Une délégation du Conseil d’Administration de l’Initiative de Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) a rencontré les acteurs miniers guinéens le 18 octobre dernier. Après cette rencontre, notre reporter a tendu son micro à Akoumba Aboubacar Diallo, journaliste et membre de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives en Guinée (ITIE-Guinée). Dans cet entretien, il nous explique les avantages et inconvenants pour la Guinée d’être conforme aux exigences de l’ITE.
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Mosaiqueguinée.com : La délégation du Conseil d’Administration de l’ITIE a rencontré les acteurs miniers guinéens ce 18 octobre 2013 sur la conformité de notre pays. Qu’est ce que la Guinée a à gagner en devenant pays conforme à l’ITIE ?
Akoumba Diallo : C’est les investissements. Ecoutez, la plupart des entreprises minières de renommée mondiale ou des banques de renommée mondiale et même les marchés financiers qu’on appelle les bourses financières exigent la conformité avec l’ITIE pour pouvoir exercer. Parce que les entreprises ne peuvent fiancer leurs projets avec leurs fonds propres, donc, il faut qu’elles aient le soutient des différentes banques ou même des nations qui soutiennent l’ITIE comme les Etats-Unis d’Amérique, l’Union Européenne ou toute autre puissance qui reconnaît aujourd’hui l’ITIE comme étant une norme internationale.
Lors des débats, le Conseil d’Administration a insisté sur deux échéances, notamment l’échéance de décembre 2013 et celle d’avril 2014. Selon vous qu’est-ce qui tourne autour de ces deux échéances ?
C’est à la fois une menace et un encouragement. L’échéance de décembre veut dire que nous devons produire deux rapports annuels qui doivent être divulgués et accepter par le Conseil d’Administration comme étant des rapports qui respectent les critères et les normes de l’ITIE. Mais aussi, il y a un autre rapport de validation qui doit être examiner et le délai cette fois-ci, c’est en avril prochain. Ainsi, la Guinée sera déclarée pays conforme ou alors elle sera radiée. C’est pour ça que la Présidente du CA a insisté sur le délai d’avril et a dit que la Guinée doit apporter des réponses aux questions qui avaient été soulevées lors de notre dernière candidature pour la conformité. Je pense qu’elle a dit qu’elle serait très déçue de voir la Guinée sortir de ce processus qui est un club très restreint où des pays qui ont une gouvernance et une administration acceptée siègent.
La Présidente du Conseil d’Administration a insisté sur les recommandations sur les récents rapports. Est-ce qu’elle ne veut pas dire que la mise en œuvre de ces recommandations fait défaut en Guinée ?
En début d’année, la Guinée avait présenté sa candidature pour validation, parce qu’un rapport avait été présenté en ce sens là. Mais la Guinée n’avait pas satisfait toutes les normes et c’est en ce sens que le CA avait émis une lettre de recommandation au chef de l’Etat, un certain nombre de questions que le pays devrait répondre. Au lieu que la Guinée ne se lance dans un débat technique, la présidente du CA a souhaité plutôt que notre pays réponde à ces questions pour pouvoir à la longue être conforme aux exigences de l’ITIE. A défaut, elle sera obligée de mettre la Guinée out.
Avec cette nouvelle impulsion, pensez vous que la Guinée sera au rendez vous de 2014 ?
Pas totalement. Je pense que le délai est très court et les exigences sont nombreuses et je vois moins de volonté qui puisse nous amener à abattre tout ce travail dans le délai prévu. Je ne serai pas surpris que la Guinée soit déclarée conforme, parce que c’est notre souhait à nous tous, mais je ne suis pas animé d’une assurance jusqu’au fantasme.
La conformité de la Guinée incombe à la fois tous les acteurs, notamment le gouvernement, la société civile et le comité ITIE. Que doivent faire ces différentes entités pour que cette échéance soit respectée ?
De mon point de vue, le comité de pilotage auquel j’appartient manque d’autorité, parce qu’il y a des entreprises qui nous créent des problèmes là où ça ne devrait pas y être. Le chef de l’Etat a signé un décret reconnaissant l’ITIE comme étant une norme administrative, pourquoi des entreprises se refuseraient de collaborer pleinement avec l’ITIE ? Cela est une question. Il y a aussi un problème de dépense de souveraineté, donc il y des charges qui incombent l’Etat. Ce qui veut dire que l’Etat doit financer un certain nombre de volet de l’ITIE, je ne sais pas si c’est encore fait, j’ai encore quelques doutes. Mais il y a aussi la volonté politique, il ne faudrait que des entreprises domestiques et l’administration publique au détriment du fonctionnement réel de l’initiative de transparence dans les industries extractives, parce qu’en le faisant on crée un préjudice à l’administration mais aussi aux citoyens guinéens.
Un mot sur la spéculation entre Chalco et Rio Tinto ?
Vous savez que Chinealco avait parrainé la mise en place de Chalco, qui est un consortium d’entreprises chinoises et non une filiale à cent pour cent de Chinalco. Je pense que Chalco avait acquis des droits sur le Simandou, mais Chalco n’etant pas trop crédible pour aller en bourse, étant donné que le projet demande assez de fonds. Aujourd’hui, Chalco est obligé de disparaître pour laisser la place à Chinealco qui a une crédibilité et le soutient de l’Etat Chinois pour pouvoir engranger des fonds non seulement à partir des instruments internes chinois mais aussi à partir des marchés financiers internationaux pour que Chinalco puisse respecter les engagements des infrastructures du Simandou. Dans ce cas, il faudra aussi craindre qu’il y ait de la plus valut et que la Guinée ne gagne rien. Je dis d’avance que les autorités guinéennes m’ont dit qu’il y aura une surveillance très accrue pour que la Guinée puisse bénéficier des plus valus qui seront crées.
Thierno Bah pour mosaiqueguinee.com