Le 29 juin 2018, Lansana Kouyaté, président du Parti de l’Espoir pour le Développement National (PEDN), a pris part au congrès de l’international démocrate centriste à Bruxelles. Dans une interview accordée à notre rédaction ce samedi 30 juin 2018, Mohamed Cissé, premier secrétaire chargé des relations extérieures du parti a parlé de cette rencontre. Il s’est également prononcé sur la politique générale du gouvernement et la campagne d’assainissement lancée par Kassory Fofana.
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D’abord, dites-nous, qu’est-ce qui a été retenu à l’issue de cette rencontre ?
Treize points étaient inscrits dans l’agenda dont la participation des partis membres aux processus électoraux, la revue du document idéologique et les résolutions.
A l’issue des débats, six résolutions ont été prises. Parmi elles, cinq sont relatives à la situation sociopolitique au Bengladesh, au Cuba, au Nicaragua, au Venezuela et en Colombie. Elles visent entre autres le respect des droits humains et politiques, le renforcement de la démocratie et l’état de droit.
Ce courant politique n’est pas ou est peu connu des Guinéens. C’est quoi réellement l’international démocrate centriste ?
L’international Démocrate Centriste a une doctrine tirée du constat simple que ni le libéralisme pur ni le centralisme démocratique ne saurait répondre aux profondes aspirations du peuple à la liberté et à l’équilibre social. Politiquement, c’est le respect des valeurs démocratiques fondées sur la transparence, la justice, l’équité, mais aussi la décentralisation. Economiquement, nous pouvons le résumer à l’expression : « autant de marchés que possible et autant d’Etat que nécessaire ».
Vous conviendrez avec moi que les états les plus libéraux ont été obligés d’emprunter les principes du centrisme pour sauver leur économie de la catastrophe pendant la crise financière de 2008. Socialement, c’est le respect strict des droits de l’homme et des libertés publiques.
Le président Kouyaté a fait une participation remarquable et a partagé l’expérience pratique du P.E.D.N dans ses différentes prises de position relatives à son idéologie politique mais aussi les travaux d’amélioration menés par le parti pour promouvoir cette conception idéologique. Chose qui a été saluée.
Contrairement à la conception du centrisme en Guinée, notre centrisme n’est pas ce qu’on appelle se positionner entre la mouvance et l’opposition afin de tirer profit de chaque bord selon les opportunités. Cela est simplement démagogique. Notre centrisme est idéologique et il a des implications programmatiques.
Mercredi dernier, le premier ministre Kassory Fofana a dévoilé la politique générale du gouvernement devant les élus du peuple. Comment jugez-vous cette politique générale ?
Comme nous l’avons dit pour les gouvernements précédents, nous ne pensons pas que cette politique générale soit ce que le Guinéen attend aujourd’hui comme offre globale. Il faut noter que la politique générale ignore non seulement un secteur important pour la jeunesse, notamment le sport et la culture.
Les orientations ne prennent pas en charge la problématique électorale qui est essentielle aujourd’hui pour tout progrès socioéconomique. Nous avons l’impression, en lisant entre les lignes, que l’organisation des élections à délai constitutionnel n’est pas une préoccupation pour ce gouvernement.
Nous constatons également des vœux pieux qui sont effleurés ça et là, mais sans indication des approches pouvant rassurer de leur tenue. Nous indiquons également que toute initiative de décrispation qui ne s’inscrit pas dans une logique de participation de tous les acteurs ne peut qu’être du saupoudrage. Ce qui semble réel malheureusement.
Quelle est votre appréciation de la campagne dite de participation citoyenne aux travaux d’assainissement lancée ce 30 juin par le Premier ministre ?
Nous avons suivi les différentes déclarations sur ces travaux de sensibilisation. D’abord les dimanches, puis rejet populaire, et le gouvernement est revenu sur la décision pour fixer aux samedis de 06h à 11h. Cela dénote déjà du manque d’étude sérieuse avant l’action et un mauvais signal pour toute démarche gouvernementale.
Ces travaux peuvent s’inscrire dans le cadre d’une urgence, compte tenu de l’ampleur du problème, mais il faut bien de préalables. On ne peut pas parler d’assainissement collectif sans préparation de la population à y adhérer et en constituer la force motrice. Des gouverneurs aux conseils de quartier, des sensibilisations de proximité et explications du plan de remontée devraient être effectuées afin qu’il y ait une coordination dans les secteurs et quartiers vers les dépôts indiqués et les camions de ramassages devraient être disponibles pour chaque point.
Mais aujourd’hui, les citoyens se demandent encore du cadre opérationnel de tout cela. C’est du pilotage à vue simplement et cela n’a jamais donné un résultat durable.
C’est bien de vouloir vite évacuer les problèmes mais si la phase de planification n’est pas gérée de manière efficace, quelles que soient la volonté et la noblesse de la mission, on tombe dans l’échec. Ce régime devrait en tirer des leçons.
Interview réalisée par Mamadou Sagnane