Ils ont une peur au ventre. Les infirmes. Ils envahissent les routes, les marchés, les places publiques…
plusieurs familles ont élu domicile sous le pont situé en face de la mosquée Fayçal. Ils sont sommés de quitter les lieux moyennant des enveloppes.
Interrogé, Sow Mamadou porte-parole de l’association des personnes handicapées ne cache pas son angoisse : « le département des affaires sociales veut nous dégager ici sous prétexte que nous allons bénéficier d’une somme d’argent. Or c’est pas vrai. Nous ne quitterons pas ici tant que la cité que le président Alpha Condé nous a promise n’est pas construite.» Assis sur son tricycle, SOW indique qu’il est titulaire d’un diplôme en informatique. Il attend la concrétisation du projet qui vise à intégrer les handicapés détenteurs des diplômes et métiers dans la société.
Abdoul Karim Keita est le secrétaire administratif de l’association des personnes handicapées. Il est très amer vis-à-vis du ministère des Affaires Sociales qui selon lui, a promis 15 millions de francs guinéens à chaque famille. Mais la hantise des handicapés, c’est comment quitter la ville et rejoindre le village alors que dit-il, ils ne sont pas aptes à faire les travaux champêtres : « Pas question » ! rougit Keita.
Fodé Soumah basketteur de l’équipe nationale des handicapés déclare que personne ne peut les envoyer au village avec force. Des rumeurs circulent à travers la ville comme quoi une institution arabe aurait accordé de l’argent aux handicapés guinéens. De nos jours se fâche Soumah, les handicapés n’osent pas approcher une voiture : « La réponse qu’on lance sèchement dans la figure, tantôt on va nous donner 15 millions, de rester tranquille ». C’est tout dire.
Sadio Baldé