Eventuelle tenue du procès des massacres du 28 septembre 2009 à l’intérieur du pays, budget sollicité par le comité de pilotage, et disqualification du concept ‘’crime contre l’humanité’’ dans cette affaire, voici entre autres sujets abordés par El Hadj Malal Diallo, vice-président de l’OGDH, dans une interview qu’il a accordée à notre rédaction.
Comme c’est le cas des victimes et de bien d’autres acteurs, l’organisation guinéenne de défense des droits de l’homme, exprime à son tour des réserves quant aux dispositions annoncées en vue de la tenue d’un procès dans cette affaire.
Le fait pour le juges en charge du dossier de considérer que ces massacres ne sont pas des crimes contre l’humanité, hérisse l’OGDH.
Son vice-président annonce que leur organisation qui a attaqué cette ‘’requalification des faits’’, attend une décision de la Cour Suprême, à propos.
L’intégralité de cette interview, nous en dit long. Lisez !
1-Le comité de pilotage vient d’annoncer la tenue éventuelle du procès des massacres du 28 septembre, à l’intérieur du pays : comment avez-vous accueilli cette annonce ?
C’est la justice qui sait ce qu’elle doit faire et quel intérêt elle a à envoyer ce procès à l’intérieur du pays. Les crimes ont été commis à Conakry, pour nous, il serait plus normal que le procès se tienne à Conakry. Mais qu’à cela ne tienne, ce n’est pas à nous de décider. Ce sont eux qui savent pourquoi ils veulent envoyer le procès à l’intérieur du pays.
Mais moi je crois que s’ils décident d’envoyer ça à l’intérieur du pays, c’est pour encore rejeter le procès aux calendes grecques. Parce que les infrastructures judiciaires à l’intérieur du pays, il vont nous dire d’attendre la construction de ces infrastructures. Nous, nous n’apprécions pas le fait d’envoyer le procès à l’intérieur du pays.
Votre avis sur les 78 milliards de budget, demandés par le comité de pilotage, pour l’organisation du procès ?
Ils ont parlé de mesure de sécurité, ils demandent des dizaines de milliards, alors qu’ils ne savent même pas où doit se tenir le procès, ça c’est une autre aventure. Parce que normalement, c’est quand on sait où le procès doit avoir lieu, ce que ça va coûter, la construction des infrastructures, les déplacements de toutes les victimes et toute la logistique, c’est en ce moment qu’on aurait pu arrêter un montant pour le procès.
Rien ne nous rassure pour le moment, ils n’ont pas à demander des montants, c’est à eux d’évaluer et d’étudier les conditions de la tenue du procès. Il y a eu des montants qui ont été annoncés par l’ambassade des Etats-Unis et l’Union Européenne, si c’est sur la base de cette annonce ou promesse qu’ils ont sorti ce montant, ça ne nous rassure pas.
Parlez-nous de la requalification des crimes commis au stade du 28 septembre ?
Une commission de l’ONU qui avait fait les enquêtes, avait dit que les crimes commis au stade du 28 septembre sont assimilables à des crimes contre l’humanité. En Guinée, les juges qui sont chargés de l’enquête, ont dit que ce ne sont pas des crimes contre l’humanité, que ce sont des crimes ordinaires. Mais, pour nous, ces guinéens qui ont subi ces atrocités, sont membres de l’humanité, et nos avocats ont interjeté appel à la Cour pour que cette mesure de disqualification des crimes commis, soit annulée. Nous attendons la réaction de la Cour Suprême.
Cette réaction de la cour suprême, nous ne savons pas quand elle interviendra, est-ce qu’il pourra y avoir un procès avant la décision de la Cour Suprême ? Nous attendons de voir.
Interview réalisée par Saidou Barry