Dans une déclaration faite à la télévision nationale, ce lundi, le Premier ministre guinéen, Dr Ibrahima Kassory Fofana, a tenu à rassurer ceux qui ont des vues étriquées sur le choix porté sur sa personne, pour chaperonner les consultations autour du projet de changement constitutionnel.
Le chef du gouvernement entend remplir sa mission dans les règles de l’art, sans jouer les faux nez.
Ce discours du Premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana tombe à pic. C’est le moins qu’on puisse écrire, car si une frange de l’opinion considère que le choix porté sur sa personne par le chef de l’Etat pour conduire ces consultations, est une proposition bienvenue, tel n’est pas le cas dans le camp de ses détracteurs, qui se montrent chatouilleux pour tout ce qui touche à cette question de changement constitutionnel. Ceux-ci ne ratent occasion pour clouer le PM au pilori. Une caricature qui consiste à lui faire porter la casquette de chantre du troisième mandat.
Il faut rappeler qu’avant de prendre les grandes décisions, l’avis du peuple doit être pris en compte par les gouvernants. C’est ça l’essence même de la démocratie participative. Et c’est ce principe que le président de la République a fait prévaloir dans le choix du Premier ministre Dr Kassory Fofana pour chaperonner les consultations autour du projet de changement constitutionnel. Qui en plus d’être une personnalité politique de haute volée, est ‘’responsable de la promotion du dialogue social et veille à l’application des accords avec les partenaires sociaux et les partis politiques, en tant que Premier ministre.’’
Dr Kassory Fofana qui veut jouer serrer, dans cette tâche, a tenu à lever l’équivoque en précisant : « le rôle qui me revient dans cette démarche est ainsi d’écouter chacun et tous et d’en rendre compte fidèlement, afin de permettre à M. le Président de la République dans sa sagesse habituelle et sa clairvoyance politique d’en tirer les conséquences requises. Je tiens à préciser, que ma mission n’est pas d’engager des négociations ou de conduire un dialogue à proprement parler, mais d’être une interface entre les acteurs de la vie nationale et le Chef de l’Etat pour appréhender les grandes tendances de l’opinion publique et avoir ainsi une bonne lecture des différentes attentes. »
Sachant que sa personnalité cristallise les critiques les plus virulentes autour de cette affaire de changement constitutionnel, le Premier ministre qui a décidé de se tenir sur la ligne de crête pour remplir cette mission délicate, a tenu ‘’à rassurer les uns et les autres sur les enjeux qui sont liés à ces consultations.’’
Rappelant que ‘’l’orientation claire qui lui a été expressément donnée par le chef de l’État est d’écouter avec patience et respect tous les acteurs’’, durant ces consultations.
Kassory conscient que le monde a changé et que la démocratie évolue reconnait ‘’qu’il n’y a pas d’alternative au dialogue pour transcender nos différends.’’
Le FNDC doit lever la tête du guidon
Le Front national pour la défense de la constitution doit lever la tête du guidon et se garder de succomber au syndrome du héros criminel. Car il est bien possible d’afficher une position tranchée et se montrer pragmatique.
Rien ne sert de faire l’olibrius. Vouloir donc ériger un cordon sanitaire autour du Premier ministre Dr Kassory Fofana, en se rebiffant, c’est se dérober à ses obligations. Il y a lieu d’interpeller ici les partis de pouvoirs comme l’Union des forces démocratiques de guinée (Ufdg) de Cellou Dalein Diallo et l’Union des forces républicaines (Ufr) de Sydia Touré qui portent à bout de bras cette plateforme de prêcher par l’exemple, sans rejeter a priori la main tendue du président. Il faut se garder de mesurer les autres à son aune.
Quand on sait que ces consultations seront une ultime occasion pour les acteurs sociopolitiques de dire ce qu’ils pensent sans faux fuyant, de ce projet de changement constitutionnel. A propos des vertus du dialogue, Platon écrit : « dialoguer c’est assumer le risque d’être réfuté ».
C’est le lieu d’ailleurs de saluer la realpolitik de Dr Dansa Kourouma, président du Cnoscg (Conseil national des organisations de la société civile de guinée) et de l’ancien vice-président de l’UFDG Bah Oury. Deux personnalités et non des moindres du landerneau qui au lieu de répandre en discours enflammé, se disent favorables aux recommandations du chef de l’Etat.
En tout état de cause, bien des gens pensent qu’après ce discours bridé du Premier ministre, et celui du président de la République, les Guinéens ne devraient pas laisser passer à la trappe cette ultime occasion de plancher sur cette épineuse question relative à notre Loi fondamentale. Car la survie de notre nation en dépend.
Ousmane Bah