En attendant les résultats définitifs des dernières législatives en guinée, au RPG-Arc-ciel, le score obtenu par le parti, loin de refléter les ambitions affichées au départ, continue d’agiter les esprits. A l’interne, l’ambiance n’est pas trop à la sérénité, on se refile le bébé avec l’eau du bain.
Tel un colosse aux pieds de porcelaine qui se prît de rêve d’ambitions prétendument éléphantesques, mais
qui s’échoua lamentablement comme une huître sur la banquise, le RPG-Arc-en-ciel, en deux mots comme en mille, a la gueule de bois au sortir d’un marathon que sa monture n’était pas préparée à remporter haut les mains comme cela avait été tambouriné, claironné sur tous les toits.
Oui ce n’était un secret pour personne, l’Arc-en-ciel ambitionnait de recouvrir tous les sièges du nouvel hémicycle, l’Arc-en-ciel qui traversa le ciel le jour fatidique en annonçant les couleurs, les plus optimistes ou les plus crédules politiquement s’étant laissé monter le bourrichon au gré d’un phénomène naturel apparu le plus spontanément du monde, superstition quand tu nous tiens ! Pourtant, ce ne sont pas les foins qui manquèrent dans les sabots de la monture, du foin il y en avait aussi dans les bottes des cavaliers, les parcours ont aussi été inondés de foins, alors se pose la question assassine, qu’est qui n’a pas marché ? Qu’est ce qui a cloché pour que le parti ne s’offre pas une victoire écrasante comme cela semblait être de tradition en guinée pour les partis qui tiennent les rênes du pouvoir ? Telle époque telle mœurs, d’abord, cela apparaît clairement, il y avait comme un fossé, une cloison étanche entre l’utopie nourrie par ceux qui tiennent le parti et le réalisme contraint du grand leader, tout fricotage flagrant et abusif étant suicidaire et pouvant précipiter le pays entier dans l’abysse de la déchirure, Alpha Condé savait qu’il lui était interdit de s’en mettre plein les poches comme feu Général se le permettait sans coup férir, oui au temps du Général, la notion de fief n’était pas de mise, le Général gagnait partout où il le voulait, personne n’osait piper mot. C’est donc connu, il ne faut pas s’attendre à grand bouleversement des équilibres avec les résultats de la cour suprême, l’arc-en-ciel ne recouvrira pas tout le ciel de l’hémicycle, loin s’en faut, il se voit obligé de manœuvrer, et même de ferrailler dur pour rallier à sa cause de petits partis en vue justement de se constituer une majorité qualifiée, ce n’est point de la sinécure, ce n’est pas non plus de la tablature. Au jeu de poker mentir, c’est sûr qu’il usera de tout son entregent diplomatico-financier pour arriver à ses fins. Justement, se retrouver dans une telle posture, en être à recoller les morceaux, c’est ce qui fâcherait le grand leader, lequel y voit ainsi l’échec de la stratégie de campagne du parti et in fine de toute sa gouvernance et surtout du programme de changement pour lequel le peuple de Guinée l’a porté au pavois de la nation en 2010.
Alpha Condé a beau jeu de voir rouge, de prendre le mors aux dents, ça fait mal de se voir sanctionner ainsi, même si par du maquignonnage langagier, on entend ici et là des seconds couteaux s’échiner à édulcorer le sentiment de malaise savamment contenu au RPG-Arc-en-ciel, ce n’est en tout cas pas la grande joie, et il ne faut pas s’attendre à des célébrations pompeuses à l’annonce de l’arrêt de la cour suprême. La giroflée à cinq feuilles prise en pleine figure par le parti dans la capitale, restera pour longtemps comme une arrête en travers des gorges de ceux qui ont géré la campagne des législatives. Au fil des réunions qui s’enchaînent depuis l’annonce des résultats provisoires aux fins de situer les responsabilités, le ton monte, des gueulantes le disputent aux remontrances, ce ne sont que des signaux annonciateurs du grand chambardement attendu. Plus qu’un impératif de survie, c’est sa réélection en 2015 qui est en jeu, Alpha Condé sait qu’il lui est interdit de se louper à nouveau.