Le départ des enfants peut s’accompagner d’un sentiment de morosité, presque d’un vague à l’âme. Sans qu’on en soit forcément conscient. Nos enfants mobilisent énormément d’attention et d’énergie. Alors forcément, leur absence entraîne une sensation de vide bien compréhensible. En théorie, l’idée de ne pas vivre au travers de ses enfants est évidente. Dans les faits, c’est différent.
Retrouver autant de temps libre est un passage délicat, dont il ne faut pas sous-estimer les étapes. Rencontrer d’autres personnes dans la même situation peut vous aider à passer ce cap.
Départ des enfants et inquiétudes
Vous êtes très inquiet. Comment vont-ils se débrouiller seul, sans vous ? « A leur départ une certaine angoisse peut dominer« . Du coup, vous prenez sans cesse des nouvelles, par téléphone, Internet… Ou vous passez même les voir. Comme vous avez du mal à lâcher prise, vous êtes tentée de gommer la distance qu’ils cherchent à mettre entre eux et vous.
La parade : « Il faut éviter de leur transmettre vos angoisses« , affirme les psychologues. C’est le moment de leur faire confiance, d’ailleurs vous n’avez pas vraiment le choix. Par ailleurs, l’autonomie est le but de toute éducation. A partir du moment où ils prennent leur envol, c’est sans doute qu’ils sont prêts. Encore mieux, c’est le signe que vous avez réussi dans votre mission de parent.
La culpabilité des enfants qui partent
Face au départ de l’un des enfants, il arrive que le besoin de maintenir le lien parental domine. Vous pouvez alors les culpabiliser sans le vouloir, avec des phrases du type : « Tu m’abandonnes« , « Je ne sais pas ce que je vais faire sans toi« . C’est souvent le cas quand, inconsciemment bien sûr, le désir de les maintenir dans l’enfance est le plus fort. Leur départ peut alors s’accompagner d’une phase de creux, de passage à vide.
La parade : « Prenez conscience que vos enfants sont devenus de jeunes adultes » recommande les psychologues. La période du maternage est terminée ! Les relations avec eux évoluent, davantage basées sur une transmission d’expérience, un soutien, une écoute. Ces nouvelles relations procurent des joies différentes. Cesser de les materner va leur permettre de prendre leurs responsabilités, une étape nécessaire à leur évolution.
L’attente du retour de l’enfant
Dans les familles monoparentales, les mères, comme les pères bien sûr, ont été contraints à beaucoup de renoncements, de sacrifices. Une situation qui crée un fort besoin de reconnaissance à combler… De telles attentes parentales peuvent placer les enfants dans la dette : ils vous doivent quasiment tout. Cette charge est bien lourde à porter pour eux. Attention, les élever en voulant recevoir beaucoup en retour est toujours source de problèmes.
La parade : Le mieux est d’anticiper. Si vous élevez vos enfants seul(e), pensez à vous occuper de vous également. Prenez du temps pour un projet personnel, une passion, quelque chose qui n’inclut pas l’enfant. Leur départ est inévitable, c’est dans la logique de la vie. S’y préparer est nécessaire !
L’enfant part, le couple se retrouve
Le départ de l’enfant redonne la place au couple, un passage qui n’est pas toujours simple quand celui-ci s’est oublié dans la parentalité. En laissant une place trop importante à l’enfant, ce dernier occulte le couple, occulte les amants que sont ses parents. Le fait qu’ils se retrouvent seuls, en tête à tête, peut aider à renouer des liens un peu oubliés. « Son départ peut aussi réveiller un vide énorme et parfois même provoquer des séparations. C’est assez fréquent » commente Béatrice Copper-Royer.
La parade : Le départ va demander un réajustement. C’est le moment de vous interroger sur la force de votre couple. La flamme est-elle toujours intacte ? « C’est une nouvelle page qui va s’écrire, à vous d’en redéfinir les grands chapitres« , propose notre expert. Qu’allez-vous faire de ce temps libre… ensemble ? Vous pouvez projeter un voyage, des vacances… L’objectif est de vous retrouver.
Le nid vide et la peur de vieillir
Le départ des enfants coïncide parfois avec la ménopause ou un départ en retraite. Deux évènements rarement anodins qui peuvent s’accumuler et se révéler vraiment difficiles à surmonter. Ils renvoient immanquablement au vieillissement et aux peurs qui vont avec…
La parade : Dans ce cas, la prise de conscience des enjeux inconscients est nécessaire. Acceptez l’inévitable cours de la vie est la seule solution. C’est le moment de changer de perspective. Quels avantages représente leur départ ? Comment prendre soin de vous pour bien vieillir maintenant que vous pouvez penser à vous ? Autant de questions auxquelles vous pourrez prendre le temps de répondre.
Ce départ, c’est aussi positif !
Entre nous, avouez que parfois c’était un peu difficile de l’avoir tous les jours à la maison. Combien de fois lui avez-vous dit : « Tu te crois à l’hôtel ?! ». Entre le remplissage du frigo et les lessives (souvent sans un merci), vous avez parfois pensé : « Vivement que l’oiseau quitte le nid ». La relation avec les jeunes adultes que sont devenus vos enfants n’est pas toujours au beau fixe, ni gratifiante. Alors pourquoi se priver de pousser un « ouf » de soulagement lorsqu’ils s’en vont et de profiter du sentiment du devoir accompli. D’autant plus que vivre leur départ le mieux possible est un formidable service à leur rendre. Dites-vous bien que personne n’abandonne personne dans cette histoire. On est là, les uns pour les autres, mais chacun chez soi. Leur faire confiance et les assurer que vous êtes persuadé(e) qu’ils vont très bien se débrouiller est un message qui va faire du bien. A tout le monde !
Barry Ismaeil depuis Sangarédi.