Alors que le débat sur une éventuelle révision constitutionnelle enfle en Guinée, l’UNALIG (Union Nationale des Acteurs Libres de Guinée), une nouvelle plateforme de la société civile, estime que le Président de la République a le droit de proposer aux guinéens une révision constitutionnelle.
Son président Alpha Oumar Condé a été interrogé sur les objectifs de cette structure, les enjeux d’une reforme ou révision constitutionnelle en Guinée et ses propositions pour que la société civile guinéenne parle d’une seule et même voix pour faire face aux questions de l’heure.
Mosaiqueguinee.com : Bonjour Monsieur Condé Alpha Oumar ? Vous êtes le président de la plateforme Union Nationale des Acteurs Libres de Guinée (UNALIG). Quels sont les objectifs de l’UNALIG et qu’est-ce que vous entendez faire à travers cette plateforme ?
Alpha Oumar Condé : L’UNALIG est une plateforme de la société civile, qui a pour mission de contribuer au développement participatif de la Guinée par le biais de l’éducation à la citoyenneté, du renforcement des capacités des différents membres de la plateforme. Également, nous constituons une force de veille, d’observation, d’alerte mais aussi une force de proposition pour améliorer la situation et le cadre de vie de nos concitoyens.
Mosaiqueguinee.com : Où vous en êtes dans le lancement officiel et dans la mise en œuvre opérationnelle de vos activités ?
Alpha Oumar Condé : Pour l’instant nous préparons le lancement de la plateforme. Nous avons travaillé sur la planification des différentes activités à réaliser, sur le budget annuel de 2019, le bureau exécutif a été aussi mis en place, la première assemblée générale s’est aussi tenue, l’ensemble des documents juridiques sont obtenus. Notre objectif, c’est d’aller rapidement parce que la période actuelle est charnelle pour notre pays. Nous sommes à la veille des élections et il y a beaucoup de remous et de tensions qui s’annoncent. C’est aussi de contribuer à l’apaisement, afin de permettre aux citoyens de vivre en harmonie et de permettre à notre pays de se développer.
Mosaiqueguinee.com : C’est donc une des raisons qui vous ont poussé à créer l’UNALIG ?
Alpha Oumar Condé : Au regard de la situation actuelle, on se rend compte que la société civile guinéenne mérite d’être restructurée. Dans les années antérieures, on a eu à connaître ce que c’est que le CNOSCG qui fut l’un des plus grands mouvements sociaux d’Afrique de l’ouest. Mais, aujourd’hui des plateformes naissent et elles sont le plus souvent opportunistes. Ce qui du coup, joue négativement sur la crédibilité de leur option. Or, le rôle d’une plateforme de la société civile, c’est de contribuer au développement, à l’apaisement ; c’est d’être une entité neutre à travers laquelle les belligérants peuvent faire appel au besoin. Mais, ce que nous constatons, c’est qu’il y a énormément de plateformes de la société civile, à tel point qu’on se demande si ce sont effectivement des plateformes de la société civile ou des partis politiques, parce qu’ils agissent comme des partis politiques. Du coup, il y’a une crise de confiance qui s’installe entre les citoyens et les mouvements sociaux qui naissent. Les citoyens n’ont plus confiance à la plupart des mouvements sociaux. Et j’en profite pour dire qu’il faut que les états généraux de la société civile se tiennent pour qu’on essaie d’encadrer les différentes actions des acteurs de la société civile pour leur permettre d’atteindre leur objectif qui est la satisfaction de la société
Mosaiqueguinee.com : Alors que le débat sur un projet de troisième mandat pour Alpha Condé enfle dans la cité, que pense l’UNALIG de cette question et en quoi se distingue des autres plateformes que son président qualifie d’opportunistes ?
Alpha Oumar Condé : Nous estimons qu’il faut distinguer la passion de la raison. La question de troisième mandat en l’état, c’est de savoir : est-ce que la constitution permet au Président de la république de briguer un troisième mandat ? Nous répondons ‘’non’’. Mais, est-ce que le Président de la république a le droit constitutionnel de proposer aux citoyens la révision de la constitution ? Nous disons ‘’oui’’. Cela en vertu des dispositions de l’article 152 de la constitution, il est dit que le Président de la république a le plein droit d’avoir cette initiative concurremment aux députés. La troisième question, c’est est-ce que le Président de la république peut avoir l’initiative de proposer une nouvelle constitution aux citoyens ? Nous disons oui, en vertu des dispositions de l’article 51 de la constitution. Nous nous ne pouvons pas nous opposer à ce que la loi reconnaît au Président de la république. Mais si jamais, il y a une proposition qu’elle soit révision constitutionnelle ou changement de la constitution, nous exigerons à ce qu’elle respecte les règles et les valeurs qui édictent notre pays et que l’ensemble des textes qui seront rédigés, s’il y a lieu, soient vulgarisés en langues nationales, pour permettre aux citoyens de comprendre le contenu… Et nous nous battrons à ce que la loi et les règles de procédure soient respectées.
Mosaiqueguinee.com : Quels sont selon vous, les enjeux d’une réforme ou d’une révision constitutionnelle en ce moment en Guinée ?
Alpha Oumar Condé : Les enjeux sont peut-être multiples, mais nous estimons peut-être que le Président de la république à des raisons suffisantes pour convaincre les citoyens et leur dire d’aller vers une nouvelle constitution ou à une révision constitutionnelle. Nous attendons, comme il ne s’est pas prononcé et on ne connaît ni le contenu, ni le contenant de ce qui se trame, on entend parler mais nous attendons de voir les dispositions qui sont proposées avant de réagir en conséquence en fonction de cela.
Mosaiqueguinee.com : Quel est le message fort que vous pouvez adresser à ces organisations de la société civile guinéenne ?
A.O. Condé : Notre message, c’est de ne pas trop passionner le débat, on peut s’opposer mais nous sommes régis aussi par des règles et principes démocratiques, le jeu démocratique passe le plus souvent par un débat ouvert et franc entre le pour et le contre mais l’article 2 de notre constitution donne l’entière souveraineté au peuple de s’exprimer. Donc nous demandons aux organisations de la société civile d’agir dans le strict respect. En ce qui concerne les structures de la société civile, on ne peut se substituer aux partis politiques. Les partis politiques ont leur champ d’action, leur rôle c’est la conquête du pouvoir et de l’exercer mais nous acteurs de la société civile, notre rôle, c’est d’apaiser, c’est de faire en sorte que les différents belligérants, les acteurs politiques puissent s’entendre parce que de toutes les façons chacun d’eux se targue d’avoir le meilleur projet pour développer notre pays, nous notre objectif c’est de contribuer à cet apaisement, ramener les uns et les autres à la raison mais promouvoir surtout le respect des règles et des principes qui nous gouvernent, sans le respect des lois on ne peut pas se développer. Donc, nous leur demandons de ne pas se substituer aux partis politiques, d’agir en tant qu’acteur de la société civile parce que c’est ce qui peut conforter notre crédibilité vis-à-vis des citoyens que nous disons vouloir représenter.
Mosaiqueguinee.com : Merci à vous !