Les guinéens ont voté samedi dans un calme général. 48 heures après, l’accalmie du scrutin vire peu à peu à la psychose sur fond de déclarations politiques perturbantes. Pendant ce temps, la CENI trainaille, lugubre, dans la publication des résultats provisoires ? Un autre supplice pour le peuple de guinée ?
Les brebis n’ont plus d’ombrage, pourtant les bergers tondent continûment des feuillages. Du coup le troupeau accourt aux rivières, mais il n’y a plus d’eau que celle de la mer. A son maître on peut donc l’entendre qui braille, mais quel sort, celui-ci s’est faittailler les oreilles. Triste et vilain sort que celui du peuple de Guinée victime de ses policiers au col blanc et au slogan facile. Ils nous apportent l’angoisse qu’on ne demande pas et nous prennent la paix que nous avons. Ces politiciens de la honte m’ont fait voir des choses.
Tout d’abord, j’ai vu un pouvoir romancier. Véritable metteur en scène, il passe maître dans l’art d’afficher des intentions creuses. Il vous promet du soleil alors qu’il vous a lui-même disposés sous un ciel noir de nuages. Il s’étonne par la suite que rien n’ait évolué tel qu’annoncé. Et la meilleure image pour parler de lui est celle du marionnettiste qui s’emporte de rage contre un geste de sa marionnette. En roulant la Guinée trois ans durant, telle une sphère sur un axe, j’ai vu avec lui que tout était possible à celui qui avait le pouvoir.
J’ai vu. Oui, j’ai vu une opposition dont les écarts ont parfois inspiré que du rire. D’elle je dirais qu’elle est moitié victime, moitié complice de ce sort qu’elle digère encore péniblement. Depuis la dernière présidentielle, elle tente de prouver sa preuve et s’emploie à se défaire d’une étiquette qui semble lui aller à la perfection. A la moindre occasion elle laisse transparaître sa douleur d’être le combattant floué, ou si l’on préfère, le maillon naïf de la politique guinéenne. L’opposition guinéenne, en dépit d’être devenue tatillonne, a toujours été l’alarme qui s’apitoie sur son sort.
Après ce troisième 28 septembre de l’histoire guinéenne, j’ai vu l’opposition scander et chantonner sa victoire, préparer ses militants à des réjouissances qui restent de l’ordre du rêve. Et autre aspect important, elle affiche sa détermination à ne plus se laisser flouerpar le pouvoir et la CENI. Mais c’est là une autre de ses colères d’aveugle.
J’ai vu. Vous vous en doutiez, j’ai bien vu une CENI singulière, spécifique, voire rare en tant qu’institution. Vous vous représentez une élection ou la CENI n’a pas bougé d’un iota qu’elle est déjà prête pour le scrutin ? Une CENI qui se surprend continuellement des taches qui restaient à accomplir ? Une CENI qui garde la primeur des journaux sur plus de six longs mois ? Voici notre CENI qui aime à faire parler d’elle. Parties de Sékoutouréyah ou de la minière, ces divergences finissent par se croiser à Dixinn, au siège de la CENI.
Et c’est encore parti ! elle fait à nouveau l’objet de tous les débats, notamment sur sa capacité à garder tels quels les résultats des urnes. Il s’agit là de son aptitude à respecter le choix du peuple ; bref, de se contrôler.
De toute évidence, pouvoir, opposition et CENI ont à nouveau réussi à placer le peuple dans une psychose ahurissante. D’annonces de victoire en annonces de victoire, ils finissent par faire monter l’angoisse d’un peuple déjà suffisamment apeuré. Mais ce choc d’aspirations aux fortes allures d’explosion peut encore être circonscrit. De bonne foi, chacun doit pouvoir s’acquitter de son devoir au bénéfice de tout le peuple.
Au pouvoir, qu’il ne se serve point de manettes ! A l’opposition, qu’elle se garde de tout discours d’inflammation ! A la CENI, qu’elle respecte simplement le choix du peuple ! Et tout ira bien… !