Alors même que les souvenirs de la récente hausse de la TVA (de 18% à 20%) sont encore vifs dans les esprits car payés « cash » par les usagers des services de télécommunications, l’une des principales sociétés de la place vient de jeter des cailloux dans le jardin de ses clients : à savoir une nouvelle hausse tarifaire pour le moins fulgurante.
Face aux nombreux appels, tantôt au boycott des produits de la société Orange Guinée (filiale de la Sonatel au même titre que Malitel faisant partie de la multinationale Orange), tantôt à la démission des responsables de l’ARPT, il semble indispensable de regarder de plus près cette situation afin d’informer au mieux la population.
Les 10 millions d’utilisateurs de téléphones portables en Guinée (pour l’ensemble des opérateurs), ont émis en appel local plus de 9 milliards de minutes, selon le rapport d’activités de l’ARPT de 2014; avec une croissance moyenne annuelle du nombre d’utilisateurs de téléphones de 21,88%, soit près de 11 milliards de minutes en 2015. Avec une moyenne de 500 GNF/ minute, le CA (Chiffre d’Affaire) généré s’élève à plus 5.500 milliards GNF (soit environ 550 000 millions d’euros), et ce, sans compter le CA généré par les appels internationaux, les appels émis depuis les autres opérateurs, les forfaits internet, les forfaits SMS, les forfaits télévision, mobile money, …
Les forfaits internet générant plus du double du CA des forfaits appels téléphoniques, au total, il faut compter près de 2 milliards d’euros (20 000 milliards GNF) de CA généré par les opérateurs télécoms et dont une grande majorité sort de nos frontières, convertie en devises étrangères.
L’ARPT perçoit aux alentours de 660 milliards de GNF (66 millions d’euros) au titre des redevances dues sur les appels téléphoniques.
La TVA due par les sociétés de télécommunications, avoisine les 5 000 milliards GNF (500 millions d’euros) soit autant que les services douaniers guinéens, ce qui au bas mot représente plus de 12% du PIB Guinéen et près de 40% du budget annuel.
Les sociétés de télécommunications, étant essentiellement des multinationales pratiquant la mutualisation des pertes et profits à l’international, reversent au trésor public guinéen 0,1% de leur CA au titre de l’IS (Impôt sur les Sociétés), soit environ 55 milliards GNF ; ce qui occasionne un manque à gagner 20 fois plus élevé.
En d’autres termes, l’Etat Guinée ne perd pas moins de 950 milliards GNF chaque année de ce fait. Ceux-ci ne seront jamais réinvestis en Guinée, ne serviront jamais à y créer de nouveaux emplois, ne serviront jamais à améliorer les conditions de vie des salariés, encore moins à améliorer la qualité des services, rien de tout ceci; ils s’envolent dignement vers les paradis fiscaux.
Cette pratique n’est cependant pas la seule à blâmer. La Loi L/2015/N°002/AN actuellement en vigueur dans le secteur des télécoms, semble avoir prévu des redevances uniquement sur les appels téléphoniques.
Les autres services internet, SMS, télévision, mobile money, passent complètement à la trappe, ce qui représente un manque à gagner de plus de 1000 milliards.
Un terrible déficit en termes de législation que le consommateur guinéen, paye au prix fort.
A quand une sérieuse et vraie compagnie nationale de télécoms de droit guinéen, qui emploierait des guinéens compétents et qui réinvestirait ses bénéfices sur place ?
A méditer !
Mamadou Oury DIALLO / Kabinet Fofana pour mosaiqueguinee.com