C’est une première rencontre au sommet entre deux rivaux historiques, la République populaire de Chine et la République de Chine. Autrement dit, entre les plus hauts dirigeants de la Chine continentale et de l’insulaire Taiwan, régime issu de l’ancien pouvoir chinois. Depuis la guerre civile, qui a opposé les communistes de Mao Zedong et les nationalistes du président chinois de l’époque, Chiang Kaï-chek – exilé avec les siens à Taiwan en 1949 -, aucun numéro un chinois n’a jamais rencontré son homologue taiwanais. Samedi 7 novembre, Xi jinping et Ma Ying-jeou vont le faire. Il y a quelques jours encore, personne ne s’y attendait.
Cette rencontre historique a été préparée dans le moindre détail et dans le plus grand secret. Un terrain neutre : Singapour. Une heure de rencontre : samedi après-midi. Sept personnes de chaque côté. Pas de communiqué final, mais des conférences de presse séparées. Et tout de même un dîner pour clôturer le rendez-vous, qui a déjà sa place dans les livres d’histoire.
Pour le président Ma, c’est une première étape vers la normalisation des relations diplomatiques entre les deux rives du détroit. Mais la « politique des trois non » reste en vigueur : « non » à l’unification, « non » à la séparation (c’est-à-dire l’indépendance formelle de Taiwan, et « non » au recours à la force.
Le choix de Singapour est également hautement symbolique. C’est d’une rencontre entre diplomates chinois et taiwanais à Singapour qu’est né le « consensus de 1992 », selon lequel les deux parties acceptent le concept de la « Chine unique », tout en s’autorisant leur propre définition de cette Chine unique…
Les sujets délicats seront soigneusement évités. On ne parlera donc pas des contentieux territoriaux en mer de Chine. Par souci de dignité et de réciprocité, les deux présidents s’appelleront « Monsieur Ma » et « Monsieur Xi ». S’appeler « président » serait contraire au consensus de 1992 : une seule Chine ne saurait avoir deux présidents !
RFI