Le dépôt de plusieurs listes pour la représentation des partis politiques au sein du prochain conseil national de la transition, la mise à la retraite de plus de 6 000 fonctionnaires, le débat sur la durée de la transition en cours en Guinée depuis le 5 septembre 2021 et le transfèrement de l’ancien président Alpha Condé au domicile de son épouse, font partie des sujets qui font l’actualité ces dernières semaines.
Ancien député à l’Assemblée nationale, Fodé Mohamed Soumah, leader du parti Génération Citoyenne qui a accordé une interview à notre rédaction le 30 novembre 2021, a donné sa grille de lecture sur ces différents sujets.
Mosaiqueguinee.com : Quel a été votre sentiment en ce qui concerne le transfèrement du Pr Alpha Condé à la résidence de sa femme ?
Fodé Mohamed : C’est une excellente nouvelle attendue par de nombreux compatriotes. Il me tarde de le rencontrer et de lire dans ses yeux « Khoundja tu avais raison », car il ne le dira jamais.
Malgré le dépôt des listes des représentants des partis politiques au CNT, un consensus n’a pas totalement été trouvé lors des rencontres. Où en êtes-vous par rapport aux places ?
Je reste persuadé que si la classe politique avait décliné en bloc les 15 places jetées comme un pavé dans la mare, nous aurions pu obtenir plus que la société civile et l’augmentation du nombre des membres du CNT, car, on ne peut pas imaginer une transition institutionnelle sans la classe politique.
Quelle lecture faites-vous de la mise à la retraite de 6 300 fonctionnaires, dès le 31 décembre ?
Ce dossier devrait être traité avec beaucoup de discernement. On ne répare pas la justice par l’injustice. Le départ à la retraite se prépare psychologiquement, dans la dignité et à date. Il fallait réactualiser les listes. Procéder à des appels à candidatures, des concours et des affectations. Permettre à l’expérience de passer la main avant un départ à la retraite fixé dans le temps avec des mesures d’accompagnement pécuniaires/décorations et non pas du jour au lendemain.
Avez-vous un mot sur la durée de la transition qui n’est pas encore définie ?
On traine en longueur car on ne va jamais à l’essentiel. C’est le nœud gordien. Cette durée devait être clairement définie dans la Charte, mais, ce sera au CNT non encore en place d’en décider. Pendant ce temps, la classe politique se perd en conjectures. La période de grâce tarde à démarrer avec une feuille de route qui ne sera pas déroulée avant l’année prochaine. Au vu du chantier défini par le CNRD, l’année 2022 devrait nous permettre de boucler la transition avec un glissement au 30 juin 2023. Ce qui donnerait 12 à 18 mois maximum. Le 1er semestre 2022 pourrait servir à une révision de la Constitution de 2010 et non pas en écrire une nouvelle, puis celle des listes électorales et non un recensement intégral. Le 2ème semestre serait celui du couplage des élections locales et législatives, pour finir avec la Présidentielle. La refondation, le tissu social, les politiques de développement, les audits… seraient effectués au fil de l’eau et poursuivis par les prochaines autorités élues.
Il ne faut pas confondre diktat et retour à l’ordre constitutionnel. Nous devons éviter de nous retrouver dos au mur, avec des lendemains incertains.
Interview réalisée par Mamadou Sagnane