercredi 22 février 2022, Fodé Mohamed Soumah, président du parti Génération Citoyenne (GéCi), a livré son analyse sur toutes ces questions.
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Un symposium sur le constitutionnalisme s’est tenu ces deux derniers jours à Conakry. Quelle est l’opportunité d’une telle initiative dans une transition ?
La réponse est dans votre question car ce n’est pas le rôle d’une transition. Toute période transitoire a pour objectif principiel, le retour à l’ordre constitutionnel et la gestion des affaires courantes. Que d’énergie et d’argent dépensés qui auraient pu être orientés par ailleurs ! J’estime que nous sommes loin du compte un an et demi après le début de la transition.
Pour la nouvelle constitution, le colonel Mamadi Doumbouya a laissé entendre qu’il ne s’agira pas cette fois-ci de faire du copier-coller. Quelle lecture faites-vous de ce discours ?
L’intention ne vaut pas l’action. J’ai toujours dénoncé le décalage entre ce qui est en Guinée et ce qui devrait être pour les Guinéens. La plupart de nos textes ne répondent pas aux réalités spécifiques de notre culture et des attentes amènes.
Dès le départ, la GéCi a proposé d’amender la constitution de 2010 pour la réactualiser et l’adapter à nos aspirations profondes. A ce propos, j’ai donné l’exemple de la junte au Burkina qui a fait ce travail en 2 semaines avec quelques patriotes qui ont refusé de recevoir le moindre centime. Aujourd’hui, qui peut indexer nos scribes ? Quels sont les tenants et aboutissants ? Où est l’agenda jusqu’au référendum ? Qu’en est-il du recensement intégral qui va accoucher du fichier électoral ? Quid des enjeux électoraux ? Autant de questions et bien d’autres qui démontrent des enjeux cachés face aux lendemains incertains. Du reste, nous avons perdu du temps. Beaucoup de temps pour rien.
Venons-en aux sanctions prises par la CEDEAO. L’institution n’a pas du tout caressé la junte dans le sens des poils. Qu’en pensez-vous ?
Il fallait s’attendre à des sanctions qui sont graduelles pour le moment. J’ose espérer que les populations qui ont déjà touché le fond ne seront pas impactées. La vérité est que nous sommes tenus par des engagements, sans compter l’impossibilité de mener la transition à terme en solo. Les rossignols, les teigneux et autres arrivistes ont de beaux jours devant eux, tant que le président de la transition n’aura pas sonné le tocsin. Mais pour l’heure, ça glisse dangereusement ! Inexorablement ? 2 ans ? 40 mois au minimum ? Le gouvernement, ni le CNT ne sont à la hauteur du challenge pour le mieux vivre ensemble, au service du bien-être généralisé. J’ai parcouru l’intégralité du rapport issu du cadre de dialogue, sans y voir une once de concret à la place de simples recommandations. J’entends certains s’égosiller devant le boulevard de l’ostracisme, mais on sait qui est qui et qui représente quoi dans ce pays. Les faits sont têtus, mais la parole reste libre. C’est encore et toujours le process des basses œuvres face aux grandes manœuvres. De tout ce qui précède, je m’attends à un résultat similaire lorsque la nouvelle constitution sera disponible. Tout ça, pour ça !
Entretien réalisé par Hadjiratou Bah