M. Ismaila Kéita, président du Patronat de Guinée (PAG) a lors d’un entretien qu’il a accordé à notre rédaction exprimé ses sentiments par rapport à la situation politico-économique du pays ce dernier temps. Avec lui, nous avons parlé de la fermeture jusqu’à présent de certains magasins et boutiques à Conakry, de l’importance de la nouvelle Assemblée Nationale et de l’espoir que celle-ci va susciter pour le développement de la Guinée.
Lisez plutôt.
Mosiaqueguinee.com : Depuis un certain temps le Patronat de Guinée ne cesse d’appeler les commerçants à ouvrir leurs boutiques et magasins pour l’intérêt des citoyens. Mais nous remarquons que certains commerces sont toujours fermés, qu’en dites vous ?
M. Ismaïla Kéïta : Je tiens à vous dire que je regrette pour ces boutiques et magasins qui sont encore fermés. Personnellement, je m’inquiète pour ces commerçants qui risquent d’avoir des difficultés financières à cause de cette longue fermeture. Je suis d’accord qu’on nous parle de l’insécurité, mais, à mon avis, il y a une sécurité totale pour les commerçants depuis la fin de la campagne électorale. Néanmoins, nous allons continuer à sensibiliser les autorités et tous les secteurs qui ont trait à la sécurité pour rassurer les populations, surtout les hommes d’affaires pour que cesse cette manière de faire qui ne peut qu’engendrer des pertes immenses de fonds. Je demande aux commerçants de vaquer à leurs occupations normalement comme les autres secteurs d’activités.
Ne croyez-vous pas que l’insécurité soit la principale cause de cette fermeture ?
Il sera très difficile pour moi de vous dire que quand un magasin sur dix est fermé, c’est pour des craintes d’être vandalisé. Je ne sais la psychose qui les pousse à fermer leurs commerces, mais quelque part ils sont entrain de se faire du tort. Parce que tout simplement quelque soit leur motivation, cette fermeture n’a d’effet négatif que sur eux-mêmes. Les commerçants doivent avant tout voir leur propre sort dans l’exercice de leur commerce, parce que ces quelques peu de magasins fermés ne peuvent pas être ciblés par des pilleurs ou que sais-je encore! Je pense vraiment qu’ils ont d’autres raisons autres que l’insécurité.
Parlez nous des relations entre le PAG et les autres structures patronales de Guinée ?
Les relations entre le Patronat de Guinée et les autres structures patronales sont bonnes. Nous nous informons des différentes activités qui concernent l’ensemble du secteur privé guinéen. Nous participons ensemble aux activités du gouvernement et nous nous déplaçons ensemble parfois s’il y a des voyages d’affaires au niveau international. Mais chacun reste dans son cadre personnel de défense et de protection des droits du secteur privé guinéen. Donc malgré que nous ayons des structures différentes, nous avons des objectifs communs et au-delà de certaines activités que nous partageons, chacun travaille dans son propre cadre. Ce qui reste claire, chaque structure essaie de défendre et de promouvoir les droits du secteur privé dans son ensemble et sur toute l’étendue du territoire national.
La situation politique du pays reste mitigée même après la publication des résultats globaux provisoires par la CENI, quel est votre sentiment ?
Nous avons eu trop de mise en scène dans la politique. Et comme les guinéens ne vivent pas que de politique, nous devons dépasser ce cap. Il est temps que les guinéens vaquent à leurs affaires et que les politiciens doivent comprendre que c’est en mettant les briques ensemble que nous parviendrons à construire une maison. Ça ne sert à rien de toujours détruire les soubassements déjà construits. Je pense que les politiciens doivent faire un peu de sacrifice comme la population pour que nous puissions enfin sortir de ces difficultés. C’est un espoir pour l’ensemble du peuple de Guinée d’avoir une Assemblée Nationale. Je salue l’ensemble des acteurs politiques, ceux de l’opposition et de la mouvance qui ont joué le jeu démocratique et je les encourage à privilégier le dialogue et de faire recours au droit non à la manifestation populaire en cas de contestation des résultats. J’ai de l’espoir quant au décollage économique après ces législatives, si les politiques acceptent de faire des sacrifices comme la population.
Après beaucoup de temps et d’énergie, nous nous tendons vers l’installation d’un parlement, quel est le sentiment du PAG ?
C’est vraiment de l’espoir pour l’ensemble du secteur privé guinéen. C’est un espoir, à la fois, pour la population, le secteur privé et l’Etat d’avoir enfin un cadre légal afin que les investisseurs étrangers puissent nouer des partenariats garantis à travers l’Assemblée. Je pense que ce cadre réglementaire donnera de la confiance et de l’espoir à tous les hommes d’affaires. Le parlement va propulser la Guinée sur la scène internationale comme étant un pays de droit ayant les institutions qu’il faut pour garantir des investissements. Nous sommes pressé de voir l’installation de cette Assemblée, nous sommes pressé de voir la Guinée décoller économiquement et que chacun y trouve son compte.
Quel message avez-vous à lancer aux hommes d’affaires guinéens en général ?
Je demande aux hommes d’affaires guinéens de ne pas se mêler dans la politique et de ne pas céder à quelconque manipulation des politiques pour utiliser ses fonds afin de faire souffrir les citoyens. Ils ont droit bel et bien d’avoir leurs opinions politiques, mais, utiliser notre secteur pour soulager la population. Nous avons un métier sacré et très noble et notre mission est de servir nos clients qui ne sont autres que la population. Nous devons alors les honorer et les respecter, parce que ce sont eux qui constituent notre portefeuille. Au lieu de suivre les politiques comme des moutons, nous devons les faire raisonnés afin qu’il y ait la paix. Parce que c’est quand il y a la paix qu’il y a affaires, donc nous devons œuvrer pour la paix et non pour la division. Car, dans la division il n’y a pas d’affaires et les plus gros perdants seront les hommes d’affaires. Je demande aux hommes d’affaires de prêcher la paix, l’unité nationale surtout en cette période d’espoir pour notre pays pour que la Guinée puisse être ouverte et que demain les hommes d’affaires puissent bénéficier de cette ouverture.
Réalisée par Thierno Bah