Plus de 72 heures après la signature du protocole d’accord entre le SLECG et le gouvernement guinéen, mettant fin à trois mois de grogne dans le secteur éducatif national, les enseignants grévistes locaux, apprécient avec beaucoup de doute, le respect de certains points de l’accord intervenu entre les parties.
Il s’agit des points relatifs au rétablissement des enseignants démis ou mutés pour fait de grève ou encore la construction des logements sociaux.
Selon notre premier interlocuteur ayant requis l’anonymat, par peur de représailles, dit être inquiet et dubitatif et semble ne point fonder trop d’espoir en cet accord.
« J’enseigne au collège depuis près de trois ans. Mes conditions de vie sont déplorables comme vous pouvez le constater. Je ne crois pas trop en cet accord en ce sens où il ne résout pas nos véritables problèmes. Et puis, je reste réservé quant à l’application de certains points notamment ceux liés au rétablissement des enseignants mutés pour fait de grève. J’en suis un à Fria mais j’avoue que depuis quelque temps, toute la direction préfectorale de l’éducation de Fria s’est braquée contre moi parce que je soutenais le camarade Soumah » a-t-il réagi visiblement marqué par sa dernière mutation à Banguigny, l’une des communes rurales, les plus reculées de la préfecture.
Un autre sous réserve d’anonymat, nous dit à peu près la même chose. Il dit ne pas croire en l’application de certains points et être déçu du premier ministre et de son gouvernement.
« Je suis personnellement déçu du gouvernement guinéen. J’aurai aimé plus de volonté de leur part surtout sur le point salaire négociable que nous avons formulé. Mais Kassory a étouffé notre vouloir de changement malgré la corruption dont son équipe fait montre à travers la mamaya et les campagnes politiques. Ils nous parlent de logements sociaux alors qu’ils savent que ce projet ne verra pas beaucoup d’entre nous en vie. C’est juste une façon de piétiner nos revendications. Mais Dieu est grand » s’est-il lamenté derrière notre micro.
D’après cet autre enseignant domicilié dans le quartier Katourou 1, commune urbaine, la principale revendication n’a pas été obtenue d’où un sentiment d’échec et un gout d’inachevé.
« J’ai honnêtement grevé pour huit millions et je ne l’ai pas reçu, non pas par la faute de Soumah mais de Kassory Fofana. Je suis donc dépité et je ne crois plus aux promesses de ce gouvernement. Il faut que les enseignants s’apprêtent à redescendre dans les rues parce que nous avons à faire à un Etat qui n’a visiblement aucun état d’âme » affirme-t-il.
Pour rappel, le protocole d’accord contient 12 points, et porte notamment sur le dégel du salaire des enseignants grévistes, le rétablissement des enseignants démis ou mutés pour fait de grève, la construction des logements sociaux, l’assainissement du fichier du personnel enseignant.
De Fria, Abdoulay GV