Depuis près d’une semaine, la ville de Gaoual connaît des inondations aux conséquences dramatiques. Le silence et l’indifférence des institutions étatiques, et de l’ensemble des corps organisés du pays ne doit plus perdurer, au risque d’entamer ce qui nous reste d’une nation. La solidarité n’est-elle pas le troisième pilier de notre Etat ?
Il faudrait commencer à s’habituer aux impacts de plus en plus fréquents des dérèglements climatiques chez nous. Ces dernières semaines, plusieurs agglomérations de l’intérieur du pays ont enregistré d’importants dégâts sur les habitations, les cultures, le commerce, les infrastructures communautaires, etc. Ainsi, les localités de Tougnifily dans la préfecture Boffa, Baro, Koumana et Balato dans Kouroussa, ou encore Bankalan et Balandou dans celle de Kankan ont soit été frappées par de violentes tornades soit par de fortes inondations.
Ces derniers jours, les images qui arrivent de la préfecture de Gaoual sont insoutenables. Deux cent habitations traditionnelles sont détruites laissant à la belle étoile des familles entières, alors même que le ciel reste menaçant. Un cas de décès a même été enregistré. Les cultures restent également sous les eaux, faisant courir un risque certain de crise alimentaire profonde si aucune aide n’est organisée rapidement. Faute d’eau potable suffisante en pareil cas, la survenance de maladies hydriques, pire d’épidémie n’est pas à exclure. La route nationale qui relie la préfecture de Gaoual à celle de Boké est également coupée, faisant craindre une rupture en carburants et produits de grande consommation. L’élevage risque également de prendre un coup, quand on sait que Gaoual possède probablement le plus important cheptel de la Guinée.
A ce jour aucune institution étatique n’a réagi, pas même le ministère des affaires sociales et le Service National d’Actions Humanitaire dont c’est pourtant la vocation ! Les ONGs restent tout aussi étonnement muettes. La situation risque d’être rapidement hors de contrôle si, dans un élan de solidarité nationale, la Guinée tout entière ne se rend pas au chevet des sinistrés.
La situation de Gaoual justifie amplement que le président de la République, à défaut de rentrer de sa Chine lointaine, décrète l’état d’urgence dans la localité, en vue de permettre aux corps habillés d’apporter couvertures, médicaments, nourritures et d’eau potable. La faible capacité de réactions des autorités préfectorales et régionales exige également un renfort sur le plan administratif, pour l’identification et la prise en charge effective des victimes. Des efforts doivent impérativement être fait surtout en direction des personnes âgées, des femmes enceintes, et des enfants. A quelques jours de la rentrée des classes, ces derniers auront besoin de mesures plus urgentes.
Nous avons tous en mémoire l’élan de solidarité qui avait entouré la construction du barrage de Kaléta. Un tel effort doit être dupliqué à plus grande échelle, sans aucune démagogie politicienne, en vue d’offrir sécurité et espoirs aux populations éprouvées. La société civile doit également sortir de sa torpeur et de ses querelles intestines pour apporter à l’Etat son expertise dans la gestion de cette urgence humanitaire.
Enfin il est plus qu’urgent qu’une réflexion soit faite sur la réponse nationale face à ce type de catastrophes qui risquent de se multiplier à l’avenir, compte tenu des changements climatiques observés partout à la surface du globe.
Ce matin Je reprends à mon compte ces mots de l’Honorable Ousmane Gaoual Diallo : « Il ne faut pas donner le sentiment que les mots gravés dans notre devise nationale et que nous apprenons n’ont aucun sens lorsqu’une partie de la population est en attente de sa matérialisation. La solidarité n’est pas qu’un mot. »
Diana, Touba et Kounsitel ont besoin de nous. Gaoual a besoin de la Guinée !
Par Mohamed Mara