A l’arrivée d’Alpha Condé aux affaires, l’on a assisté à une ruée des investisseurs vers la Guinée. Cela a suscité de l’espoir quand on sait que le développement des pays dans le contexte actuel néolibéral tient fortement aux investissements directs étrangers et nationaux.
Dans le contexte guinéen sous Alpha Condé, la primauté a été consacrée aux capitaux étrangers mais la stratégie a péché dans le choix des secteurs à investir.
A l’analyse, il ressort clairement que cette ruée s’inscrivait dans le domaine minier, un secteur qui emploie peu et ce, eu égard aux taux de chômage en Guinée.
Le développement du secteur minier ne profite pas aux guinéens. Pour mieux cerner cette affirmation, il suffit de confronter l’augmentation des exportations aux recettes que cela génère dans le budget national. Encore que cette exploitation a des conséquences fâcheuses sur l’environnement (déforestation, pollution des cours d’eau), enregistre des déplacements de populations, raréfaction des terres cultivables.
Malgré toutes ces conséquences, le régime se plait à encourager l’exploitation des mines. Ce qui fait dire à certains observateurs que ce secteur est la chasse garde d’un petit cercle du Pouvoir. C’est à eux seulement que l’exploitation des mines profite. Et que les fonds alloués dans le cadre du développement local portés par l’ANAFIC sont insignifiants ou peuvent guère constituer une excuse de l’ombre qui plane sur les recettes réellement générées par les mines en Guinée.
En se fondant sur les résultats inconséquents de l’exploitation minière dans notre pays et ce, par manque de vision politique fiable, il serait judicieux que l’on réoriente le pilier du développement de la Guinée vers un autre secteur tel que l’économie agricole dont plus 70% de la population guinéenne sont concernées. Il serait également fait preuve de responsabilité intergénérationnelle en sauvant les blocs 1 et 2 de Simandou de l’appel d’offre lancé. Car, ça serait donné à la société bénéficiaire la possibilité de monter sa côte en bourse. Ce qui est évident : toute société bénéficiaire attendra le moment opportun pour les exploiter afin d’en tirer le profit maximum. Ce régime pourrait laisser aux générations futures de notre pays de disposer de ce patrimoine national renfermant des ressources rares pour en faire usage au moment opportun à l’effet de soutenir l’économie agricole.
En somme, les générations futures tiendront les dirigeants actuels responsables de tout ce dont ils pourraient en être victimes de par le fait que la Guinée soit passée : d’un pays fortement riche à un pays à l’image de Nauru. Et si l’on apprenait des erreurs des autres !
Fodé BALDE, Homme Politique Guinéen, LA GUINEE D’ABORD