Le parcours scolaire, universitaire et professionnel
Mon cycle scolaire commence en 1962 à Fidako dans la sous-préfecture de Niagassola (Siguiri) et j’ai terminé le CEP en 1969 à Niagassola. Après c’est le collège Morifindjan de Kankan, puis le lycée Ho-chi-Minh de Kankan en électromécanique puis l’Université de Kankan. Je suis de la 15ème promotion de l’Université Guinéenne, la promotion Josip Broz Tito. Après c’est la formation commune et de base de service civique et c’est à cet instant que j’ai été retenu au niveau de ce corps d’élite du pays.
De 1981 à 83, j’ai été affecté à la cellule de communication de cette institution militaire du pays et puis envoyé à la Radiotélévision Guinéenne, pour un stage de perfectionnement de 1983 à 1986, où je présentais le journal parlé et puis reporter sportif.
Le cycle militaire aussi a suivi le processus normal. D’abord la formation commune de base, la milice nationale. Après la prise du pouvoir du CMRN (Comité Militaire de Redressement National) en 1984 après la disparition de feu Ahmed Sékou Touré, la milice a cessé d’exister et je me suis retrouvé affecté au niveau de l’armée de terre au camp Samory en 1986 avec la direction générale du sport militaire et paramilitaire en qualité de secrétaire général, en même temps je continuais à être collaborateur extérieur de la Radiodiffusion Télévision Guinéenne dans le domaine du sport.
En 1989 à Lomé lors d’une Assemblée Générale, j’ai été élu chargé de communication de l’Office de Liaison de l’Afrique de l’Ouest qui coordonne les activités du sport militaire au niveau de la CEDEAO. Je devais être au Nigéria au siège de l’Office. Entretemps j’étais instructeur au Camp Kèmè Bouréma de Kindia de la promotion 90 de l’armée guinéenne.
Après, j’ai été appelé à d’autres fonctions au Libéria pour le processus de paix. J’étais responsable de la presse au niveau du premier contingent de l’ECOMOG avant de rejoindre mon poste au Nigéria en 1991 comme chargé des relations publiques et médias de l’Office de Liaison de l’Afrique de l’Ouest. Je suis resté là de 1991 jusqu’à ce que le siège a été transféré à Ouagadougou en 1994 et j’ai rejoins Ouagadougou en septembre 1995, après les premiers jeux mondiaux militaires en Italie, où je suis resté jusqu’en 2003.
En 2001, à l’assemblée générale du CISM à Alger, le continent m’a encore élu pour être l’Officier de liaison Afrique au secrétariat général du CISM à Bruxelles. Le poste était resté vacant quelques temps et j’ai quitté Ouagadougou en 2003 pour rejoindre le siège du CISM à Bruxelles comme officier représentant l’Afrique au secrétariat général du CISM jusqu’en 2014 où je fus élu secrétaire général du CISM.
La place du Sport dans une armée
« Plus de sueur en temps de paix, moins de sang en temps de guerre »
La place du sport dans une armée est qu’on n’est pas un bon combattant si vous n’êtes pas en bonne condition physique. Ça c’est la base fondamentale de toute armée, la condition physique ; donc le sport c’est le quotidien du militaire.
Vous n’êtes jamais un bon soldat si vous n’êtes pas en bonne condition physique. Voilà la place du sport dans la préparation du soldat pour affronter la guerre.
Il y a un général Russe qui disait pendant la deuxième guerre mondiale : « Plus de sueur en temps de paix, moins de sang en temps de guerre ». Ça veut dire que c’est la pratique du sport au quotidien pour avoir beaucoup de sueur.
Le Conseil International du Sport Militaire (CISM)
Le Conseil International du Sport Militaire (CISM) a vu le jour le 18 février 1948 après la deuxième guerre mondiale. Son but est de permettre aux soldats du monde se retrouver beaucoup plus sur les terrains de jeux que sur les champs de bataille. Au mois de février 1948, quelques pays se sont retrouvés lors d’un championnat d’escrimes, et à l’occasion de ce championnat, les pays fondateurs du CISM, au nombre de 5 (France, Pays-Bas, Danemark, Belgique et Luxembourg) ont décidé de créer le Conseil International du Sport Militaire (CISM). Il y avait eu déjà une autre tentative d’une telle organisation dès après la deuxième guerre mondiale qu’on appelait le sport des forces alliées. Après il y a eu des dissensions politiques, cette organisation n’a pas survécu aux problèmes politiques mondiales parce que la Guerre Froide avait déjà commencé, l’Union Soviétique s’est retirée, l’Angleterre, la Pologne, etc.…
De 5 pays en 1948, nous sommes aujourd’hui 136 pays membres des quatre continents et l’Afrique en a 46, l’Europe en a 42, l’Asie 30, les Amériques 18 donc vous avez les 136 pays. La politique d’expansion continue parce que beaucoup de pays continuent de frapper à la porte pour leur adhésion au CISM.
Voilà comment le CISM est né et son idéal c’est promouvoir la paix à travers le sport dans le monde entier.
L’Ascension à la tête du CISM
Je crois que les autorités guinéennes m’ont donné l’occasion de gravir tous les échelons du sport militaire. D’abord au niveau local, j’ai servi la délégation guinéenne vu que notre pays est membre depuis 1981. J’ai été secrétaire général du sport militaire et paramilitaire en Guinée. Mon métier de journaliste sportif m’a aussi aidé dans ma carrière internationale. Je suis allé au Ghana en 1993 pour un stage en management du sport, c’est très important pour gérer de telles institutions.
Il faut dire que la permanence, la durée dans la structure a été beaucoup pour quelque chose ; la constance dans le métier m’a beaucoup aidé. L’amour que j’ai aussi pour ce travail, je suis le premier non européen à briguer ce poste de secrétaire général du Conseil International du Sport Militaire (CISM) depuis sa création. C’est un mérite qui revient à mon pays, aux autorités militaires et politiques qui m’ont laissé faire carrière dans cette institution.
Le Secrétaire Général et le Président du CISM
Le rôle n’est pas aussi compliqué, c’est la gestion au quotidien de l’administration du Conseil International du Sport Militaire (CISM). Je suis au quartier général le premier responsable pour la gestion administrative de l’organisation. Nous sommes partagés entre un personnel militaire détaché par les pays membres et un personnel civil sous mon autorité pris en charge par l’organisation. Nous avons un personnel civil très expérimenté qui nous assiste au quotidien. Nous avons des officiers venus de beaucoup de pays qui sont ici pour servir l’organisation au quotidien.
Le président est le coordinateur général au plan politique ; il ne siège pas au quartier général. Il représente le CISM au plan mondial et il n’est pas beaucoup impliqué dans l’administration au quotidien du CISM. Il préside les congrès et l’assemblée générale.
A un point de vue organisationnel, il a une place beaucoup plus d’honneur qu’exécutif. Je suis l’exécutif, le président s’occupe de la coordination au plan mondial sous forme honorifique.
Des reformes et un bilan positif
Nous sommes une organisation très bien structurée. Vous avez d’abord le congrès et l’assemblée générale qui est l’organe suprême. Mon rôle c’est d’être en relation régulière avec toutes les délégations. Chaque pays membre est représenté par une délégation ; donc le secrétaire général doit être en contact permanent avec tout le monde.
Les reformes se sont avérées positives par rapport au nombre de championnats que nous organisons. Quand j’arrivais, le niveau avait baissé, on n’avait pas plus de 6 à 7 championnats du monde par an. Depuis mon arrivée, on a 17 à 18 championnats du monde par an et la tenue régulière de toutes nos réunions statutaires, comités directeurs au niveau des continents, de l’assemblée générale, les évènements majeurs. D’abord les jeux mondiaux militaires d’été comme les jeux olympiques, on a les jeux mondiaux militaires d’hiver, les jeux mondiaux des cadets plus les années intermédiaires ce qu’on a comme championnat, 20 championnats du monde par an. C’est la seule organisation multi-sportive au monde qui arrive à un tel niveau bilan annuel.
On a essayé encore de relancer notre centre de développement au niveau des continents, ça c’est dans le domaine de l’assistance technique et de la formation. Ce sont des aspects qui font partie aussi de nos activités. Il faut dire que pour le moment le bilan est positif dans l’ensemble.
Le CISM et les autres organisations sportives mondiales
Le Comité International Olympique a reconnu notre organisation depuis 1995, la reconnaissance a tardé parce qu’à l’époque il y avait deux institutions sportives militaires dans le monde pendant la période de la guerre froide. Il y avait le SKDA qui était une organisation des pays communistes. (…) En 1995, on a eu la reconnaissance du CIO et les autres fédérations sportives internationales. On a un mémorandum d’entente avec toutes les fédérations sportives internationales. Parce que vous ne trouverez pas une seule fédération internationale qui n’a pas en son sein un athlète militaire.
Pendant les jeux olympiques, nous avons un village du CISM pour faire les statistiques de participation des athlètes militaires à ce haut niveau de compétition. Vous retrouverez 25 à 30% de médailles remportés par les athlètes militaires pendant les Jeux Olympiques.
Ça veut dire que nous sommes intégrés à toutes les fédérations et si vous prenez les statistiques de n’importe quel pays au monde, vous trouverez les athlètes militaires sélectionnés dans les équipes nationales. Donc c’est un peu notre contribution aussi au plan national et au plan international.
Nous avons un mémorandum d’entente avec toutes les fédérations internationales. Nous sommes invités à leurs congrès, nous les invitons aussi lors de nos congrès et évènements majeurs. Nous tenons compte des règlements de toutes ces fédérations internationales même si nous avons aussi nos propres règlements parce qu’on a quelques sports typiquement militaires qui n’ont pas de fédérations internationales mais dans la généralité, nous travaillons avec toutes les fédérations.
Le sport militaire guinéen
L’évolution du sport militaire guinéen est resté constante, c’est vrai pas de très haut niveau. Je ne gère pas ce volet local à partir d’ici mais je suis au quotidien l’évolution de nos équipes à partir du championnat local ou à partir de leur participation aux activités du CISM. Récemment j’étais à Ouagadougou, la délégation guinéenne était venue avec une équipe de Volley-ball qui s’est classée 4ème sur 6 ; c’est un tout petit peu moyen mais notre constante c’est ce qui m’intéresse beaucoup plus que les résultats ou comment obtenir ces résultats, cela relève de la délégation guinéenne. Il faut dire déjà que les autorités guinéennes sur le plan militaire politique déploient beaucoup d’efforts pour que nous soyons toujours présents aux évènements majeurs du sport militaire international.
Nous avons participé aux six derniers jeux mondiaux militaires, nous étions au mois de janvier dernier à Oman pour la coupe du monde militaire de football ; nous étions en Corée avec l’équipe de football. Vraiment c’est des contributions majeures et ce n’est pas donné à tout le monde une équipe en Afrique de l’Ouest se rendre en Corée ou Oman donc sur ce plan j’apprécie la constante de la délégation guinéenne au sein du sport militaire international mais les résultats sont un tout petit peu moyens par rapport aux efforts fournis pour que nous soyons présents à ces évènements.
Il y a un travail de base qu’il faut encore effectuer au niveau du pays. Il nous manque des infrastructures sportives pour les équipes militaires qui est incompréhensible et il faut travailler là-dessus mais aujourd’hui ma satisfaction c’est que nous sommes vraiment présents à toutes les activités militaires que ce soit au niveau de l’Afrique de l’Ouest, au niveau continental ou mondial vraiment la Guinée est toujours présente et c’est un honneur mais au niveau des résultats il faut continuer à travailler.
Vos relations avec les autorités et la hiérarchie militaire guinéenne
Mon avis est très positif quant à ma collaboration avec la hiérarchie et les collègues au pays. Je vous ai toujours parlé de ma régularité et ma durée au sein de cette institution c’est parce que quelque part j’ai le soutien de la hiérarchie. Je suis toujours en service actif, je rends compte régulièrement de mes activités que ce soit au ministre d’Etat de la défense ou au Chef d’état-major général des armées et à ma base. Quelle que soit votre occupation à l’extérieur, vous appartenez à une nation.
Je suis en étroite collaboration avec la hiérarchie militaire et je crois que cela est important et je suis vraiment fier de l’appréciation que les autorités du pays font de ma mission et cela m’encourage à faire encore plus parce que partout où je suis c’est le drapeau guinéen et il faut mériter cette confiance.
Mandats et perspectives au sein du CISM
Le CISM, c’est un mandat de quatre ans, en principe 2018 il doit y avoir élection du président, du secrétaire général et les membres du comité directeur. Les conditions, vous devez être présenté par votre pays, il n’y a pas de limitation de mandat mais votre pays doit présenter votre candidature et l’assemblée générale vote pour le candidat qu’elle apprécie au mieux après présentation de vos CV ou de vos bilans.
Mots de la fin
Je suis très réconforté dans ma position avec tout mon personnel militaire et civil des différents pays et cela est très important. Au niveau du pays aussi, je me réjouis de l’attention particulière des autorités militaires et politiques sur le sport militaire et cela me donne encore beaucoup plus de courage et de volonté d’être réellement à la hauteur de ma mission.
Une fois encore Merci ! Que Dieu vous bénisse !
Réalisé par Moussa Tatakourou Diawara, depuis Bruxelles