Dans la soirée du mardi 31 décembre 2024, elles étaient nombreuses, les personnes dont les boutiques ont été démolies dans le marché de Kiroty à se retrouver sur les ruines de leurs installations. Elles y ont animé une conférence de presse à la faveur de laquelle, elles ont mis en place “ l’association des victimes du déguerpissement illégal du marché de Kiroty “. Au-devant de la scène, plusieurs femmes dont Aïssatou Diallo.
Elle dit évoquer le sujet avec peine. Depuis 15 ans, elle fait son petit commerce dans le marché de Kiroty pour pouvoir subvenir à ses besoins. Il y a quelques jours, ses boutiques ainsi que beaucoup d’autres ont été mises à sac sur instruction des autorités communales de Lambanyi, apprend-t-on. Pour avoir donc perdu sa principale source de revenu, elle ne s’est plus à quel saint se vouer.
« C’est à travers ces boutiques démolies qu’on parvenait à nourrir nos enfants et à assurer leurs frais de scolarité. C’est tout cela qui est détruit aujourd’hui. On ne peut pas enlever plus de 800 boutiques pour donner les lieux à un seul individu qui vient parce qu’il a vu des mouvements au marché. Comme il a de l’argent, il veut faire quitter tout le monde. Donc, c’est là, le problème », s’est-elle offusquée.
Comme Mme Diallo, d’autres victimes de cette casse s’interrogent sur l’urgence qui a motivé la démolition de ces boutiques et magasins dans le marché de Kiroty pour mettre les occupants dehors. C’est le cas de Mouctar Diallo. Il gérait un restaurant avec sa sœur. Il informe qu’ils ont été non seulement illégalement déguerpis, mais aussi sans préavis.
« Moi, je voudrais que vous compreniez que nous n’avons pas été informés de la casse. Tous les boutiquiers ont fait sortir les marchandises dans la précipitation. Ils ont donc presque tout perdu. Ma sœur et moi avons perdu un investissement de plus de 180 millions de francs guinéens. Le vendredi, quand ils ont commencé la casse, je suis allé vers le maire de Lambanyi pour lui demander pourquoi cette casse alors qu’il avait dit que les boutiquiers ne sont pas concernés. Il a répondu qu’il n’est pas au-dessus de la loi », a rappelé Mouctar.
Maintenant que la casse est effective, les victimes entendent faire valoir leurs droits de la plus belle des manières.
« Nous allons porter plainte à la justice. Nous avons déjà saisi un huissier et un avocat. Ils vont déposer des plaintes régulières. Nous portons plainte contre l’administration communale pour violation de nos droits, pour destruction de nos biens et pour l’exposition de plus de 10 000 personnes », a informé Ismaël Baldé, une autre victime.
Les victimes entendent aussi que la démarche du président de la délégation spéciale de Lambanyi serait motivée par un souci de modernisation du marché. Mais même si c’était le cas, estiment-elles, elles devraient être associées à l’initiative.
« Nous sommes conscients que c’est la commune qui gère les marchés. Mais à partir du moment où nous avons des contrats provisoires, si la commune a besoin de moderniser le marché, elle devrait associer l’ensemble des occupants qui ont des contrats à tout le processus de modernisation. Nous n’avons jamais été invités par le maire pour nous dire qu’il veut moderniser le marché. Peut-être que certains d’entre nous sont capables, vu le plan, de réaliser le marché. Mais qu’on aille prendre quelqu’un d’ailleurs pour venir moderniser ce marché, c’est ce qu’on n’a pas pu comprendre », a ajouté le septuagénaire.
Ismaël Baldé a conclu ses propos en regrettant les deux poids deux mesures qui ont caractérisé la démarche du président de la délégation spéciale de Lambanyi. Le fait de démolir pour les autres et d’épargner les boutiques qu’il exploiterait dans ledit marché.
Sékou Diatéya