Les travaux de construction du pont de 85m sur le fleuve Milo, entre la préfecture de Kérouané et la sous-préfecture de Banankoro, lancés le 10 décembre dernier, par le Chef de l’Etat, pour un délai d’exécution de 18 mois, ont débuté, mais non sans difficultés d’ordre financier et « d’expropriation », a-t-on constaté.
Sur le terrain, le remblayage est déjà en cours afin de pouvoir, dit-on, réaliser les pieds de 9 m de profondeur dudit pont.
Lors de notre passage sur les lieux, le jeudi 31 janvier dernier, avec une équipe de la société civile conduite par Dorah Aboubacar Koïta, un problème qui pourrait sérieusement retarder les travaux, a été signalé par des responsables de la société marocaine SINTRAM, en charge des travaux.
Il s’agit d’une question d’argent pour le dédommagement et le déguerpissement des occupants de la zone située le long du tracé du pont, coté Kérouané.
Tel qu’indiqué sur le panneau de chantier, la construction de ce pont, est financée par L’OFID, la BADEA et la Guinée, à travers le Budget National de Développement (BND).
Selon un responsable de la société SINTRAM, à ce jour, l’OFID qui a payé sa part d’avance sous deux formes, a versé au mois de décembre 2018, dans le compte de l’entreprise, une partie du financement en dollars.
Toutefois, l’autre partie de l’avance que doit payer l’OFID, en francs guinéens, n’a pas été versée à ce jour, par la banque centrale guinéenne dans le compte de la société.
« On a reçu la partie dollars de l’OFID, mais on ne sait pas où est la partie francs guinéens qui devrait nous être versée par la Banque centrale après l’avoir converti. Où est passé l’argent ? », s’interroge ce responsable.
Par ailleurs, selon nos informations, la BADEA et le BND, n’ont pas encore versé leurs parts d’avance.
C’est dans cette somme que l’entreprise devrait puiser les frais pour dédommager les occupants des endroits à déguerpir, en attendant son remboursement par l’Etat.
Rencontré dans les locaux de la préfecture, le secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Kérouané, a confirmé également ce problème.
« Les marocains nous ont dit qu’il y a un problème de financement qui se pose. Il paraîtrait, selon celui-là avec lequel moi j’ai échangé, qu’un virement de fonds a été fait à la faveur de l’entreprise qui construit le pont. Ce virement est fait sous deux formes. Une première en dollars, qui est déjà venue, et une deuxième en francs guinéens qui n’a pas été reçu. Le coordinateur des travaux qui est là, se demande lui-même où est passé cet argent-là », a livré Mamady Saran Condé.
Selon l’ingénieur topographe, El Hadj Djiba Kourouma qui dit être de la mission de contrôle au compte de travaux publics, rencontré sur le chantier, toute l’avance est payée.
C’est pourquoi dit-il, le ministre Moustapha Naité a demandé au PDG de SINTRAM, de se rendre très prochainement en Guinée.
« Parce que la société avait dit que si l’avance est payée qu’elle allait donner l’argent pour le dédommagement des riverains », soutien-t-il.
Face à ce constat, le chef de mission de la société civile qui n’a pas caché sa déception, s’est dit révolté.
« Le sentiment qui m’anime après avoir visité les sites et constaté l’évolution des travaux, est un sentiment de déception et de révolte. Comment pouvons-nous comprendre que jusqu’à présent, ceux qui ont des propriétés sur le tracé du pont, ne soient toujours pas dédommagés pour permettre à l’entreprise de travailler ? Comment pourrions-nous aussi comprendre que la partie francs Guinéens de l’argent payée par l’OFID ne soit pas retrouvée ? Ce que je peux promettre ici, c’est que nous n’allons pas nous limiter seulement à cette visite ou à cette communication. Nous poursuivrons ce dossier jusqu’à ce que des dispositions urgentes soient prises… », a déclaré Dorah Aboubacar Koïta.
Contacté par notre rédaction à propos de ce sujet, le ministre en charge des travaux publics Moustapha Naité a déclaré qu’il n’y a aucun problème de financement.
« L’argent a été payé. Ce n’est pas possible de faire cela. Il n’y a pas de problème du tout. Ça, c’est un projet que je surveille particulièrement. La Guinée aussi doit payer une partie de l’indemnisation. Si l’OFID donne de l’argent, ils vont estimer que la Guinée aussi doit payer quelque chose. La Banque centrale ne fait que payer, mais elle n’est pas ordonnatrice », a fait comprendre le ministre qui confirmera d’ailleurs l’arrivée du PDG de SINTRAM, en Guinée, la semaine prochaine.
D’après un autre responsable de SINTRAM (société internationale marocaine), l’Entreprise n’a reçu à ce jour, que 19% de l’avance globale que l’OFID, la BADEA et la Guinée, doivent verser.
Mamadou Sagnane de retour Kérouané