La semaine dernière, une marche de protestation contre l’ingérence dit-on, du Préfet dans la campagne électorale au profit du parti au pouvoir a été organisée par Alpha Ibrahima Diallo, tête de liste de l’UFDG à Dabola. Cette manifestation a failli de peu tourner à de violents affrontements dans la ville.
Lundi, 12 février 2018, un reporter de Mosaiqueguinee.com a rencontré ce professeur de lettres qui se plaint aussi de tentative d’assassinat et qui a vu sa plainte rejetée par la justice de paix, la gendarmerie et la police. Lisez…
Mosaiqueguinee.com : commençons par la campagne, pouvez-vous nous dire comment s’est-elle déroulée dans votre commune ?
Alpha Ibrahima Diallo : parlant de la campagne, il faut noter qu’il n’y avait pas assez de problèmes entre les adversaires sur le terrain. Le problème fondamental est qu’on se demande si l’autorité en place maitrise le contenu des textes. Parce qu’un préfet, sauf si je me trompe, n’a pas le droit de se mêler de ces élections.
Mosaiqueguinee.com : insinuez-vous que le Préfet de Dabola s’est mêlé de la campagne ?
Alpha Ibrahima Diallo : la preuve en est qu’à deux reprises, nous avons été à la préfecture où nous avons rencontré les deux Secrétaires généraux et nous leur avons fait comprendre que le Préfet ne doit pas s’y mêler. Mais on dirait qu’à chaque fois que nous passons, c’est ce qui l’encourageait à descendre sur le terrain et influencer les présidents de districts, les chefs de quartiers et les sous-préfets.
Mosaiqueguinee.com : et vous pensez que cela a joué sur les résultats qui donnent 12 conseillers au RPG, 8 à votre liste et 1 siège à chacune des trois listes indépendantes ?
Alpha Ibrahima Diallo : à deux jours des élections, ils ont demandé à la Chambre d’agriculture de doter le candidat du RPG d’huile, de riz et de la viande. A 24 heures des élections, ils sont allés dans tous les villages pour distribuer ça.
C’était une initiative du Préfet. Ce qui est le plus surprenant, c’est que celui qui a été envoyé par le ministère de l’Administration du Territoire, M. Mamadou Kallé, vice-président de la Commission Administration de Centralisation des Votes (CACV) était sur le terrain, en train de battre campagne pour le RPG Arc-en-ciel. Le jour du vote, Mamadou Kallé était dans son village, Kadabaya, où il a fait voter même les morts et des enfants avec des procurations. Il a ensuite sillonné d’autres villages comme Soulemania, Koumareya, Saourou et Kaléla. Il était accompagné du conseiller juridique de Kory Kondiano, Aly Kaba. Ils ont insulté nos représentants.
Le préfet s’est permis d’aller dire dans certains villages malinké, si vous votez pour un peul, tant pis pour vous. Lorsque de telles paroles sont dites par un cadre, un représentant du Président de la République, c’est dangereux. C’est tout ceci qui a permis au RPG d’avoir 12 conseillers par des calculs fantaisistes.
Mosaiqueguinee.com : 48 heures après ces élections, vous avez fait descendre vos militants dans la rue, qu’est ce qui vous a emmenés à le faire ?
Alpha Ibrahima Diallo : au lendemain des élections, j’ai réuni ma base et nous avons organisé une marche pacifique. Nous avons dit A bas le préfet et avons demandé son départ parce qu’il n’est pas à la hauteur de ses responsabilités.
Mosaiqueguinee.com : vous avez aussi porté plainte, qu’en est-il ?
Alpha Ibrahima Diallo : au lendemain de notre marche, un certain Almamy Aguimou Diallo, s’est rendu à mon domicile à 2 heures du matin. Il était accompagné de Lamine Fofana et Ansoumane Diop, tous des membres du RPG, et des policiers et gendarmes armés.
Ils ont tiré en l’air pour dissuader les jeunes qui étaient pour ma sécurité et entrer dans la maison pour me récupérer. Mais heureusement, ces jeunes se sont interposés et les voisins sont sortis. Ils étaient donc obligés de reculer. Le lendemain, j’ai été obligé de déposer ma plainte pour violation de domicile et tentative d’assassinat. J’ai adressé cette plainte à monsieur le juge de paix de Dabola. Très malheureusement, il dit qu’il est incompétent, et ajoute que je dois passer par la police ou la gendarmerie. Une fois à la police, le commissaire adjoint me dit qu’il ne peut pas me recevoir, d’aller à la gendarmerie. J’ai fait une autre plainte adressée au commandant de la gendarmerie.
Lorsque je lui ai expliqué le problème, il m’a dit qu’il ne peut pas prendre ma plainte parce que la gendarmerie est impliquée. Je lui ai dit que je ne suis pas surpris. Maintenant, je compte envoyer la plainte au niveau du procureur régional qui se trouve à Kankan pour voir si je peux avoir une suite favorable.
Mosaiqueguinee.com : ambitionnez-vous toujours être maire de la commune urbaine de Dabola malgré l’infériorité numérique dont vous souffrez ?
Alpha Ibrahima Diallo : j’ai l’espoir d’être maire. Pour tous les 23 conseillers, si on prend Dabola en compte, je suis le mieux placé pour être le maire de Dabola. L’expérience est là, je connais bien le terrain et j’ai des relations.
Mosaiqueguinee.com : mais une fois maire de Dabola, vos relations avec le préfet risquent d’être tendues.
Alpha Ibrahima Diallo : moi, je défends Dabola et le préfet veut quelqu’un qu’il peut embobiner et guider à sa guise. Dabola est la seule commune où il n’y a pas de siège. Les relations seront avec l’extérieur et les ressortissants. Avec le préfet, les relations de tutelle vont exister, mais ne me contrôlera pas.
Entretien réalisé par Thierno Amadou M’Bonet Camara