Le discours prononcé par Donald Trump en Floride, mardi pour annoncer sa candidature à un deuxième mandat, rappelle la campagne de 2016. Une communication qui sera insuffisante pour galvaniser un plus large électorat.
Dans un État qu’il considère comme sa « seconde maison » – il possède une demeure à Mar-a-Lago où il se rend régulièrement -, il a officiellement annoncé sa candidature pour l’élection présidentielle de 2020. Le choix du « Sunshine State » n’est pas anodin, puisque une victoire dans ce « swing state » semble quasiment indispensable pour l’emporter au niveau national.
Cette annonce n’est pas une surprise, Donald Trump est candidat à la réélection depuis son arrivée à la Maison-Blanche. « Il est naturel que le président sortant, qui est éligible pour un second mandat, se représente », assure Kyle Kondik, politologue à l’université de Virginie, interrogé par France 24. Le président américain a ainsi déposé des documents auprès de la Commission électorale fédérale pour sa campagne de réélection le 20 janvier 2017, jour de son investiture, rappelle le New York Times. Depuis, il a multiplié les meetings politiques, célébrant à Orlando son 60e en tant que président. « Il aime être le centre de l’attention, et pense que ces événements concourent à renforcer son électorat », fait remarquer le politologue.
Le milliardaire républicain a prononcé un discours fleuve rappelant ceux de sa précédente campagne. Cherchant à fidéliser sa base, il s’est concentré sur ses trois thèmes de prédilection : la lutte contre l’immigration, la bonne santé économique et la dénonciation de la diabolisation politique et médiatique dont il se dit victime. « Ce sont les mêmes depuis quatre ans, il n’y a pas eu d’innovation dans son discours », admet Kyle Kondik.
Durant plus d’une heure, il n’a eu de cesse de marteler les bons chiffres de ce qu’il appelle « L’Économie Trump », rappelant la baisse du chômage, la création de 6 millions d’emplois, une hausse des salaires, ainsi que sa réforme fiscale qui a permis à la fois aux entreprises mais également aux classes les plus aisées de voir leurs impôts baisser. « On a réussi à accomplir en deux ans et demi ce que mes prédécesseurs n’ont jamais réussi à faire, et en des circonstances bien plus difficiles », a-t-il assuré, faisant référence aux enquêtes qui ont rythmé son mandat. « Le monde entier envie notre économie, qui est peut-être la meilleure économie de l’Histoire de notre pays », a vanté le président américain, sous les acclamations de la foule.
« La stratégie de Donald Trump est basée sur une base populaire et le monde des affaires (…) à qui il a donné satisfaction. C’est le point fort du démagogue », expliquait à France 24, Pierre Guerlain, professeur en études américaines à l’Université de Paris-Nanterre.
Pour être réélu, M. Trump doit convaincre ses partisans qu’il ne les a pas oubliés, même s’il n’a pas tenu certaines des promesses de campagne les plus importantes, comme l’abrogation de l’Obamacare ou la construction de son mur. Il a alors rappelé sa fermeté vis-à-vis de l’immigration. « Nous construirons le mur d’ici la fin de l’année prochaine », a -t-il promis, ajoutant qu’il sera « plus fort, plus grand, meilleur et moins cher ».
Un bilan et des promesses qui ne font pas oublier que « les États-Unis se retrouvent aujourd’hui au milieu de nombreux conflits », et notamment au Moyen-Orient, rappelle Kyle Kondik. « La situation offre une image négative sur son action à la Maison Blanche. »
Une vision manichéenne de la politique
Tout en dénonçant la « chasse aux sorcières » dont il a été victime au cours de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, il n’a cessé de vilipender ses adversaires démocrates. Il les a ainsi accusé de vouloir « détruire le pays tel que nous le connaissons », de s’être attaqué à lui et son entourage et d' »être guidés par la haine ». Il a notamment expliqué à son auditoire conquis que ses adversaires démocrates allaient autoriser les migrants à traverser la frontière sud pour gonfler leur base électorale.
Mais sa première cible, mardi, furent les journalistes, ceux qu’il nomme « les fabricants de fake news ». « Une tradition trumpienne », rappelle Matthieu Mabin, correspondant à Washington pour France 24, qui estime que ce fut « un discours sans surprise, mais qui a fait mouche auprès des supporteurs de Donald Trump ».