En tant que catégorie sociale, la jeunesse constitue une donnée structurante majeure, tant du point de vue de son poids démographique que de son implication active dans l’ensemble des sphères de la vie politique, économique et sociale de la Guinée. Les moins de 35 ans constituent plus de 74% de la population et cette proportion sera une donnée constante dans la pyramide des âges pour les deux prochaines décennies, indique le document de stratégie de réduction de la pauvreté 2013-2016.
Plus de la moitié de la population (55,1%) a moins de 20 ans. Ce qui représente approximativement 6 215 000 jeunes. Dans la perspective d’un développement et d’une urbanisation croissante dans les années à venir, il faut s’attendre à une transition démographique qui mettra les jeunes au centre des défis et enjeux, notamment dans le processus de démocratisation du pays. Le développement de la jeunesse est entravé par plusieurs facteurs qui sont entre autres : le dysfonctionnement des cadres institutionnels caractérisé par la mauvaise coordination des associations de jeunesse et de sports, l’insuffisance et la non diffusion de textes existants, l’insuffisance ou le mauvais état des infrastructures et équipements socio-éducatifs et sportifs, le chômage…
Le cas du chômage par exemple donne à réfléchir. Parce qu’être jeune et chômeur est considéré aujourd’hui comme vivre une angoisse permanente quant à son avenir et renoncé à une vie stable et harmonieuse. C’est ce qui fait que la question de l’emploi et d’insertion socioéconomique reste la préoccupation majeure face à la montée croissante du chômage et du sous-emploi qui touchent particulièrement les jeunes, les femmes et les personnes handicapées. Pourtant, cette couche à la fois marginalisée et convoité, constitue le devenir et l’avenir de la Guinée.
Mais en fait comment la jeunesse guinéenne peut-elle participer activement au processus de démocratisation du pays?
En effet, la participation de la jeunesse guinéenne à la consolidation de la démocratique est symptomatique de deux (2) avantages majeurs, à savoir : d’abord en tant qu’électrice, la jeunesse contribue au développement communal en oeuvrant pour la tenue d’élections libres et transparentes qui aboutissent au choix d’hommes et de femmes honnêtes et responsables, capables de faire opérer les mécanismes d’une bonne gouvernance. Ceci symbolise son rôle de suivi et de supervision dans le processus électoral. Ensuite, en tant que citoyens éligibles, les jeunes guinéens constituent une masse importante indiquée à instaurer un exercice de démocratie participative au sein de la cité. Car, pendant longtemps instrumentalisée, la jeunesse n’a servi que de moteur de campagne à de politiciens véreux insoucieux du devenir de leurs communautés et de leur pays. Utilisée comme telle, elle parait comme une caisse de résonance, au lieu d’assurer sa vraie fonction d’acteur dans le processus de consolidation des actes démocratiques, gages du progrès social et économique et créateur de croissance pour le développement. Malgré les milliers des jeunes qui sortent des universités chaque année, l’Etat n’arrive toujours pas à trouver des voies et moyens pour employer ces ressources intellectuelles. Ce manque d’emplois et d’initiatives, constituant un facteur de blocage du processus de développement économique, encouragent les jeunes à participer à tout mouvement leur permettant de survivre. Il s’agit notamment à l’adhésion dans des associations de jeunes, assisté à des mouvements politiques, faire la délinquance, les vols à main armée…
C’est ce qui a conduit les jeunes de Guinée à un usage plus accru de leurs droits de citoyenneté par la création d’une multitude d’associations de jeunesse à vocation de développement. Etant une frange sociale dynamique capable de faire opérer des changements positifs, les jeunes sont aussi de véritables acteurs de la transformation de la conscience sociale en une forme de conscience politique dynamique apte à susciter un meilleur fonctionnement de reformes profitables à la mise en place d’institutions saines et fiables, garantissant le fonctionnement d’une démocratie nationale indiquée pour les citoyens de la Guinée.
En tout cas, la Jeunesse ne devrait plus servir d’instruments anachroniques de conquête du pouvoir, elle ne mérite non plus une école guinéenne comme celle d’aujourd’hui ; elle ne doit plus que jamais être contrainte à l’immigration. Une contrainte due non seulement à une mauvaise gouvernance (corruption, délinquance financière, impunité, pauvreté, chômage…), mais aussi et surtout due à une mauvaise définition de la politique d’emploi en Guinée qui met l’accent sur des aspects sécuritaires et cousinage en lieu et place du développement en Guinée. Les jeunes ont perdu leurs repères devant l’inexistence de valeurs reconnues, promues et partagées par toutes les composantes de la société. L’absence de modèle, la perte des repères, la dévalorisation de l’effort des jeunes, la promotion des médiocres font que les jeunes s’identifient à des valeurs étrangères, sans consistance, véhiculées dans les NTIC, les séries télévisées, les journaux, les films etc.
Quant on regarde l’état de sa participation aux récentes échéances électorales du 28 septembre 2013, la jeunesse ne se réjouit point de sa présence sur les listes de candidatures des partis politiques et des candidats indépendants. Néanmoins, c’est incontestablement, une avancée significative qui se trouve aujourd’hui renforcée par l’implication de cette même jeunesse au processus de démocratisation à travers des associations de jeunesse sur le plan local, national à voir international.
Certes les problèmes de la jeunesse constituent une équation difficile à résoudre, mais les jeunes d’aujourd’hui seront amenés à jouer un rôle social spécifique qui peut du reste revêtir des formes différentes dans la société dont l’objectif social par excellence aujourd’hui serait la quête de la richesse matérielle, l’enrichissement. Les uns sont mus par la quête de l’enrichissement, et toutes leurs actions y compris leurs pensées les plus secrètes tendent vers ce but ; les autres ne fixent comme objectif à leur action quotidienne qu’à la survie, même s’il leur arrive de rêver de valises d’or et d’argent.
Malgré cela, cette couche ne doit pas du reste attendre que les solutions tombent du ciel. Les jeunes doivent activement participer à la recherche des solutions et prendre leurs responsabilités sur certaines questions dont ils sont acteurs ou victimes. Ceci, en cherchant à comprendre comment accompagner les jeunes vers des valeurs de promotion collective et individuelle. Il suffit tout simplement de voir comment nos jeunes vivent et sont touchés par les problèmes d’insertion dans le circuit économique global et les solutions qu’on peut leur proposer.
Les associations de jeunesse et la démocratie
C’est une question qui n’est pas facile à répondre sans faire des recherches sur le sujet. Il y a tellement d’associations de jeunesse dans notre pays, différentes les unes des autres avec des inspirations différentes, des motivations et d’objectifs différents. Il y a par exemple des associations de jeunesse qui en réalité n’ont que les membres des bureaux qui parfois ne sont que des amis simplement. On ne peut faire jouer un rôle majeur à une association, si la façon dont elle a été constituée, la façon dont elle fonctionne ne correspondent pas aux principes démocratiques. Parce que quelqu’un qui n’est pas démocrate ne pourra aider à améliorer la démocratie. Le problème ne semble pas être un problème d’associations de jeunesse seulement mais plutôt un problème de la société guinéenne dans sa globalité. Et la Guinée a besoin d’une refondation de l’ensemble des structures y compris les associations de jeunesse pour faire avancer la démocratie.
Néanmoins, les vraies associations de jeunesse pour la démocratie doivent viser à encourager l’implication des jeunes dans le processus démocratique au niveau local, régional à voir africaine. L’objectif de ces associations est de fournir aux jeunes des idées sur la démocratie et des expériences à ce sujet et de susciter la création de nouveaux réseaux nationaux et transnationaux, ainsi que l’échange de bonnes pratiques. Elles doivent être des projets jeunesse qui renforcent la compréhension qu’ont les jeunes du mode de fonctionnement de la démocratie, les aidant à tirer au mieux parti de leur droit à participer aux structures décisionnelles de la société démocratique. Des projets jeunesse qui devraient mettre l’accent sur des thèmes tels que la citoyenneté guinéenne, la participation active de la jeunesse, la diversité culturelle, l’inclusion sociale, la lutte contre l’ethnocentrisme ou le régionalisme, l’avenir de la Guinée ou d’autres priorités en matière de coopération dans le domaine de la jeunesse. Ce qui pourraient viser le développement d’actions destinées à soutenir un dialogue structuré entre les décideurs et les jeunes ; conduisant à un processus axé sur les besoins et attentes spécifiques des jeunes avec comme objectif de promouvoir un sens de »Guinéité » parmi les jeunes de toutes les couches de la société et de les encourager à participer au processus démocratique. Une action que je peux classer en trois principaux types d’activités dont les échanges de jeunes, les initiatives de jeunes et les projets jeunesse pour la démocratie.
Solutions
La Jeunesse, qui exige une Guinée démocratique, doit se mettre au travail pour sa consolidation. Cette prise de conscience et le combat qu’elle nécessite ne sont point l’affaire de la Jeunesse à elle seule, mais à l’ensemble des forces et acteurs qui se sont assignés comme mission de bâtir une Guinée Unie, Prospère et Démocratique. Le processus de démocratisation enclenché depuis quelques années a été une opportunité pour l’amélioration d’un mieux vivre ensemble dans notre pays. La décentralisation a consisté elle aussi à approcher le citoyen de sa communauté afin de mieux participer au développement de son milieu à travers les associations de jeunesse et autres ONGs. Ainsi, en l’espace de quelques années, la démocratie aura ouvert une ère d’expression des libertés et des droits et permettra à la jeunesse guinéenne de mûrir et de multiplier les initiatives en vue de sa plus grande participation au processus de gestion et de développement national.
Il faudra aussi l’élaboration d’une Politique Nationale de Jeunesse qui s’inscrit dans le cadre global de la lutte contre la pauvreté et pour l’épanouissement de la jeunesse.La jeunesse guinéenne doit prendre courage et d’initiatives pour incarner des projets qui puissent à la fois entraîner, dynamiser et rassembler cette frange de la société afin de lui permettre de participer aux processus de consolidation de la démocratie et de la décentralisation pour une Guinée économiquement prospère. Elle doit aussi participer activement au processus de construction nationale selon les moyens et principes qui excluent son instrumentalisation et qui favorisent et orientent son action dans le sens du progrès social.
Il est enfin plus que nécessaire de voir dans la gestion quotidienne de ces organisations (ONG publiques ou privées), la transparence, l’intégration des plusieurs secteurs de la société dans la gestion et une participation active dans le processus décisionnel. C’est pour moi, un moyen sûr pour la jeunesse de s’orienter vers la consolidation de la démocratie et la promotion de l’intégration africaine.
Mamadou Oury Bah, pour mosaiqueguinee.com
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