La Fédération Syndicale Autonome des Banques et Assurances de Guinée (Fesabag) et d’autres centrales syndicales, ont co-animé mardi une conférence de presse avec le Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (Slecg) pour exprimer leur soutien à ce mouvement dirigé par Aboubacar Soumah, qui avait déclenchée une grève depuis le 12 février 2018. Le même jour, un accord a été trouvé entre le SLECG et le gouvernement.
Abdoulaye Sow, Secrétaire Général de la FESABAG et vice-président de l’USTG, explique leur démarche, la touche particulière de son syndicat dans les dernières négociations. Le syndicaliste nous dévoile également sa propre lecture des conséquences de cet accord et les divergences entre syndicalistes.
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Mosaiqueguinee.com : pourquoi êtes-vous allés soutenir le SLECG à la dernière minute ? Est-ce simplement par confraternité ?
Abdoulaye Sow : nous sommes venus avec le SLECG dès les premiers jours, pour beaucoup de raisons. La première est que nous appartenons à des institutions financières qui évoluent dans notre pays. Nous avons constaté qu’avec ces mouvements sociaux, ces institutions étaient en difficulté par rapport à la société, que les travailleurs peinaient à venir au travail, certains ne pouvaient même pas venir, que nos clients ne pouvaient plus faire des dépôts, c’est-à-dire nous donner matière à travailler parce que nous sommes une institution bancaire, nous travaillons avec les ressources, les dépôts des clients.
En plus, nous sommes des pères de famille, nos enfants sont à la maison, ils ne vont pas à l’école.
L’ensemble de ces préoccupations nous ont motivés à venir d’abord faire une déclaration pour attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale, de toutes les centrales syndicales du pays, pour un dialogue responsable et constructif, qui puisse nous permettre de sortir de cette crise.
Mosaqieuguinee.com : lorsque vous êtes allés à la table de négociations où votre délégation a participé au dernier round, qu’est-ce que vous avez apporté de particulier ?
Abdoulaye Sow : nous avons été médiateurs, nous avons parlé à toutes les parties. Nous avons expliqué d’abord notre position : si solution n’était pas trouvée, nous-mêmes, nous serions dans l’obligation d’user de tous les moyens légaux à notre possession pour mettre fin à cette crise sociale qui minaient tout le pays.
Nous avons facilité les choses. Du côté du gouvernement, on leur a dit la vérité qui sied. Aux syndicalistes, on a dit qu’il s’agit d’une négociation, il faut que chacun comprenne l’autre pour qu’on arrive à une solution.
La preuve de notre médiation c’est que nous-mêmes (Fesabag Ndlr), nous sommes signataires du protocole pour assurer la garantie de l’accord, c’est-à-dire que si demain, le gouvernement ne respecte pas les dispositions de cet accord, nous serons obligés, en concertation avec le SLECG et les autres partenaires, de nous mobiliser ensemble pour faire respecter ce que nous avons signé.
Mais je pense que celui qui a représenté le gouvernement, est digne de confiance. Car Gassama Diaby c’est quelqu’un qui a prouvé qu’il tient ses engagements, il est responsable, donc nous pouvons lui faire confiance, il va respecter sa signature. Cet accord sera respecté de bout en bout, mais au cas contraire, nous prendrons toutes les dispositions nécessaires pour que cela soit.
Mosaiqueguinee.Com : l’autre constat est qu’il y a eu des divergences entre des centrales syndicales, est-ce que cet accord avec le SLECG de Soumah ne vient pas dérégler un peu l’establishment syndical ?
Abdoulaye Sow : je crois qu’il n’y a aucune adversité. Le rôle d’un syndicat c’est de défendre tous les droits des travailleurs ainsi que le travail. Donc pour moi aujourd’hui, il n’y a aucune divergence, nous sommes du même côté, on regarde ensemble les travailleurs que nous défendons, sauf si les gens s’écartent du rôle syndical. Sinon il n’y a aucun problème au niveau du mouvement syndical pour le moment.
Mosaiqueguinee.com : seriez-vous prêt, personnellement, à faire de la médiation entre Sy Savané et Aboubacar Soumah ?
Abdoulaye Sow : Aujourd’hui je ne parle pas d’une personne physique, je parle du SLECG qui a une légitimité. Le SLECG conduit par Aboubacar Soumah a une légitimité, aujourd’hui ce sont eux qui comptent. Le reste c’est des détails car un syndicaliste qui n’a personne derrière lui ne l’est pas. Donc aujourd’hui la légitimité appartient au SLECG dirigé par Aboubacar Soumah.
Mosaiqueguinee.com : quelle est l’actualité au niveau de la FESABAG ? Est-ce que vous aussi, vous préparez une grève ?
Abdoulaye Sow : on ne prépare aucune grève, la FESABAG est un syndicat hautement responsable, qui, à chaque fois que cela est nécessaire, présente des revendications qui sont généralement satisfaites. Donc dans notre secteur il n’y a aucun problème, tout se passe bien. Evidement, le parfait n’appartient qu’au ciel. Donc nous estimons que tout se passe bien à notre niveau et que demain sera meilleur qu’aujourd’hui.
Mosaiqueguinee.com : quel message avez-vous pour vos collègues syndicalistes ?
Abdoulaye Sow : j’invite les syndicalistes de tout bord à privilégier le dialogue partout et à faire en sorte que les troubles sociaux cessent dans notre pays.
Et je souhaite que les syndicalistes jouent véritablement leur rôle, celui de défendre le travail d’abord et les travailleurs ensuite. Que chacun soit dans la dynamique du respect des textes de loi qui régissent le travail dans notre pays, et les textes de loi qui consacrent notre République.
Interview réalisée par Thierno Amadou M’Bonet Camara