Depuis quelques jours, une campagne contre la sous représentation des femmes dans le nouveau gouvernement est visible sur les réseaux sociaux. Elle concentre les discussions des internautes guinéens. Jamais auparavant, la composition d’un gouvernement n’avait autant interpellé toutes celles et ceux qui militent pour l’équité. Deux raisons fondamentales, la première et la plus importante est sans doute liée à une promesse de campagne du président Alpha Condé n’a cesse de jurer au nom du Dieu du Christ et de Mahomet, que son mandat leur était dédié : les jeunes et les femmes.
La deuxième est si intimement liée au changement de gouvernement que la primeur leur avait été réservée le 8 mars dernier au palais du peuple. Bien avant, à Kaloum, en soutien à la grève des enseignants, des femmes avaient exprimé leur envie de voir leurs enfants reprendre le chemin de l’école. Naturellement, elles avaient foi qu’elles seraient numériquement et qualitativement représentées dans le gouvernement. En vain !
Une telle initiative présente deux intérêts, en plus d’être tout simplement la mise en œuvre d’un engagement politique, constituerait un important exemple dans une société fortement marquée par ce que nomme Kergoat par la division sexuée du travail qui se manifeste par « l’assignation prioritaire des hommes à la sphère productive et des femmes à la sphère reproductive ainsi que simultanément, la capitalisation par les hommes des fonctions à forte valeur ajoutée ».
Avec elles pour plus d’équité !
Par delà la campagne de protestation, la mobilisation des femmes contre la composition du gouvernement s’apparente à une prise de conscience des femmes qui entendent désormais user d’actions citoyennes pour se faire entendre. Elles se sont récemment mobilisées contre le mauvais traitement infligé aux femmes dans les cliniques et hôpitaux. C’est une remise en question progressive d’une socialisation de genre qui assujettit les femmes à penser, à se comporter et à se sentir selon les formes socialement admises à leur sexe et qui les contraint à uniquement percevoir leur rôle sous le prisme de la différence des sexes. (Bereni et al.) Nonobstant cet aspect, c’est en fait une interpellation à l’endroit du chef de l’Etat quant à sa principale promesse de campagne.
Cela est fondamentalement une première dans les formes de contrôle citoyen des actions publiques et surtout du respect de la parole publique surtout dans un pays où l’appropriation par les femmes des questions publiques n’est pas appréciée des autorités politiques. Parce que l’implication des femmes est perçue comme politiquement désintéressée.
Kabinet Fofana