Mr le Président,
Suite à votre réélection à la magistrature suprême de notre pays, je voudrais tout d’abord rendre grâce à Allah, Souverain Maître du temps et de l’espace, qui nous a bénis par cette autre bénédiction et une faveur nouvelle pour nos compatriotes. Je voudrais, après cela, vous adresser mes vives félicitations ainsi qu’à l’ensemble de tous ceux et celles qui, auprès de vous, se sont, en toute sincérité et de manière désintéressée, battu pour donner forme à cette victoire qui, somme toute, est aussi celle de notre peuple et de notre nation.
Mr le Président, après la bataille électorale qui, quoi qu’on dise, laisse notre pays profondément divisé, je vous prie de bien vouloir recevoir mes modestes propositions pour votre prochain mandat déjà acquis.
En effet, qu’il vous plaise de convenir avec moi que chacun de nous a une obligation historique face à cette patrie qui nous est commune. Vous avez et êtes encore en train de jouer votre partition dans l’accomplissement de l’œuvre nationale. Vos victoires, celles qui vous avaient été dérobées par le passé et celles que vous avez obtenues grâce à notre peuple, vous ouvrent les portes de l’histoire, à un niveau plus élevé. Je vous prie d’y entrer sans hésitation, sans aucun doute.
Mr le Président, je vous conjure d’accepter d’être non pas un gagnant, mais un grand vainqueur. Il est connu qu’à l’issue de toute compétition, il y aura des vainqueurs et des vaincus. La grandeur et la sagesse voudrait que, lorsque l’on est le vainqueur, que l’on ait la victoire humble, modeste… Que l’on utilise sa victoire pour rapprocher ceux et celles qui, à cause et au cours de ladite compétition, se sont distendus, se sont repliés, se sont résignés, se sont offensés, se sont fait du mal, etc. pour leur rappeler qu’après tout ils restent et demeurent des frères et des sœurs d’une même nation aux fondements de laquelle nul n’a le droit de porter atteinte. Que l’on utilise sa victoire pour relever ceux que la compétition a fait tomber et essuyer les larmes de ceux qui ont pleuré. Que l’on utilise sa victoire pour rétablir dans leurs droits ceux qui ont subi des injustices du fait de la compétition.
Etre grand vainqueur, c’est savoir qu’après le coup de sifflet final, il n’y a plus de compétition et que, par voie de conséquence, les <<hostilités>> doivent cesser, même si les adversités peuvent, dans le strict respect des principes républicains, continuer. Car c’est aussi cela qui anime la vie politique du pays et amène quotidiennement les gouvernants à se sentir responsables devant le peuple et à s’améliorer en permanence.
Après deux mandats « politiques » et d’extrêmes difficultés de travail, à cause de près de 600 manifestations de rues avec leurs cortèges de violence sans précédent dans l’histoire de notre pays, je vous prie, Mr le Président, de travailler ardemment (en votre qualité bien méritée de père de la nation), comme vous l’avez toujours fait, à la création, de toute urgence, des conditions d’apaisement de la vie politique et d’orientation du débat national vers les questions de développement. Veuillez préparer l’avenir de notre nation par l’unité du peuple, l’éducation (par l’absolue refondation de l’école guinéenne qui, depuis près de 20 ans, ne pèse plus grand chose), le travail dans tous les secteurs (agriculture, pêche, élevage, recherches et productions scientifiques, infrastructures de base, etc.), la justice pour tous, la solidarité nationale qui doit s’exprimer au travers de programmes innovants et bénéfiques pour l’ensemble de nos compatriotes, la présence effective de l’État auprès de nos compatriotes de la diaspora en difficulté. Bref, veuillez faire de notre État un État protecteur pour ces citoyens et, par ricochet, respecté par ces derniers et le reste du monde. Pour ce faire, il faut impérativement qu’il y ait un climat sociopolitique apaisé (un mandat sans manifestations politiques), une conférence nationale sur le passé, le présent et le futur de notre nation, zéro opposant en détention (je profite de ce passage pour implorer votre implication personnelle pour que les opposants détenus soient tous libérés dans l’intérêt de la paix), une nouvelle assemblée nationale représentative de l’ensemble des force politique de notre pays selon les scores voulus par le peuple et un gouvernement ouvert à l’ensemble des forces politiques, sociales et religieuses du pays (si cela est bien sûr le prix à payer pour la paix et l’unité de la nation), l’instauration d’une culture d’obligation de résultats pour le gouvernement que vous mettrez en place ainsi que pour l’ensemble des fonctionnaires peuvent, au regard des missions à eux confiés par votre excellence, y être soumis; un moratoire sur les manifestations de réjouissances à l’occasion de notre victoire, et la tenue, par les responsables de la mouvance, de discours d’apaisement et rassembleurs. Quand on est au pouvoir et on a fraîchement obtenu un mandat nouveau de son peuple, on n’a jamais intérêt à ce qu’il y ait de la violence dans le pays.
Mr le Président, je vous demande également de jeter dès cet instant les base d’une véritable nation guinéenne sur la base d’un nouveau pacte social selon l’esprit duquel nul ne devrait plus jamais, dans ce pays, se fonder sur des considérations ethniques, régionalistes, communautaristes, religieux, etc. et tenir des discours ou poser des actes qui offenseraient un quelconque citoyen de notre pays.
Bâtir une nation est un chantier grandeur nature auquel seuls les grands hommes font face avec courage, audace, bravoure, abnégation, détermination, conviction, rigueur, etc. le tout sur fond d’esprit de tolérance, de pardon et d’unité. Il est important de noter que c’est un chantier à très haut risque, quand on sait que dans notre propre camp, il se pourrait bien qu’il y ait des guinéens qui sont foncièrement opposés à la paix et à l’unité de ce pays. Mais il faut avoir le courage de les affronter sereinement afin qu’ils puissent comprendre que ce n’est que dans la paix et dans l’unité de la nation que leurs propres enfants et petits-enfants pourront vivre heureux demain, quand ils ne seront plus là pour les protéger, les défendre.
Gandhi a résisté à de tels extrémistes pour que l’Inde vive dans la dignité, dans la paix et dans la grandeur. Le 30 Janvier 1948, Narayan V. Gosse, un extrémiste indou de son propre camp, jugeant que ses méthodes étaient trop passives et que lui-même était trop pacifiste et donc faible, lui a tirer dessus 3 coups de révolver qui ont eu raison de sa vie, dans le jardin de Burla house à New Delhi. Plus de 70 ans après, l’histoire donne définitivement raison à la grande âme Gandhi qui, de nos jours, est célébré partout dans le monde par toutes les confessions et tous les pays de la planète. Nelson Mandela qui, bien que ne l’ayant jamais côtoyé, a humer son parfum de grandeur qu’il a répandu sur l’Afrique du Sud, où il a passé un peu plus de 20 ans de sa vie à se battre pour le respect des droits des immigrés indiens, en a appris que les peuples ne pouvaient s’accomplir dans leurs destins respectifs que dans le respect des valeurs de paix, d’unité et de solidarité; même si, quelques fois, les circonstances de la lutte nous amènent à choisir des méthodes fortes. Mais après tout, il faut que les frères et sœurs d’une même nation puissent, autour de la table, discuter de leur destin, imaginer leur avenir et planifier son rayonnement. Nul besoin de rappeler l’influence que ces deux héros ont eu dans l’histoire de leurs pays respectifs et qui s’est répandue à l’humanité tout entière.
Mr le Président, avec toute l’admiration que j’ai pour votre parcours, j’exige de vous que vous soyez Gandhi et Mandela pour la Guinée. Vous êtes un grand homme et votre demi-siècle de lutte a droit à la meilleure conclusion possible. Vous avez déjà beaucoup fait et vous avez encore la possibilité d’en faire mieux pour changer définitivement le cours de l’histoire de notre peuple en en faisant une NATION UNIE ET SOLIDAIRE. Et l’humanité vous le reconnaîtra et nous autres, nous chargerons de transmettre cela aux générations futures par la magie du verbe.
Mr le Président, aujourd’hui vous êtes entre deux groupes d’extrémistes qui font tout pour vous refuser toute grandeur dans les annales de l’histoire; l’un est une partie de l’opposition et l’autre, la plus dangereuse, est une partie de la mouvance. Ceux deux groupes, l’un parce qu’il est foncièrement opposé à vous et l’autre parce qu’il vous aime profondément ou veut de quelque chose auprès de vous. Dans tous les cas, ils ne vous pousseront point au salut.
■ Le premier groupe, celui des extrémistes de l’opposition, ne souhaite et n’invoque que le chaos, l’affrontement, le pire. Pour lui, si ce n’est pas son candidat qui entre au palais en Décembre 2020, que le monde s’arrête, que cesse toute vie, que la terre ne tourne plus, qu’on casse et brûle tout. Ce groupe là, la mort ou la prison ne lui fait jamais peur. Ils sont, donc, capables, au risque d’y laisser leur liberté ou définitivement leur vie, des pires actes de provocation pour souhaiter des ripostes qui ouvriraient la voie à leur rêve belliqueux. Pour nous éviter le pire, il est de votre responsabilité de tendre la main, comme vous l’avez déjà fait, aux leaders de l’opposition qui sont écoutés, respectés et obéis par ces personnes afin de pouvoir les canaliser dans l’intérêt de la nation. Quand on a en charge les destinées de tout une nation, tendre la main n’est jamais l’expression d’une quelconque peur, comme peuvent l’estimer les plus étroits des esprits, mais l’expression d’une grandeur d’âme dont seuls les grands hommes sont porteurs.
■ Le deuxième groupe, celui des extrémistes de notre camp, est, ma foi, la plus dangereuse, parce que malheureusement elle a plus facilement accès à vous et, donc, il y a des risques que ses opinions pèsent quelques fois dans les stratégies de gestion des crises que connaît notre pays. Dans ce groupe se retrouvent deux factions totalement différentes:
1- celle qui s’est radicalisée à cause du grand et profond amour qu’elle a pour vous et son indéfectible confiance dans votre personnalité. Elle n’accepterait, pour rien au monde, de voir quelqu’un vous faire la guerre sans vouloir, pour vous venger, se battre corps et âme pour le lui faire payer au prix le plus fort. Ce sont des fanatiques qui, pour vous défendre, n’ont généralement besoin ni d’argent ni de postes. Le seul et unique fait que vous soyez le Président de la République est, pour eux, le plus bonheur de cette vie. Eux, comme ceux de l’opposition, on ne les combat pas; on les caresse pour les canaliser, les encadrer pour calmer leur ardeur, parce qu’ils sont l’âme même de la victoire que le peuple vous a accordé en 2010, à cause de leur indéfectible loyauté et de leur fidélité qui ont résisté aux épreuves des adversités et au temps.
2- il y a aussi celle qui se radicalise, de manière factice, et fait de la démagogie son arme de lutte. Son seul but, loin d’un quelconque amour ou fidélité pour vous, est de continuer à vivre dans votre cœur ou d’y avoir une place, quand elle n’en a pas encore. Elle, il faut l’éviter à tout prix, parce qu’elle est prête à tout, vraiment tout, pour atteindre son objectif. Pour elle, pas de valeur qui vaille, pas de fidélité qui paye. A la première vue d’une lumière de l’autre côté, elle sera la première à s’y faire entendre.
Mr le Président, après plus d’un demi-siècle de votre vie passé au service de notre pays, avez une place d’honneur dans l’histoire. Le peuple de Guinée vous l’a accordée par 3 vicroires successives, en reconnaissance de vos sacrifices consentis pour lui, mais c’est à vous uniquement qu’il revient de la protéger jalousement pour qu’on ne vous la souille pas. Vous en avez l’aptitude humaine, intellectuelle et morale, j’en suis absolument convaincu. Surtout quand on sait qu’autour de vous, il y a des hommes et des femmes dont la sagesse, la grandeur, la dignité, la loyauté et le patriotisme ne souffrent de nul doute, on n’a presque pas besoin de se faire de gros soucis.
Mr le Président, pour terminer cette petite note, j’implore l’infinie grâce d’Allah pour qu’il fasse que ce message soit entendu, que ce mandat soit sans violences politiques et au service exclusif du développement, de la paix et de l’unité de notre nation, qu’il vous donne la santé nécessaire et la force morale de le conduire sans influence négative d’autrui.
Que Dieu bénisse la Guinée et ses enfants. Âmîne !
Bassamba Amine
Président JURAC 2015 (Jeunesse Unie pour la Réélection d’Alpha Condé)
Président FUDAC 2020 (Fouta Uni Derrière Alpha Condé)
Tél: +224 660 05 97 97 – E-mail: bassamba.amine@gmail.com