Pour tenter de rallier les îles de Loos (Kassa, Room et Soro,), des vagues successives de passagers, embarquent régulièrement dans les pirogues, depuis le port de Boulbinet.
Dans ces pirogues qui opèrent en haute mer, d’après notre constat dressé, sur les lieux ce dimanche 10 février 2019, aux environs de 12 heures, se trouvaient des femmes, notamment des nourrices, portant leurs bébés. Ainsi que d’autres jeunes gens qui, tout comme des femmes, ne portaient pas de gilets de sauvetage. Alors qu’ils sont entassés, comme dans une boite de sardine, dans des embarcations de fortune, surchargées affrontant un océan dont les vagues grondent. Tant la puissance de l’eau fait tanguer cette »caboche », qui court pendant ce temps de forts risques de chavirer. Et, à chaque instant !
Mais, certains passagers, aux côtés de qui, nous avons fini par prendre place à bord de la pirogue, destination-peut-être incertaine- l’autre rive, l’on semble n’en avoir cure.
En tout cas, pas du tout, au vu du spectacle pour le moins suicidaire qui montre la vague donner des coups tout aussi violents que rudes sur les deux côtés de notre embarcation tout au long de cette »traversée du désert ». Sans gilets de sauvetage.
« J’ai envie de crier quand je vois les vagues venir vers nous. La pirogue s’incline trop, et nous n’avons pas de gilets, en cas de naufrage », a murmuré M’Ballia Soumah, gagnée qu’elle était par la peur que la jeune dame n’arrivait plus à dissimuler.
Mais, que faire sinon que de se résigner, du moment où tout le monde ne partage pas ses sentiments. Du moins ouvertement.
Pas moins le »capitaine à bord », qui s’est tout simplement contenté de nous lancer laconiquement à la figure : « Nous n’avons pas de gilets pour tout le monde, pour les surcharges, chaque passager paye 5 mille. Donc, si nous prenons un petit groupe, on ne va pas avoir des profits. On paye régulièrement le carburant pour le moteur », a-t-il avoué.
Cet adulte au visage larve, encore bien musclé, sans doute par des coups de la rame, a préféré garder l’anonymat.
Manœuvrant habilement la rame, tout en veillant sur le moteur de la barque qui nous conduit voilà une demi-heure maintenant, il n’en demeure pas moins insensible aux malaises de Fatoumata Bangoura, assise à l’autre coin de la pirogue. Celle-ci se plaint d’avoir de la nausée.
« Je n’ose pas l’odeur de l’essence et l’eau de mer », dit-elle. Pour le gilet, elle répondra, insouciante : « nous sommes déjà habituées. Nous vivons à Kassa», a-t-elle affirmé, d’un air insoucieux.
C’est dans cette chaleur, qui devenait écrasante, que nous sommes arrivés à bon port sans gilets. Bien sûr !
Sur l’île de Kassa, ce sont des passagers tous enthousiastes qui débarqueront, au terme de près d’une heure de traversée dont l’issue peut être parfois incertaine.
Du nombre des hôtes, pour la plupart, des visiteurs ou autres touristes, ainsi des femmes connues surtout pour leur engouement, dans les activités quotidiennes d’exploitation des produits halieutiques. Il s’agit, particulièrement de poissons.
Faut-il rappeler que plusieurs cas de morts au large de Conakry, sont dus au non port de gilets, lors des naufrages.
Comme pour dire qu’en dépit des énormes risques, le port de gilets de sauvetage, demeure toujours le cadet des soucis, au large de Conakry.
Saidou Barry de retour des îles de Kassa