Les autorités en charge de l’Enseignement Pré-universitaire justifient la qualité de l’enseignement par le taux d’échec aux différents examens. Cependant, ces statistiques lamentables pourraient refléter d’autres réalités qui jusque-là pouvaient être considérées comme des rumeurs et pour cause, faisons un détour sur le taux d’admission au baccalauréat pour les 5 (cinq) dernières années :
34, 18 % en 2014 :
39,85 % en 2015 :
42,27 % en 2016 :
Limitons nous un instant sur ces chiffres, on constate clairement une évolution en terme de résultats ou de performances pour les uns et pour les autres. Les autorités se réjouissaient d’ailleurs de cette progression. On continue :
27, 15 % en 2017 :
26, 04 % en 2018 :
24, 38 % en 2019
L’institution qui saluait l’augmentation du pourcentage en 2016, se félicite du faible taux de réussite depuis 2017 pour quel motif ?
Comment pouvons-nous justifier que notre système éducatif soit devenu si médiocre en une seule année ? Autrement dit comment comprendre que nous soyons passés de 42,27% en 2016 à 27,15% en 2017 soit une baisse de 15% en plus des fuites sans précédent ces dernières années ?
A la recherche de réponse une décision attire notre attention et elle date comme par hasard de 2017 année du début de notre nouveau niveau d’études. « Ne plus orienter les étudiants dans les universités privées ». La question reste toute entière, pourquoi depuis l’annonce de cette décision nous ne pouvons même plus atteindre 30% de réussite ? Coïncidences ou non ? L’avenir des enfants est-il sacrifié pour des conflits d’intérêts ?
A chacun son approche mais les faits sont là.
Certains diront qu’il s’agit du mérite, c’est possible et c’est d’ailleurs l’occasion de féliciter ceux qui ont été admis et encourager les non-admis. Toutefois cette « excellence » qui serait prôner par les autorités n’est pas forcement celle que nous rencontrons, tous ces admis ne sont pas excellents, la preuve réside même dans la démarche de l’Etat, en orientant plusieurs « excellents » dans les Ecoles Nationales d’Instituteurs (ENI) alors qu’il y a quelques années c’était pour les repêchés. La suite on la connait plusieurs refusent cette orientation et ceux qui ont les moyens partent s’inscrire dans le privé.
Lorsque nous nous retrouvons avec un taux d’échec avoisinant 75% comment la société absorbe-t-elle cette masse ? Sans doute, certains choisiront d’autres métiers où ils pouvaient directement être orientés (Centre de Formation Professionnelle, santé, Esthétique, etc…) d’autres, l’immigration clandestine, l’exode rural (d’ailleurs lorsque nous regardons les résultats de certaines localités, ce phénomène est amplement compréhensible de surcroît lorsqu’une localité n’est même pas en mesure de présenter des candidats au bac), la délinquance et biens d’autres maux de notre société…Ah j’oubliais, les taxis-motos passaient par là.
En occultant le fait que la formation et l’Education constituent des aspects du développement socio-économique, se féliciter de tels résultats, c’est reconnaître les insuffisances d’un Etat, loin de déresponsabiliser tous les acteurs de l’Education (Élève, Familles, Professeurs etc….)
« Tant vaut l’école, tant vaut la nation ».
M. Paul Bangoura
Juriste