Deux sujets qui font encore parler d’eux : la gestion par le régime Condé de la grève des enseignants en cours dans le pays, et l’interdiction, faite en dehors de tout cadre légal par le Chef de l’Etat aux radios privées, de donner la parole au syndicaliste Aboubacar Soumah.
Nos confrères de Gangan, à l’image de beaucoup d’autres médias privés, en ont largement parlé cette semaine avec le juriste Karamo Mady Camara, dans une de leurs émissions. Leur invité, dans ses analyses-comme il en a l’habitude d’ailleurs, dit les choses de manière crue, certainement pas pour se faire plaire.
De la grève qualifiée de rébellion par le Président de la République…
«Nul n’a la capacité de donner une connotation l’égale ou pas à une grève, si ce ne sont pas les juridictions compétentes. Ni le président de la République ni le gouvernement, encore moins l’autre partie des syndicats, ne sont habilités à qualifier une grève d’illégale ou pas. Les juridictions sont là pour pouvoir faire son constat», précise-t-il.
Poursuivant ses propos, l’invité de Mamadou Oury Diallo, a affirmé qu’il appartenait au gouvernement de prendre acte de ce mot d’ordre de grève. S’il estimait que toutes les conditions n’étaient pas réunies pour une grève, le gouvernement pouvait en ce moment, saisir les juridictions compétentes afin que celles-ci puissent se prononcer sur la légalité de la grève.
«Le gouvernement aurait été de très forte position pour sanctionner et réprimer en ce moment ceux qui se seraient évertués à poursuivre cette grève dès l’instant où il y aurait eu une décision constatant son illégalité», dit-il.
Mais malheureusement, déplore-t-il, moi je constate avec stupéfaction et déception que M. le président, lui-même s’érige en juge pour prononcer un caractère illégal du mot d’ordre de grève, ça c’est très déplorable.
Menace de fermer toute radio qui ferait passer un message de Soumah…
Le juriste croit que celui qui revendique 40 ans de lutte politique, est passé tout à fait à côté en s’en prenant à la presse qui n’a fait que son travail. Parce que, rappelle le jeune juriste, la presse est un contre-pouvoir pour l’exécutif. «Le président n’a pas le pouvoir de fixer une limite sur l’exercice de ce droit constitutionnel», a expliqué Karamo Mady Camara.
L’homme de droit a laissé entendre que le président ne peut pas donc interdire aux médias privés, de donner la parole à un citoyen libre.
«Moi, je ne savais pas si le président de la République est devenu le rédacteur en chef des médias privés. C’est extrêmement grave pour la stabilité démocratique du pays», a conclu, le juriste Karamo Mady Camara.
Il n’a pas manqué signaler que le chef de l’Etat dans tout ça, s’est laissé emporter par des réactions épidermiques.
Ramatoulaye Diallo et H. Kolié