L’homme de la rue est témoin ! Ce mardi encore, Kaloum a montré les signes d’un centre administratif moyen fréquenté. En plus de la plupart des travailleurs ayant suivi le mot d’ordre de grève lancé par l’inter centrale CNTG-USTG, de nombreux compatriotes sont sortis à Conakry et à Kindia, pour demander, eux-aussi, au gouvernement de revenir sur l’augmentation du prix du carburant à la pompe.
Certainement, ils ne savent pas s’ils seront écoutés ou si le gouvernement prendra le choix risqué de les ignorer, de faire semblant de ne rien entendre et de ne rien sentir. Mais ils ont quand même tenu à s’opposer à l’augmentation du prix du carburant, sans réelle concertation avec les partenaires sociaux, sans mesures d’accompagnement.
La veille, juste après son JT de 20h, la télévision nationale a fait passer une chronique du PDGiste apparemment RPGisé, Ansoumane Bangoura. L’homme, nous dit-on, fût un « grand » journaliste de la révolution sous Ahmed Sékou Touré. Il semble avoir réussi la prouesse de réadapter sa plume et sa voix et décidé de mettre toutes les deux au service du pouvoir actuel.
Jetant une mauvaise image sur l’initiative de plusieurs acteurs de la société civile d’organiser une marche pacifique ce mercredi et permettre à d’autres citoyens de participer au débat national, l’ancien fonctionnaire de la Voix de la Révolution a juré par les 99 noms d’Allah que c’est faux, qu’il n’y aurait pas de marche pacifique.
En enregistrant cet élément, lui qui a déjà servi ceux qui ont pendu des intellectuels guinéens sans un procès équitable, participait ainsi à entraver l’exercice d’une liberté fondamentale, consacrée par la Constitution.
Ce mardi soir, l’envie irrésistible qui me possède, c’est de dire bravo à tous ces citoyens qui sont sortis s’exprimer, dire ce qu’ils pensent de cette mesure de leur gouvernement. A l’image de Farinta, ce jeune guinéen rencontré dans les rues de Kindia par la presse locale, tenant le drapeau national et qui a rappelé qu’en Haïti, le gouvernement a eu la sagesse d’écouter le peuple pour éviter le pire en suspendant la mesure d’augmentation du prix du carburant.
Il faut surtout féliciter cette société civile pour avoir su organiser ces marches à Conakry et à Kindia, sans casser, sans provoquer, sans jeter des projectiles sur les courageux agents des forces de l’ordre. Doyen Ansoumane Bangoura, venez voir. Il n’y a eu ni mort ni morsure! Ce qui s’est passé, c’est l’exercice d’un droit civique.
Thierno Amadou Camara
Journaliste
Politologue