Chers camarades jeunes des partis politiques
Ce serait assez ostentatoire de prétendre vous apprendre des choses ou vous inciter à prendre des décisions. En tout cas, quel que soit le fond des choses, vous êtes tous des esprits trop libres pour m’écouter. C’est donc d’un esprit libre aussi que je vous demande humblement d’accueillir le message que j’ai envie de vous livrer.
N’oubliez pas que c’est moi seul qui ai la parole ici et, que ce privilège m’impose beaucoup de réserves. De cette prise de parole, je n’en abuserai point, je veux simplement parler de l’avenir de la jeunesse en dressant un état des lieux de sa manipulation par certains leaders politiques. Comment d’ailleurs m’est-il possible de parler d’avenir de la jeunesse sans tomber dans une certaine mesure dans la subjectivité étant moi-même jeune et à la recherche de meilleur avenir ?
Chers amis Jeunes, je ne vous propose pas un songe décevant, et ne vous propose pas non plus un rêve affaiblissant. Je vous invite simplement à prendre votre destin en main. Que nul de vous n’accepte d’être utilisé comme instrument de propagande dans la diffusion des propos haineux, vexatoires et discriminatoires surtout en cette période encore difficile et incertaine. Que nul de vous n’accepte de se déguiser derrière son smartphone avec de faux comptes soutenus et entretenus nuitamment par nos soi-disant mentors politiques. Il faudrait qu’on le sache, certains politiciens en manque de repères et en quête de popularité se servent de l’atout de nous jeunes pour arriver à leur fin et, après c’est pour nous dire qu’on n’a pas d’expertises ou de compétences, quel paradoxe ! C’est vraiment triste et ambigu, au lieu d’être propagandistes derrière ces politiques, les jeunes doivent comprendre que les compétences et les expériences ne s’enseignent pas, elles s’acquièrent dans la pratique, sur le tas comme on aime le dire.
Finalement, la jeunesse guinéenne est aujourd’hui en manque de repères et d’espérances. Peu nombreux sont ceux qui ont l’espoir de voir leur avenir se dessiner avec facilité tellement que la jeunesse guinéenne est obnubilée, manipulée et instrumentalisée par la classe politique.
Chers amis Jeunes, La jeunesse guinéenne doit être surtout forte, déterminée, passionnée, engagée, consciente de ce qu’elle veut et désireuse d’être considérée à sa juste valeur. Nous jeunes, devons aujourd’hui plus que jamais être unis et engagés au lieu d’être de simples spectateurs. Le climat actuel ne permet plus de s’adonner à des querelles superflues. Nous devons chacun agir afin de redresser notre pays et le rendre encore plus fort afin de pouvoir faire face aux nouveaux enjeux qui s’annoncent et construire notre avenir.
Cette jeunesse est à même d’entreprendre, à même d’être force de proposition et d’action grâce à chacun, grâce aux talents, grâce à l’audace qui la caractérisent. La jeunesse doit prendre le devant et agir. C’est ce que fait une partie d’entre eux qui refuse la manipulation égocentrique et la politique politicienne. Ce dernier esprit devrait guider quotidiennement toute la jeunesse politique. Unissons-nous, fusionnons nos expériences et connaissances pour nous frayer notre chemin. Ensemble, nous serons toujours plus forts !
Chers Jeunes, le débat politique perd sa vocation première pour devenir un terrain de démonstration ethnique, communautaire et égoïste, chose entretenue par nos vieux politiques, faisant ainsi perdre le sens de projets de société censé être l’élément de mesure.
Chers Camarades Jeunes, l’absence de formation de qualité et le manque de moyens condamnent une majorité de jeunes à la précarité et en fait une proie facile pour des politiques qui de toute manière, n’ont pas d’intérêt à ce que cela change car ça signifierait la fin de la manipulation et donc la fin de leur règne. Ce que l’on peut reprocher à la jeunesse disait Grégoire Lacroix, c’est qu’elle se laisse facilement convaincre par ces vieux démons politiques qui les utilisent à leurs propres guises.
Le défi majeur pour nous aujourd’hui est de faire en sorte que nous acceptions de nous former, tout en participant à des programmes de formation de haut niveau, c’est un exercice long et minutieux mais c’est la seule voie vers l’émancipation. Dès lors qu’il y aura de plus en plus de jeune au fait des enjeux, c’en suivra un changement dans la gouvernance.
Pour terminer, il n’y a rien à attendre de certains politiciens profiteurs sans vision car la réussite de la jeunesse, la prise de conscience des jeunes et leur engagement signerait pour eux la fin sinon le début d’une exigence dans la gouvernance, chose pour laquelle la plupart d’entre eux ne semble pas disposé à accepter. Il faudrait donc par nous-même, nous organiser de sorte à pouvoir faire entendre notre voix, la voix de la majorité.
Conakry, le 18 Mai 2020
Adama Cherif CAMARA (Sociologue, Enseignant-chercheur)