Depuis l’augmentation du prix du carburant à la pompe, l’indignation ne faiblit au sein de la population. Pour Mamadou Baadiko Bah, président de l’UFD, les explications données par le gouvernement et les mesures d’accompagnement annoncées sont inacceptables.
L’ancien ami politique du président Condé a livré sa lecture de cette crise dans un entretien accordé à un journaliste de la rédaction de Mosaiqueguinee.com.
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Avant même l’augmentation des prix du carburant, les populations guinéennes, avec un pouvoir d’achat en berne, souffraient énormément au quotidien. Peu de gens peuvent se permettre d’avoir un repas par jour et quel repas ! Vous savez, les Guinéens souffrent non seulement de la faim, mais aussi de la malnutrition. Comme pour achever le malade, le gouvernement a décidé d’une augmentation de 25% du prix du carburant. Et vous devez savoir que dans la composition des prix à la consommation, le transport, particulièrement le carburant, pèse très lourd. C’est le lieu de dénoncer l’énorme handicap imposé à l’économie par l’absence d’un réseau routier praticable. Quand un taxi passe deux heures pour faire 5 kilomètres, vous voyez l’impact sur la consommation du carburant.
Pareil, lorsqu’un camion ou un car de transport va prendre des denrées sur les marchés de brousse pour les ramener en ville. Avec cet exemple, on voit concrètement comment la démission des pouvoirs publics pèse sur les conditions de vie de la population, particulièrement les plus défavorisées. L’inflation déjà forte va exploser dans une spirale infernale. Et la facture sera très lourde à supporter pour le peuple. Lorsque le Président de la République cessera de sillonner le pays en hélicoptère pour emprunter plutôt ses propres routes en voiture, peut-être que nous aurons enfin de bonnes routes avec des ponts solides, comme ceux que nous ont laissés les colons en 1958. Sur un autre plan, permettez-moi de relever le caractère ridicule, sinon pitoyable de la réponse du gouvernement aux revendications sociales contre la hausse du prix du carburant. En effet, dans sa magnanimité, le Premier ministre a annoncé après coup des «mesures d’accompagnement» destinées à tempérer les conséquences néfastes de la hausse des prix du carburant : remise en marche du train Conakry Express et mise en service des bus turcs !
La légèreté d’une telle annonce est telle qu’on se demande de qui se moque-t-on ? Le train est paralysé depuis des années, avec des sorties éphémères. Le gouvernement civil est ainsi incapable de faire autant que les militaires du CNDD en 2009 ! On n’a jamais eu que des explications confuses pour justifier l’incapacité du gouvernement à gérer correctement et honnêtement les services publics. L’explication de cette immobilisation des bus turcs offerts gratuitement à la Guinée est simplement due aux convoitises des fonctionnaires corrompus qui se battent entre eux pour savoir qui va les gérer ! Pendant ce temps, la population continue à souffrir du manque criant de transports en commun efficaces, à un coût abordable. Pire, comment prétendre qu’on a mis en place des mesures d’accompagnement qui ne concerne que la seule ville de Conakry, comme si la Guinée se réduit à sa capitale ?
Propos recueillis par Alhassan Djigué DIALLO