Le meurtre dans la journée du jeudi 13 septembre d’un jeune manifestant à Mandiana, allonge un peu plus la liste de la comptabilité macabre de manifestants tués en Guinée, depuis l’élection d’alpha Condé.
Il s’agit de Moussa Bérété, âgé d’une trentaine d’années, marié et père de trois enfants dont le dernier est âgé d’à peine 4mois.
Il a été tué pendant qu’il manifestait avec d’autres jeunes de la commune urbaine, qui rappelaient ainsi au président ses promesses non réalisées.
Sa femme, Saran Keita et son ami Mamoudou Keita, s’en souviennent encore.
Lisez leurs témoignages :
Mamoudou Keita, l’ami du défunt :
« Le matin je l’ai appelé à 06h, je lui ai dit de me trouver au café. Je précise que c’est à mon café que tout le monde se retrouve le matin avant d’aller au travail. Il a dit à sa femme de donner du café à boire aux enfants et que lui il va aller boire son café chez moi.
Quand il est venu, il a pris son café et on a rejoint les manifestants. Entre temps, les militaires ont tiré sur des jeunes et faire prisonniers d’autres au camp, c’est ce qu’on nous a dit. Les gens se sont mobilisés pour aller faire libérer nos amis au camp. Arrivés là-bas, ils ont tiré et il y avait un militaire embusqué dans les broussailles. Il a soulevé son arme pour nous tirer dessus, il en a été dissuadé par un de ses amis militaires qui était à côté. Pour une deuxième fois, il a tiré et j’ai entendu mon ami m’appeler pour me dire qu’on a tiré sur lui. Je me suis précipité pour aller le soulever, quand le militaire a vu ça, il a encore tiré vers moi, c’est ainsi que j’ai laissé tomber mon ami, et moi-même je suis tombé à terre, la balle m’a raté pour atteindre un manguier qui était juste dernière moi. Après j’ai crié et tous les autres sont venus. Mon ami était déjà mort », a raconté Keita, l’ami intime du jeune fauché par balle.
Sarah Keita, la femme du défunt :
« Le matin, mon mari m’a dit qu’il va en ville. Il m’a dit qu’il veut aller prendre du café chez Mamoudou et m’a demandé de servir du café aux enfants. On a trois enfants, le dernier a à peine 4mois. C’est ainsi qu’il est parti. Quelques temps après, j’ai entendu qu’ils ont tiré sur les jeunes, j’ai même dit que ça devient sérieux, et qu’il ne fallait pas faire ça. Et puis, on m’a dit qu’un des jeunes touchés par balle, est décédé. J’étais inquiète parce que je savais que mon mari est parti là-bas. Il y a quelqu’un qui est venu me dire que le jeune touché s’appelle Moussa, j’ai demandé si c’est mon Moussa, il m’a dit que c’est pas lui, et pourtant c’était lui. C’est plus tard que j’ai su que c’est mon mari. Dieu est grand, je laisse à Dieu de juger. Il s’en va pour me laisser ses trois enfants … ».
Des propos recueillis par nos confrères de Fasso TV à Kankan et décryptés par la rédaction.
ML Cissé