La marche de la Guinée vers son développement est irréversible. Les mentalités opèrent un véritable changement dans la manière de concevoir et d’interpréter notre évolution sociale et sociétale. C’est pourquoi, pour les observateurs les plus avertis, la Guinée vie une crise interpersonnelle profonde qui dénote de ce changement qualitatif et quantitatif de notre société, et engendre par ricochet une possible confrontation intergénérationnelle. Une chance inouïe pour la nouvelle génération de prendre part de manière active à l’essor d’une nouvelle Guinée, celle, débarrassée de la haine, de l’ethnocentrisme et de l’égocentrisme qui freine notre élan de développement.
Au regard du périple combien de fois élogieux et pour la plupart jonché d’obstacle de tous genres au quel, notre vaillant peuple a eu à affronter pour assurer un lendemain meilleur à tous, la nouvelle génération a le devoir vertueux, de prendre conscience de la mesure de la situation et résolument s’engager à apporter une pierre à l’édifice. La situation nous oblige à agir maintenant car, chaque génération a sa mission pour assurer un devenir meilleur à notre cher pays.
De 1958 à 1984 :
Cette génération avait pour principal mission, de contribuer au rétablissement de notre identité et favoriser l’accession de nos Etats à l’indépendance. C’est pourquoi, le 28 septembre 1958, la République de Guinée a voté non au référendum proposé par la France coloniale. Le 02 octobre 1958, elle a proclamé son indépendance.
Nous pouvons comprendre, qu’à cette époque-là, la lutte consistait à rendre notre peuple son pouvoir d’autodétermination, même si après, la gestion de notre indépendance est émaillée de nombreuses zones d’ombres qui restent à élucider pour notre compréhension et pour les générations futur.
A ce niveau, nous pouvons dire, quoi qu’il en soit, c’est le sacrifice de tout le peuple et sans exception qui nous a permis d’avoir un Etat souverain. Toutefois, force est de constater qu’à cette époque la jeunesse Guinéenne a été le port oriflamme de la révolution culturelle, sportive et scientifique de la Jeune Guinée. C’est autant dire que, la jeunesse était au centre des préoccupations et de l’animation de vie de la nation.
De 1984 à 2010 :
Cette génération s’est attelée à libéraliser notre système économique et social et favoriser l’initiative privée. Des progrès sont enregistrés dans le domaine de l’instauration du multipartisme intégrale et la promotion de l’investissement privé étranger. Cependant, il faut reconnaître que, dans cette période, nous avons enregistré un fort rétrécissement du rôle de la jeunesse dans l’animation de la vie de la nation. N’étant pas impliqué dans la gestion de la chose publique et l’arrêt systématique des activités socioéducatives, la jeunesse guinéenne s’est résignée sur elle-même et au fur et à mesure elle est rentrée dans la l’oisiveté et l’attentisme.
Cette époque a marqué aussi, la libéralisation des ondes et a annoncé l’avement de l’internet à libre accès. Les événements de janvier et février 2007, n’étaient que l’expression d’une crise profonde qui sévissait cette jeunesse devenue sans repère.
Depuis 2010 :
Après la brève transition politique et militaire de 2009 à 2010 et l’élection du professeur Alpha CONDE en fin 2010, la 3ème république a tout de même réussi à renouer avec les partenaires techniques et financiers. Nous enregistrons l’avènement de nombreux investisseurs et ce, dans tous les secteurs d’activités.
Force est de reconnaître, jamais dans l’histoire de la Guinée, la jeunesse n’a eu autant de responsabilité au niveau des instances de prise de décision. De nombreux jeunes bénéficient de promotion à des postes de haute responsabilité au niveau de l’Etat. Cependant, l’espoir suscité peut vite s’effriter, dans la mesure où, certains comportements transmis par certains ainés sont devenus quasi culturels (égoïsme, hypocrisie et amateurisme). De l’autre côté, cette confiance accordée à la nouvelle génération par le chef de l’Etat actuel, doit être vue comme une forme de transition générationnelle qu’il entend opérer.
C’est pourquoi, les jeunes bénéficiaires de la confiance du président de la république doivent plutôt s’inscrire dans la logique de relever le défi qui nous incombe tous. Celui d’enterrer à jamais l’assertion selon laquelle « les jeunes n’ont pas d’expérience ou ne sont pas prêt ».
C’est à juste raison que, le débat autour de la nouvelle constitution doit être une opportunité unique pour notre génération. Pour une fois dans l’histoire de l’évolution de notre pays, nous auront à dire sur le mécanisme d’organisation, de fonctionnement et de gestion de notre Etat afin, de mettre fin et pour toujours l’establishment instauré depuis des décennies.
Alpha Oumar CONDE
Juriste/MP Management de projets
Président de la plateforme UNALIG
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