Ce lundi 20 novembre 2017, l’humanité célèbre le 28ème anniversaire de la convention relative aux droits de L’Enfant. C’est en effet le 20 novembre 1989 que l’Assemblée Générale des Nations Unies a ratifié ce texte qui reconnaît les droits inaliénables à l’enfant, l’être fragile et vulnérable.
Les Etats parties venaient de se conformer ainsi aux premiers engagements pris dans la charte des Nations Unies, les pactes internationaux et la déclaration universelle des droits de l’homme. Il est question dans ces textes fondateurs d’un monde libre et respectueux de l’être humain, de la protection des tous petits, appelés à grandir au sein des familles et des sociétés.
Les enfants forment avec leurs parents, la première union sacrée promotrice de la cohésion sociale.
La déclaration des droits de l’enfant adoptée par l’Assemblée générale le 20 novembre 1959 insiste sur la nécessité d’accorder une protection spéciale à l’enfant comme c’est énoncé dans la déclaration de Genève de 1924. C’est pourquoi, dans nos démarches de tous les jours, nous devons nous opposer à tous les comportements qui ne nous aident pas à accomplir nos devoirs vis-à-vis de nos enfants.
Mes chers compatriotes
Comme au mois de juin dernier, nous célébrons l’enfant du monde, nous célébrons l’enfant guinéen. C’est l’occasion pour nous de faire l’examen de notre société pour répondre à quelques-unes des questions que nous nous posons. Les parents jouent-ils correctement leur rôle vis-à-vis de leurs enfants ? L’Etat garantit-t-il à tous, leurs droits sans distinction aucune ? Chacun peut naturellement répondre, mais nous avons de réelles préoccupations aujourd’hui. Nous sommes en 2017 et notre Etat ne parvient toujours pas à satisfaire correctement aux besoins fondamentaux des tous petits, l’avenir de demain. La précarité de nos populations ne leur permet pas de s’épanouir dans un monde sans pitié. Les inégalités persistent et il manque dans ce pays une politique sociale en faveur des démunis et des plus faibles. Ainsi, il se creuse chaque jour un fossé entre deux types de familles. Celles qui vivent dans un bonheur pour lequel elles n’ont pas souffert et celles qui souffrent mais qui demeurent misérables.
Nous avons encore des milliers d’enfants non scolarisés ou déscolarisés pour des raisons multiples. Nous vivons un paradoxe, puisque la dernière hausse du taux de scolarisation fait naître la baisse du niveau des apprenants ; un autre problème qu’il faut vaincre. Les raisons nous les connaissons. Le manque d’infrastructures, le manque d’enseignants qualifiés, les bas salaires accordés à ceux qui se sacrifient le plus, entre autres. Rien que la semaine dernière des élèves ont dû manquer à des cours importants de leurs programmes annuels, en raison de la grève déclenchée par le syndicat de l’éducation. Le gouvernement qui a pris le plaisir de gérer les crises par des arrangements et sa politique de diviser pour mieux régner, ne montre pas assez de volonté pour garantir à tous, l’accès à la connaissance scientifique.
Chers compatriotes,
Il suffit de faire un tour dans les établissements sanitaires pour voir les enfants malnutris avec leurs mères qui ne parviennent pas à assurer leurs soins. La couverture médicale est très limitée dans notre pays. Tous les jours, on peut craindre un désastre humain lié à l’insuffisance de centres de soins et l’indisponibilité des médicaments dans le monde rural. Les enfants de l’arrière-pays sont innocemment obligés de subir les conséquences de la démission de l’Etat. A cela il faut ajouter la persistance des pratiques traditionnelles dangereuses pour la santé de nos filles. Les mutilations génitales féminines ne sont pas véritablement combattues par les départements ministériels qui devraient le faire. Les ONG multiplient des campagnes de sensibilisations. Vaines resteront toutefois leurs démarches s’il n’y a pas d’actions au niveau des centres de décision.
Chers compatriotes,
Lorsque notre pays broie le noir, les citoyens ne peuvent garder le silence. Nous assistons ces derniers mois à des manifestations dans la région administrative de Boké, contre le manque d’électricité. Les dégâts sont enregistrés ; nous les déplorons. Nous ne devons pas oublier cependant que ces mouvements de colère sont provoqués par une crise jamais résolue. Nous invitons à libérer les jeunes de Sangarédi, arrêtés et actuellement détenus à la Maison Centrale de Conakry. Leur cas nous rappelle le triste épisode des jeunes de Ratoma arrêtés et déportés dans un camp militaire à Kankan. Ils doivent retrouver leurs familles auprès desquelles ils vont continuer à apprendre pour développer ce pays.
Nous réclamons donc justice pour ces jeunes arbitrairement détenus à la maison centrale et que lumière soit faite sur toutes les violations de droits de l’homme dans notre pays.
Notre combat, c’est le combat de tout être qui ambitionne de vivre dans le respect de la dignité et des droits de l’homme.
Notre combat, c’est le combat pour une société égalitaire dans le respect de nos différences et de notre diversité.
Notre combat en fin, c’est le combat pour une Guinée meilleure, dans une Afrique meilleure, dans un monde meilleur où chacun vivra avec fierté.
Chers compatriotes,
Non, nous ne ferons pas la fête aujourd’hui. Nous dirons plutôt notre indignation, nous clamerons plutôt, haut et fort, nos revendications, car nous refusons d’être comptable de l’échec de nos dirigeants, nous refusons d’être complice de ce crime contre l’humanité.
C’est pourquoi, pour tous ces problèmes connus de tous, nous disons qu’il reste encore beaucoup à faire pour que notre pays soit en adéquation avec les textes internationaux qu’il a ratifiés. Nous pensons au Bloc Libéral qu’il faut, à la place des discours, des actions fortes pour apprêter notre Guinée à participer aux défis du futur. Le combat de demain, se livre aujourd’hui.
Mes chers compatriotes,
Je m’adresse à vous, au moment où nos compatriotes sont dans le cachot du désespoir en Libye. Ces personnes appelées les migrants, pour la plupart des jeunes à la fleur de l’âge et des enfants, ne sont ni des malades mentaux, ni des objets à revendre aux enchères comme c’est malheureusement le cas en Libye. Ce sont des Africains, des Guinéens comme vous et moi, ayant perdu tout espoir en leur pays, fatigués des mensonges des dirigeants, déçus par la gouvernance de leur pays, qui ont pris la fatale décision d’aller chercher l’espoir par le désert et la méditerranée. Malheureusement, en plus de souffrir de faim et de soif sur cette route de l’enfer, ils tombent dans un trafic où ils sont la marchandise comme au temps de la traite des noirs. Ils sont vendus aux enchères, contraints aux travaux forcés et à la prostitution, certains sont violés, d’autres battus et pour les plus malchanceux, tués simplement.
Rien qu’en 2016, ce sont plus de 13.000 Guinéens qui sont partis par cette voie, ce qui classe la Guinée 2ème pays de départ des migrants irréguliers juste après le Nigéria. Que font nos dirigeants ? RIEN du tout ! Ce départ massif des jeunes est la preuve de l’échec des politiques jusqu’ici mises en œuvre dans nos pays. On a envie de dire : Y EN A MARE !!!
Avec d’autres africains, ils sont mis sur le marché par des individus sans foi. Cette pratique qu’ont connue nos anciens pendant les siècles sombres est encouragée par nos dirigeants qui gardent le silence sur tout. Ils se rendent ainsi complices et se distinguent par leur manque d’amour pour leurs gouvernés, pour leurs nations et pour leurs pays. Vous pouvez facilement vous rendre compte, par leur indifférence face au phénomène migratoire qui endeuille les familles africaines.
Chers compatriotes,
Ce qui choque le plus aujourd’hui, c’est bien la présence parmi cette foule d’esclaves noirs du 21ème siècle, des enfants qui devraient être dans les centres d’apprentissage. Leur avenir est gâché et les Etats ne peuvent plus compter sur l’apport de ceux qui sont morts ou mourants. Si les maîtres d’esclaves libyens, plongés dans les ténèbres, sont si cruels, nous ne devons pas oublier qu’ils sont servis par nos pouvoirs qui ont manqué à leur devoir, comme les chefs traditionnels des 15ème et 16ème siècles qui ont vendu des milliers de noirs, en guise de leur contribution à la traite atlantique.
Aujourd’hui, le parti que j’ai l’insigne honneur de diriger, veut adresser ce message aux autorités politiques guinéennes : Le drame est fait, il est connu, il faut maintenant sauver ceux qui peuvent encore être utile à notre pays. Le gouvernement doit se donner les moyens pour rapatrier, et maintenant, les Guinéens qui sont dans les prisons et qui attendent d’être vendus honteusement. Il faut agir, car c’est une question d’honneur et de dignité. Dans cette Afrique sub-saharienne dont les peuples vivent quasiment les mêmes réalités, nous ne devons pas accepter que d’autres s’illustrent par leur courage à sauver les leurs sans que nous nous n’exprimions le minimum de respect pour nous-mêmes.
Je salue le discours du président guinéen, président en exercice de l’union africaine, qui s’est indigné comme nous autres. Certes, il faut convoquer une réunion pour discuter de ce sujet à la fois humiliant et choquant au sein de l’union africaine, mais nous croyons que chaque dirigeant peut prendre des dispositions pour répondre favorablement à la volonté de son peuple quand il est encore temps.
Chers compatriotes,
Le chemin est encore long et certainement difficile, mais si nous nous retroussons les manches et nous redoublons d’ardeur, un jour nous pourrions nous retourner pour regarder en arrière et dire « ça n’a pas été facile mais nous l’avons fait ».
Un jour, l’histoire dira que des voix se sont levées contre ces maux dont souffre notre société et ces voix, ce sont les nôtres !
Vive l’enfant guinéen
A bas l’esclavage ici et ailleurs
Vive l’égalité
Pour que vive la République.