Le mouvement Sékoutoureisme, accompagné d’autres acteurs de la société civile et des notabilités de la sous-préfecture de Tondon, ont rendu hommage à l’héroïne M’Balia Camara, ce samedi 9 février 2019, dans son village natal, Badi Tondon, dans la préfecture de Dubréka.
L’événement a été l’occasion pour eux de magnifier le combat mené et les services que cette combattante a rendus à la nation pendant la lutte anticolonialiste.
Accueilli en fanfare à l’entrée de la sous-préfecture, les membres du mouvement Sékoutoureisme, se sont d’abord recueillis auprès du monument réservé en la mémoire de l’héroïne, où une minute de silence a été observée.
Ils ont également visité la demeure de son époux, Thierno Camara, avant de procéder à la lecture de Saint Coran, pour le repos de l’âme de la défunte.
Selon eux, il est important que cette date soit célébrée par la nation, comme le faisait d’ailleurs, le premier Président de la Guinée indépendante, feu Ahmed Sékou Touré, à qui, le mouvement s’identifie, d’ailleurs.
« Cette cérémonie commémorative qui nous rassemble aujourd’hui, nous le disons ici haut, est symboliquement très fort, car, il ne s’agit pas seulement d’un simple regard sur le passé mais de démontrer ce qu’a été un fait majeur de l’histoire de ce pays, la République de Guinée. Célébrer l’histoire, c’est comme se munir d’une torche pour éclairer le présent. La lumière de cette torche qui a caractérisé notre pays est indispensable pour notre essor collectif. Nos héros auxquels on ne cessera jamais de rendre hommage, constituent l’énergie qui alimente cette torche permettant d’éclairer le présent » a expliqué Fantagbè Touré, présidente de la commission d’organisation de cette cérémonie.
Au village qui a assisté à « l’assassinat » de l’héroïne, l’oubli commence à s’installer, comme chez bon nombre de guinéens ce jour.
Mais, la famille Camara notamment ses enfants, se rappellent, comme si c’était hier.
Le scénario qui a conduit à la mort de leur célèbre mère, reste encore gravé dans l’imaginaire collectif. Par la bouche d’un de ses fils, Cette famille demande à être reconnue à sa juste valeur.
« Dans la lutte pour l’indépendance, notre famille a perdu trois âmes en un seul jour. Ce sacrifice a été fait pour la liberté de toute la nation guinéenne. C’est pourquoi, nous ne devons pas les oublier. Aujourd’hui, à Tondon, pour tout visiteur, c’est deux lieux qu’il demande à voir : la maison de David Tondon et celle de M’Balia Camara », explique Demba Camara, fils de la coépouse de M’Balia Camara.
Rappelons-le, l’héroïne M’Balia Camara, est née en 1929 à Posseah dans un village de la préfecture de Dubréka.
Le 9 février 1955, alors qu’elle protestait en compagnie de plusieurs autres femmes au village de Tondon, aujourd’hui érigé en sous-préfecture, elle a été éventrée par Almamy David Tondon Sylla, chef de canton alors que M’Balia Camara était dans un état de grossesse très avancé.
Elle a été vite transportée à l’hôpital Noel Ballay de Conakry (actuel Ignace Deen).
Trois (3) jours plus tard, ses bébés naissent mort-nés avant qu’elle ne rende l’âme, elle aussi, le 18 février de la même année.
Cette action si pathétique et révoltante a, alors, galvanisé Sékou Touré et Cie, dans leur combat contre les colons pour la liberté de la République de Guinée.
La cérémonie a été couronnée par la remise du prix Sékoutoureisme à la famille de l’héroïne M’Balia Camara, à titre posthume.
Mohamed Nana BANGOURA