Dr Alpha Abdoulaye Diallo, activiste de la société civile guinéenne, par ailleurs membre de la commission ouest-africaine sur les drogues, basée à Genève et créée par l’ancien secrétaire général des Nations-Unies, Koffi Annan, récemment rappelé à Dieu, ne décolère pas contre les services de police, suite à la mort tragique d’un jeune par noyade. C’était ce mercredi lors d’une irruption de la police dans une zone de consommation de drogue à Simbaya 2, dans la commune de Matoto.
Dans un entretien qu’il a accordé à notre rédaction, il a fustigé l’attitude des services de sécurité, qui très souvent, lors de leurs interventions sur le terrain pour traquer des jeunes s’adonnant à la consommation des drogues, commettent ou poussent à l’irréparable.
C’est pourquoi, il exige que ce cas de mort consécutif à une opération policière, dans la zone, ne reste pas impuni. Il demande que la justice s’en saisisse.
Par ailleurs, dans cet entretien, il revient également sur sa collaboration avec le défunt Kofi Annan, fondateur de la commission ouest-africaine sur les drogues, ainsi que les perspectives en ce qui concerne cette commission, après la mort de son géniteur. Lisez plutôt l’intégralité !
Votre avis sur la mort d’un jeune par noyade cette semaine, lors d’une irruption de la police dans un lieu de consommation de la drogue à Matoto ?
C’est un assassinat ! L’unité de police qui a fait la descente dans cette zone et qui a entrainé la mort de ce jeune, cette unité doit être jugée et condamnée comme des criminels. C’est devenu des coutumes pour les commissariats et forces de sécurité de faire les descentes sur les jeunes adolescents, et les pousser à tomber dans l’eau, ça c’est un crime qu’il faut punir avec la dernière énergie.
La justice doit se saisir, et le procureur de la république doit poursuivre ce commissariat. Puisque le jour est connu et l’unité qui a fait la descente est connue aussi. On doit vraiment les traquer et les juger comme tels. Au lieu de protéger les citoyens, c’est les mêmes policiers qui se retournent contre ces jeunes. Alors que les mêmes policiers sont consommateurs, ils viennent les intimider pour arnaquer et tuer.
Vous êtes membre de la commission ouest-africaine sur les drogues, une commission créée par Koffi Annan. Comment avez-vous travaillé avec lui ?
Nous avons travaillé avec lui pour la protection et la lutte contre le trafic de drogues dans la sous-région ouest-africaine. Il a estimé qu’il a un rôle à jouer dans cette région, pour éveiller les consciences, pour pousser les gouvernants à mieux agir contre le trafic de drogue. Un trafic qui est une menace aujourd’hui dans la sous-région, et qui est en lien avec le terrorisme qui bat son plein.
Koffi Annan nous a dit que si rien n’est fait dans un proche à venir, on va assister à des narco-Etats comme ce fut le cas dans les pays comme le Mali et les pays proches. C’est pourquoi, depuis 2013, nous travaillons avec lui sur ces questions. On devait se voir au mois de septembre à Dakar, où on devait tenir une réunion en commission.
J’adresse mes condoléances les plus attristés à la famille de Koffi Annan, à ses amis et collaborateurs, à commencer par Olusegun Obasenjo, le président Pedro Peres du Cap-Vert, Eden Kodjo du Togo, et tous les autres membres de notre commission.
Koffi Annan n’est plus, comment comptez-vous le remplacer pour continuer la lutte par sa fondation et la commission ouest-africaine sur les drogues ?
Koffi Annan était bien entouré dans cette commission. Depuis qu’il était aux Nations-Unis, son cabinet avec lequel il travaillait, l’a a suivi dans sa fondation, donc dans cette commission, Koffi Annan vivait dans le même protocole, le même standing de vie.
Il y a Alain Doss qui était son adjoint direct, qui va maintenant diriger cette fondation, à côté de lui, il y a Olusegun Obasenjo qui gère aujourd’hui la commission mondiale sur les drogues, et qui est aussi notre président dans la commission ouest-africaine sur les drogues. Ils vont prendre le relai et sans oublier nous les jeunes qui meublons cette commission. Et le travail est positif parce qu’il y a un plan d’action de la CEDEAO sur les drogues, qui est en vigueur actuellement.
Interview réalisée par Saidou Barry