Il était dans toutes les négociations syndicales et les menaient jusqu’à la signature d’un protocole d’accord qui met fin à la grogne sociale. Il a été mis à l’écart dans ces discussions avec le SLECG, au gré des desiderata du frondeur Aboubacar Soumah devenu par la force des choses, l’interlocuteur du gouvernement pour renégocier les accords signés avec d’autres responsables.
Aujourd’hui, ce tout nouveau secrétaire général contesté du SLECG, n’en décolère pas contre lui. Il l’accuse de vouloir l’abattre en encourageant une autre fronde au sein de sa fronde. Lui c’est Albert Damantang, ministre en charge du Travail qui, par la rhétorique qu’on lui reconnaît, invite tous les acteurs à éviter de s’infantiliser.
Il l’a dit lundi matin au cours d’une interview qu’il a accordée à nos confrères de Djigui FM.
Lisez !!!
Le SLECG vous accuse d’immixtion dans les affaires syndicales. Il vous accuse aussi de tirer les ficelles de la nouvelle structure syndicale née à Mamou. Comment réagissez-vous à cela ?
C’est hier que j’ai vu un communiqué du SLECG version Soumah dans les réseaux sociaux. Ce matin, j’ai demandé à l’inspection générale du travail si elle avait été saisie d’un congrès qui devait s’organiser, l’inspection m’a dit que jusqu’à ce matin, elle n’avait aucune information par rapport à un congrès d’une section du SLECG. Qu’à cela ne tienne, si d’autres affiliés du SLECG décident de tenir un congrès, ça remet sur la table la question qui existe depuis maintenant plusieurs mois, la question de la crise de leadership au sein de cette entité, il faut que ça soit réglé. Je pense que si cette fois-ci ça continue de cette manière là, nous allons tout simplement envoyer le dossier devant le tribunal du travail qui va essayer de rapprocher les positions des différentes parties.
Pourquoi alors y aurait-il une fixation sur votre personne de la part du SLECG version Aboubacar Soumah ?
C’est parce que dès le départ, on a refusé de cautionner la version SLECG de monsieur Soumah au détriment d’une autre.
Le BIT (Bureau International du Travail), interdit au gouvernement de s’immiscer dans les actions syndicales. Tant que les syndicats s’entendent entre eux, il n’y a aucun problème. Mais dès l’instant qu’il y a des dissensions, c’est là où il faut pouvoir faire preuve de responsabilité. Et la responsabilité du gouvernement, ce n’est pas de décider qui est légitime ou pas, c’est de leur demander de se mettre d’accord autour de la table. Si vous n’y arrivez pas, on vous renvoie devant le tribunal. Donc, peut être que monsieur Soumah souhaite que je le reconnaisse et que j’interdise à un autre syndicat de se réunir au nom du SLECG. Je n’ai pas ce pouvoir.
Alors, ça veut dire que vous dégagez toute responsabilité par rapport à la création de cette autre structure syndicale de l’enseignement supérieur ?
«Eux et nous, devons cesser de nous infantiliser »
Je ne vois pas dans ce que je dis, qui correspond à la création ou à l’encouragement pour la création d’une autre structure syndicale ! Je crois que monsieur Sy Savané était venu à la tête du SLECG bien avant que je ne sois ministre et monsieur Soumah faisait partie du SLECG avant même que je ne sois ministre de l’Enseignement Technique et du Travail. Eux et nous, devons cesser de nous infantiliser.
Ce sont des personnes majeures qui sont dans la lutte syndicale bien avant que nous n’arrivions aux affaires. C’est à eux de prendre leur responsabilité. On n’a pas à encourager l’un ou l’autre. Je ne vois pas dans mon comportement ou dans ce que je dis, en quoi j’encourage une section syndicale. Votre question est pour le moins tendancieuse.
Souvent, quand vous parlez de l’autre section, vous dites le SLECG version Aboubacar Soumah. Est-ce que cela n’est pas en contradiction avec les courriers que l’inspection générale lui adresse et qui attestent la légalité de sa centrale syndicale ?
L’inspecteur général du travail n’a pas le pouvoir de déclarer que telle ou telle section syndicale est légitime. Par contre, elle tient compte du contexte (…) Puisqu’il faut tenir des négociations qui sont très importantes pour la quiétude sociale, ça ne coûte rien de lui adresser un courrier en tant que secrétaire général du SLECG… Ça, ça ne peut pas continuer, c’est pour cela qu’on va transmettre le dossier sans doute au niveau du tribunal de travail. Rien ne légalise personne c’est au tribunal de travail de trancher.
Est-ce que ces bisbilles ne compliquent pas la situation pour vous qui avez besoin d’un interlocuteur crédible et légal au niveau du SLECG ?
Ça nous complique beaucoup la tâche et c’est pour cela qu’on ne peut pas continuer éternellement de cette manière. On a pensé qu’après les grosses crises et que certaines revendications ont été satisfaites, les parties elles-mêmes, par sagesse, allaient s’entendre. Si elles ne s’entendent pas, on ne peut pas continuer à se diviser en plusieurs parties pour négocier avec l’une et l’autre. Ça ne peut pas continuer comme ça.
Donc cette nouvelle menace du SLECG d’aller en grève tout en vous accusant d’immixtion dans les affaires syndicales n’a pas de sens ?
Ça n’a plus lieu d’être. Quand quelqu’un veut aller en grève à tout prix, il ira à tout prix, mais si c’est pour utiliser le gouvernement comme prétexte, qu’il cherche un autre prétexte, mais pas nous.
Interview décryptée par ML Cissé et Mamadou Sagnane