Pourquoi les Guinéens ont-ils dit Non le 28 septembre 1958 ? Homme politique et défenseur de la révolution guinéenne sous Sékou Touré, Ismaël Condé était face à des journalistes mardi pour débattre de cette question. La rencontre vaut son pesant d’or puisqu’elle coïncide avec la célébration des 60 ans d’indépendance du pays.
D’entrée de jeu, Ismaël Condé a précisé que le non historique de la Guinée part du sort réservé aux colonies dans la constitution de la cinquième République française que le général De Gaulle avait fait rédiger.
«Quand on a rappelé le général De Gaulle en mai 1958 comme Premier ministre, son premier problème a été de voir comment garder les colonies. C’est ainsi qu’il a fait rédiger une nouvelle constitution pour la cinquième République. Au sujet des colonies dans cette nouvelle constitution, le général De Gaulle a institué que les colonies sont indépendantes dès le départ mais qu’elles forment avec la France, une communauté», mentionne-t-il.
Un peu plus loin, le conférencier explique le vrai sens de cette communauté. «Le problème était qu’au sein de cette communauté, la France garde la présidence, elle a les domaines de la défense, des affaires étrangères, de la monnaie, de la politique économique et financière, de la politique des matières stratégiques, de l’enseignement supérieur, de la justice, des transports extérieurs, des communications extérieures, etc. En analysant cela, le PDG a trouvé que c’était une ruse purement et simplement. Ils ont trouvé qu’on ne peut pas être indépendant sans pouvoir envoyer son ambassadeur aux Nations unies, sans avoir sa propre monnaie encore moins nommer des ambassadeurs. C’est ce qui nous a conduit à dire non à cette constitution de la cinquième française», dit ce cadre de la Guinée révolutionnaire.
A l’époque, toute la classe politique était d’accord avec le PDG pour dire non aux propositions de la France, selon lui.
Mohamednana Bangoura