Victime des agressions rebelles de 2000, la préfecture de Guéckédou peine encore à se relever de ses cendres. Située au sud de la Guinée à près de 700 kilomètres de la capitale, cette autre localité de la Guinée Forestière manque presque de tout et les populations vivent sous d’épaisses couches de poussières causées par des routes complètement dépourvues de bitume. Les plaintes sont énormes et les citoyens ne savent vers quelle direction se tourner.
Avec ses vingt-six quartiers, Guéckédou fait partie des quatre préfectures de la forêt qui n’ont pas bénéficié à ce jour d’un centimètre de bitume depuis l’avènement de la troisième République. Ce, malgré le fait que la région de N’Zérékoré ait abrité en 2016 la célébration de la fête tournante de l’indépendance de la Guinée.
Cependant, les préfectures se situant de part et d’autre de la ville de Guéckédou sont pourtant entièrement traversées par le goudron. Il s’agit précisément de Kissidougou au Nord et de Macenta au Sud qui ont bénéficié de la réalisation des projets de bitumage.
Les populations ne cessent de se plaindre compte tenu des risques qu’elles courent en s’exposant involontairement aux risques liés à l’inhalation de la poussière.
« La poussière est notre quotidien. Qu’on le veuille ou pas on est obligé de vivre avec, à moins qu’on quitte carrément la préfecture. On est vraiment conscient des dangers, mais l’État s’en fiche de nous, c’est pourquoi il nous abandonne à nous-mêmes », nous a confié Alexis Yaradounou, citoyen de la commune urbaine de Guéckédou.
Le week-end dernier, une délégation du ministre Marc Yombouno a procédé à la relance des travaux de bitumage de la voirie urbaine de Guéckédou pour une distance de dix kilomètres. Nombre de citoyens y voient déjà une action de campagne sachant que la date des élections communales s’approche à grands pas.
« C’est pour nous jeter la poudre aux yeux. Sinon, pourquoi attendre le début de la campagne pour relancer les travaux au moment où nous sommes en train d’être tués à petit feu par la poussière? En réalité, personne ne se soucie véritablement de nous et c’est dommage », a déclaré ce cadre de la localité qui a requis l’anonymat.
Le directeur national du budget en séjour dans la préfecture a déclaré à la jeunesse lors d’une rencontre que la ligne budgétaire pour le financement de la voirie urbaine existe déjà et à l’entreprise désormais de s’activer sur le terrain.
Intrigue, le coordinateur des travaux de bitumage menés par BEGEC dit que c’est à l’État de mettre les fonds nécessaire à la disposition de l’entreprise pour que les travaux soient exécutés dans un bref délai.
L’on se demande qui dit alors la vérité dans ce jeu de ping-pong.
En attendant que les routes de Guéckédou ne changent de physionomie, les populations continuent d’inhaler la poussière.
Mouctar Barry, envoyé spécial de Mosaiqueguinee.com