Constatant sa Guinée « contrastée » et ses compatriotes impuissants devant les dures réalités du moment, l’ancien ministre d’Etat Secrétaire général de la Présidence se voit concerné et tente par la même occasion de trouver une approche de solution tangible qui pourrait être profitable à l’ensemble du vaillant peuple de Guinée.
Selon Tibou Kamara, la Guinée est en train de vivre des situations extrêmement contradictoires. Pour lui, le pays est à la fois très chanceux d’une part et aussi victime de ses fils et filles d’autre part.
En effet dit l’orateur, « la Guinée ne cessera jamais d’être une terre d’espérance et d’avenir, portée par l’élan de la liberté et du progrès et qui est aussi animé d’un désir de dignité âprement acquis depuis son indépendance ». Un don « divin » intarissable dit-on.
De même, soulignera – t – il, notre pays « a l’habitude de décevoir et d’être souvent responsable de ses malheurs. D’où notre « pêché originel », s’exclame – t – on, par ailleurs.
Partant ainsi de cet amer constat qu’il s’est fait déjà, l’enfant de la cité sainte de Dinguiraye s’interroge sur le « double » visage que présente la gestion du pouvoir par le Président de la République de sa patrie.
Pour Tibou, les « débuts du second mandat du Pr Alpha Condé ont été certes prometteurs » mais à l’heure qu’il fait, il scrute un horizon apparemment bien sombre.
Par ailleurs, il impute l’échec du premier mandat présidentiel par la «longue série noire d’une instabilité chronique et de l’apparition funeste d’Ebola ».
Du premier au second mandat, la bataille politique entre les acteurs de la mouvance et ceux de l’opposition n’aura pas ou presque jamais apporté de positif dans la construction d’un Etat de droit et de pays tourné résolument vers son développement harmonieux et durable, regrette l’ancien ministre.
« En Guinée, d’après lui, l’opposition qui n’a pas d’autre recours que les manifestations, n’a pas d’autre choix que de descendre dans la rue pour se faire entendre, montrer qu’elle est toujours là et compte encore, malgré les revers subis ».
Alors qu’en face de cette triste et ridicule tendance pourtant récriminatoire pour le peuple soumis de Guinée, le « Président ne semble s’épanouir que dans l’adversité et la confrontation permanente, comme si ce n’est que dans la difficulté qu’il retrouve ses meilleures facultés et des aptitudes insoupçonnables », renchérit l’Homme politique.
Aujourd’hui et plus que jamais situé entre l’enclume (le pouvoir) et le marteau (l’opposition), le citoyen lamda patauge présentement sans outre mesure.
De l’avis de cet ex haut responsable de l’Etat guinéen, «la population a perdu ses repères entre le pouvoir confronté à la survie quotidienne et l’opposition depuis toujours engagée dans la résistance et, ajoute – t – il elle ne sait pas de quoi demain sera fait, à quel lendemain s’attendre ».
Peu tendre avec son allié au pouvoir et ses amis de l’opposition dans cette sortie médiatique, sieur Tibou affirme haut et fort que « la République peine à trouver ses marques, parce que les valeurs qu’elle incarne ne sont pas compatibles avec les habitudes acquises et les intérêts de circonstance ».
Pour lui, la crise de confiance entre les acteurs liée notamment au manque de « dialogue franc et direct » fragilise « le climat politique national », affecte négativement « la démocratie naissante de notre pays » et compromet « la cohésion sociale ». D’après l’orateur, les leaders politiques, de tous les bords confondus, font passer leur sot d’humeurs devant les attentes des populations qu’ils sont pourtant censés défendre.
En déplorant les démarches peu catholiques de la mouvance et de l’opposition dans situation sombre de sa Guinée natale, Tibou Kamara dénoncent l’attitude des «opposants irréductibles qui ont consacré du temps et de l’énergie à pourfendre un pouvoir et qui en deviennent les « défendeurs » et nouveaux boucliers par l’opération du saint esprit ».
De même ; il désapprouve le fait que des «dignitaires déchus ou se sentant lésés disputent à l’opposition, par la même opération de saint esprit, sa vocation naturelle : critiquer, dénoncer ».
L’ex ministre secrétaire général ne se situe plus par rapport la position de ses compatriotes que déambulent à souhait et à volonté dans un camp comme dans l’autre. « Plus personne ne sait qui est de l’opposition, qui est de la majorité, puisque ce n’est pas une question de conviction ou d’idéologie, mais c’est en fonction de l’intérêt du moment, autant conclure, que « c’est à la tête du client », dixit notre ancien confrère.
Selon Tibou, le Président de la République de Guinée a encore du mal à se départir de son « manteau » d’opposant en dépit des atouts dont il dispose dans ses fonctions actuelles. Soulignant au passage que « le professeur Alpha Condé qui est le premier Président qui a milité dans l’opposition des années durant avant d’accéder au pouvoir, s’est assez imprégné des servitudes de la lutte politique et ne peut ignorer la culture démocratique. Cependant et pour le moment, il n’a pas réussi la mutation nécessaire pour changer les mentalités et accélérer le processus démocratique ».
Pire, constate – t – il, « comme par le passé, dans un contexte plus sensible encore de clivages ethniques et de communautarisme exacerbé, le pouvoir et l’opposition ne se considèrent pas comme des partenaires de la cause démocratique, mais comme ennemis mortels d’un enjeu de pouvoir ».
Cependant, l’Homme d’Etat espérait mieux avec la loi instituant le statut de chef de fil de l’opposition, un acquis démocratique qui a suscité l’espoir d’une cohabitation pacifique et d’une meilleure compréhension entre le pouvoir et l’opposition liés par ce pacte républicain. Mais malheureusement, regrette – t – il en indiquant qu’ « on en est resté à l’effet d’annonce parce que cette loi souffre comme le pays des contentieux interminables entre le pouvoir et ses opposants ».
Dans sa composition actuelle, l’équipe gouvernementale en charge de conduire avec le Chef de l’Etat la politique générale et les missions spécifiques en faveur des laborieuses populations guinéennes semble constituée des cadres de niveaux « cadets et juniors » placés dans une compétition de catégorie « senior ».
D’où les multiples questionnements de Tibou Kamara dans sa chronique du week-end passé. « Pourquoi le pouvoir, chaque fois qu’il semble avoir un avantage se crée des complications inutiles qui crispent le pays et ravivent les risques d’instabilité politique et de conflits sociaux ? ».
Comme beaucoup de ses compatriotes qui l’admettent, ce proche d’Alpha atteste que « le second mandat du professeur Alpha Condé avait bien commencé avec la volonté affichée d’apaiser le pays et de rassembler les Guinéens ». Mais déjà et après les grandes promesses et l’immense espoir suscités, le pays a recommencé à douter et les Guinéens se montrent préoccupés par un horizon de plus en plus incertain ».
Reconnaitre que « le gouvernement guinéen est présentement est isolé dans la majorité et contesté dans l’opinion » est une évidence que nous partageons avec lui. Ajoutant que celui-ci « est dominé par de nouveaux venus sans ancrage politique et social ni assise populaire dans le pays ».
Sans embase et cela pour le bien aussi bien du Président que du peuple de Guinée, Tibou Kamara considère et insiste dessus que le Président de la République se doit de changer le fusil d’épaule. Pour «rétablir son autorité, reconstituer et renforcer sa majorité et se prévaloir d’une légitimité plus grande dans le pays, Alpha Condé est obligé d’entendre les cris qui s’élèvent dans la Guinée profonde, d’écouter les récriminations de ses partisans frustrés et lésés par ses actes et ses choix », déclare – t – il. Avant d’ajouter qu’ « il doit dissoudre le gouvernement et faire l’effort cette fois de consulter ses partenaires et alliés avant de publier sa liste de ministres ».
Pour ce chroniqueur aguerri, le gouvernement guinéen devrait être la synthèse de l’ensemble des forces vives que constitue notre peuple. Avec le RPG en avant de la scène et aussi les paris alliés et ceux de l’opposition dans une composition reflétant tous les courants sensibles de notre pays.
Tout en mettant à côté les « cooptations de personnalités souvent les moins représentatives ».
En définitive, estime Tibou Kamara, « le professeur Alpha Condé, sait mieux que quiconque, même si certains de ses actes en font douter, que la politique est une question de rapport de forces et d’équilibre dans les choix, que la démocratie est un régime d’ouverture et de partage et de cohabitation entre les forces qui comptent dans le pays et les personnes les plus représentatives de la société ».
Bref enfin, Alpha Condé ou tout autre Chef d’Etat ne peut jamais à lui tout seul « gouverner ». Dans cette chronique, Tibou Kamara s’est montré tranchant dans ses propos et n’a ménagé aucun des responsables de la vie politique nationale guinéenne.
Ibrahima Diallo
DG Radio Liberté FM